Présidentielle 2022 : Emmanuel Macron vise le retour au plein emploi dans 5 ans

Jusqu’ici accaparé par ses fonctions de président, Emmanuel Macron accélère sa campagne avec la présentation de son programme ce jeudi avec l’objectif d’imposer ses thèmes à ses adversaires à trois semaines du premier tour de la présidentielle. Depuis qu’il s’est déclaré début mars, le président-candidat n’a fait qu’une seule rencontre publique avec des Français, le 7 mars à Poissy, alors que ses adversaires multiplient les meetings. Retrouvez tous les annonces du président-candidat, notamment celle de retrouver le plein emploi d’ici à 2027.

Emmanuel Macron, candidat à un second mandat présidentiel en avril, a dévoilé jeudi les grands axes de son programme lors d’une conférence de presse à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Un projet « d’émancipation, de progrès pour chacun » mais aussi d’adaptation face aux crises et au « retour du tragique », a déclaré le chef de l’Etat.

« Un effort budgétaire » de 50 milliards d’euros par an

Le chef de l’Etat a évalué le coût de son programme pour la présidentielle à 50 milliards d’euros par an jusqu’à 2027, avec des baisses d’impôts de 15 milliards par an bénéficiant pour moitié aux ménages et pour moitié aux entreprises. Ces dépenses, en particulier pour l’éducation, la santé et l’autonomie, seront financées notamment par des économies, via la réforme des retraites, avec le report de l’âge de départ, et sur les allocations-chômage, a-t-il estimé.

Emmanuel Macron a rappelé qu’il inscrivait son budget dans l’engagement de « rembourser la dette en 2026 (afin de) passer sous les 3% (du PIB) en 2027 ». Son programme « représente un effort budgétaire à hauteur de 50 milliards d’euros par an d’ici 2027, avec des priorités qui sont, d’une part des priorités d’investissement en matière de transition écologique, d’éducation et de jeunesse, de santé, d’autonomie, l’accompagnement de nos familles et d’investissement aussi en baisse d’impôts à hauteur de 15 milliards d’euros », a expliqué le président-candidat.

Le candidat président s’engage à ces baisses d’impôts, pour « moitié ménages, moitié entreprises »: « sept milliards de CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, ndlr) pour les entreprises, un peu plus de sept milliards et demi pour les ménages ».

Selon lui, le financement de ces mesures se fera de trois manières.

« Quinze milliards d’euros sont financés grâce au plein emploi, à la réforme des retraites et nos investissements de croissance. Quinze milliards sont financés par les réformes de fond et les simplifications », a-t-il précisé, citant la « e-prescription, la e-carte vitale, la régulation des prestations sociales » ou encore « la lutte contre la fraude et l’optimisation ».

Et 20 milliards en ayant une trajectoire de réduction des coûts de fonctionnement sur l’ensemble des collectivités (modernisation des pratiques, réduire les niches fiscales et sociales, les coûts de gestion), a-t-il détaillé.

La phrase choc : le retour au plein emploi

L’une des phrases chocs concerne l’emploi. Emmanuel Macron a annoncé jeudi qu’il viserait, s’il est réélu, le « plein emploi » dans les cinq ans, grâce à des réformes « favorisant le retour à l’emploi » des chômeurs, objectif selon lui « atteignable » au vu de la baisse du chômage depuis 2017. Autrement dit, un taux de chômage inférieur à 5 % au sens de l’OIT (organisation internationale du travail), un niveau jamais atteint depuis les « Trente Glorieuses ». Ceci, alors que le taux de chômage est tombé à 7,4% au 4e trimestre 2021, contre 9,5% au début du quinquennat. Le chef de l’Etat peut se targuer de s’approcher de son objectif d’atteindre 7% en 2022. La hausse provoquée par le Covid en 2020 – moins catastrophique que ce qui avait été un temps anticipé – a été effacée. Le taux de chômage est au plus bas depuis près de 15 ans. Mais le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en incluant l’activité réduite (catégories A, B et C), reste élevé à 5,659 millions. Et les demandeurs d’emploi de longue durée (inscrits depuis un an ou plus) représentent 49,6% du total.

Soutenus par le plan « un jeune, une solution », les 15-24 ans ont vu leur taux de chômage descendre à 15,9%, son plus bas niveau. Détaillant son programme pour l’élection présidentielle, il a proposé une nouvelle réforme de l’assurance-chômage, une transformation de Pôle Emploi rebaptisé « France Travail » ainsi qu’une réforme du RSA pour le soumettre à des contreparties, sur le modèle du « contrat d’engagement » pour les jeunes. Autrement dit, avoir un meilleur équilibre entre prestation et accompagnement (15 à 20 heures de travail demandé pour les bénéficiaires).

La retraite à 65 ans

Emmanuel Macron a annoncé jeudi qu’il prévoyait de porter progressivement à 65 ans l’âge légal de départ à la retraite s’il était réélu à la présidence de la République. Lors de la présentation de son programme, il a déclaré que cette réforme prendrait en compte les carrières longues, les questions d’invalidité et « la réalité des métiers et des tâches ».

« La réforme que je propose est différente de celle de 2017. Parce que les conditions macroéconomiques ne sont pas les mêmes parce que le pays continue de se transformer », a souligné Emmanuel Macron, dont le projet de retraite à points avait suscité une vive résistance des syndicats et dans la rue, avant d’être abandonnée en raison de la pandémie de COVID-19.

« La réforme que je souhaite mener, c’est d’augmenter l’âge légal progressivement. Comme on l’a toujours fait d’ailleurs, avec un système de trimestres progressif », a-t-il précisé, confirmant son intention de repousser à terme l’âge de départ à la retraite à 65 ans. Il a également annoncé qu’il entendait porter à 1.100 euros la retraite minimale pour une carrière complète.

La réforme du RSA

Emmanuel Macron a, par ailleurs, proposé une réforme du RSA avec « un meilleur équilibre des droits et devoirs » et « l’obligation de consacrer 15 à 20 heures par semaine » à une activité facilitant l’insertion professionnelle.

« Les bénéficiaires du RSA ont en quelque sorte été les victimes de notre mauvaise organisation collective et notre nation s’est organisée d’abord en divisant les compétences », a déploré le président sortant, en considérant que « personne ne considère que cette dignité est reconnue, respectée, avec une prestation ».

« Donc, il faut un revenu de subsistance pour toute personne, mais il faut pouvoir mieux accompagner chacune et chacun, reconnaître sa dignité, et lui demander une part de devoir pour toutes celles et ceux qui le peuvent », a-t-il poursuivi.

Le revenu de solidarité active (RSA) assure aux personnes sans ressources un niveau minimum de revenu qui varie selon la composition du foyer. Le RSA est ouvert, sous certaines conditions, aux personnes d’au moins 25 ans, ainsi qu’aux jeunes actifs de 18 à 24 ans s’ils sont parents isolés ou justifient d’une certaine durée d’activité professionnelle.

Fin septembre 2021, le nombre de bénéficiaires du RSA était estimé à 1,91 million de foyers. Le montant total engagé était de près de 2,90 milliards d’euros au troisième trimestre 2021, poursuivant la diminution amorcée à la fin de l’année 2020, selon la Caisse nationale d’allocations familiales.

Le favori des sondages a dressé un parallèle entre cette réforme souhaitée du RSA et « le contrat d’engagement jeune pour les 18 25 ans » entré en vigueur début mars, dont l’allocation d’un maximum de 500 euros est soumise à conditions, notamment « un parcours intensif avec une mise en activité systématique, soutenue et régulière » et dont le non-respect des obligations expose à des sanctions graduées.

« Je n’ai pas voulu faire le RSA pour les 18-25 ans parce que je considère que c’est en quelque sorte nous satisfaire d’une idée qu’on traiterait la pauvreté ou la précarité uniquement à travers des prestations monétaires », s’est justifié le chef de l’Etat, en défendant l’idée de « demander une part d’efforts pour toutes celles et ceux qui le peuvent ».

« Quatre grands pactes »

Emmanuel Macron a par ailleurs expliqué vouloir proposer « quatre grands pactes » aux Français: un « pacte européen » pour défendre l’Europe et sa sécurité, un « pacte entre les générations », couvrant les sujets d’éducation, de santé et de l’autonomie, un « pacte productif pour l’emploi et « réindustrialiser le pays » et un « pacte républicain » sur les sujets de « l’immigration, la laïcité, la sécurité et l’intégration ».

Pour les réaliser, il a dit vouloir « changer de méthode et associer les Françaises et les Français y compris tout le long du quinquennat », citant en exemple la Convention citoyenne sur le climat. « Pendant des mois, nous allons mener un nouveau grand débat permanent pour agir », a-t-il lancé dans une vidéo de campagne samedi. Il a aussi évoqué « la prise en charge de la dépendance et donc un vrai projet d’autonomie pour le grand âge« , « des mesures fortes pour l’écologie, l’égalité entre les femmes et les hommes, pour l’inclusion » ainsi que des réformes institutionnelles.

Les temps forts

 Propos liminaires d’Emmanuel Macron

« Le projet que je souhaite vous présenter aujourd’hui, c’est à la fois le fruit d’une cohérence, d’émancipation, de progrès pour chacun, qui se nourrit des crises que nous avons traversées. C’est un projet avec ce qu’on veut faire et il faut ensuite affronter le monde tel qu’il vient », déclare le candidat.

« Je tâche de faire ce que j’ai dit et j’essaye de dire à chaque fois ce que je fais. J’avais promis de baisser le taux de chômage et malgré les crises, nous l’avons fait », réaffirme Emmanuel Macron.

« J’avais pris l’engagement de baisser les impôts et malgré les crises, nous l’avons fait. Nous avons réduit nos émissions de gaz à effet de serre deux fois plus vite qu’auparavant dans ce quinquennat. »

Le chef de l’Etat annonce également poursuivre la généralisation du service civique qui « permet l’acquisition de compétences qui viennent renforcer la résilience de la nation ».

« La France s’est engagée sur une stratégie de neutralité carbone en 2050. Nous pouvons être la première grande nation à sortir de la dépendance au gaz, au pétrole, et au charbon », réaffirme le président.

Il propose de déployer massivement les énergies renouvelables avec « 50 parcs éoliens en mer d’ici 2050 ». Le chef de l’Etat souhaite également construire de nouveaux réacteurs nucléaires comme il l’avait annoncé lors de son déplacement à Belfort en février dernier.

« Les Français doivent travailler plus ».

Pour cela, Emmanuel Macron souhaite « transformer Pôle emploi en France travail » en expliquant que « l’idée est de réussir à l’échelle d’un territoire à mettre en commun tous les savoir-faire : de Pôle emploi, de nos régions, des communes, des missions locales. Il y a une trop grande segmentation de ceux qui accompagnent le retour à l’emploi. » Il annonce l’obligation d’effectuer « 15 à 20 heures par semaine de formation en insertion ou d’emploi pour bénéficier du RSA ».

L’âge légal de départ à la retraite à 65 ans permettra également au « travailler plus ». Pour l’âge de départ en retraite, il souhaite la prise en compte des spécificités des carrières longues qui se fera « dans le dialogue social ».

Sur la question de l’école, réélu, le chef de l’Etat veut d’avantager lutter « contre le harcèlement à l’école et le harcèlement cyber« . « La souffrance de nos enfants est un phénomène qui a complètement explosé ces dernières années et nous devons complètement nous mobiliser. »

Les autres mesures

Voici les principales mesures présentées par le président de la République, s’articulant autour de trois grands axes : renforcer l’indépendance de la France au sein d’une Europe plus forte, « continuer d’avoir des progrès pour chacun », et enfin consolider le « pacte républicain » :

Souveraineté

Emmanuel Macron a promis de donner à la France les armes pour affronter les grandes transformations en cours dans le monde en la rendant plus indépendante et plus souveraine face aux crises.

« C’est un projet qui se nourrit des crises que nous avons traversées tous ensemble », a-t-il déclaré en évoquant les mouvement sociaux, comme celui des « gilets jaunes », la pandémie de COVID-19, le terrorisme et le retour de la guerre en Europe qui ont marqué son quinquennat.

« Il y a des projets qui proposent le repli, (…) parfois la nostalgie de ce qui n’a jamais été », a-t-il dit en allusion aux programmes portés par ses rivaux d’extrême droite Eric Zemmour et Marine Le Pen.

« Je crois a l’inverse qu’il nous faut répondre par une ambition lucide, une volonté d’engagement, une capacité à savoir mieux nous protéger et nous projeter », a souligné Emmanuel Macron, disant vouloir s’appuyer sur la « souveraineté populaire », le « progrès » et l' »humanisme ».

Défense

– Porter le budget de la Défense à 50 milliards d’euros en 2025 conformément à la loi de programmation militaire, généraliser le service national universel, augmenter du nombre de réservistes, qui seront doublés.

– Mettre en place un plan de mobilisation civile « pour renforcer notre résilience », renforcement des stocks stratégiques de la nation.

Agriculture, industrie

– Investir massivement pour l’indépendance agricole, industrielle et créative, avec une loi d’orientation sur l’agriculture sur cinq à dix ans, 30 milliards d’euros investis dans les secteurs industriels d’avenir. Evoquant, la guerre en Ukraine va se traduire par des crises alimentaires dans le monde au cours des 18 prochains mois, a déclaré jeudi Emmanuel Macron lors de la présentation de son programme pour l’élection présidentielle.

Energie

Il s’est aussi engagé à donner à la France les moyens de son indépendance énergétique, à la fois en augmentant la production grâce au nucléaire et aux énergies renouvelables, mais aussi en réduisant la consommation en rénovant les logements ou en facilitant l’acquisition de véhicules électriques.

« C’est le seul mix qui permet de réduire de manière efficace, rapide et souveraine nos émissions de carbone », a-t-il dit à propos de l’attelage nucléaire/renouvelables, renvoyant dos-à-dos les candidats qui ne proposent que l’un ou l’autre.

Pour tenir ses objectifs, « l’Etat aura à reprendre le contrôle capitalistique de plusieurs acteurs industriels », a-t-il ajouté sans plus de précisions. Le chef de l’Etat veut changer la formation des prix de l’énergie au niveau européen, réformer le système de fixation des prix européens de l’électricité, trop dépendants du gaz. Mais aussi rénover 700.000 logements par an.

-Côté énergétique, Emmanuel Macron a  confirmé la construction de six réacteurs nucléaires et mise à l’étude de huit nouveaux réacteurs nucléaires; puissance solaire multipliée par 10; 50 parcs éoliens en mer d’ici 2050.

-Enfin, il entend développer des mécanismes de « leasing » pour favoriser l’achat de véhicules électriques et développer des filières 100% françaises sur l’éolien, le solaire, les batteries électriques.

Recherche, enseignement

– Renforcer l’indépendance de l’information et de la culture.

– Bâtir un « metavers » européen.

– Renforcer l’autonomie des universités et positionner les organismes de recherche sur les secteurs stratégiques.

– Réformer le lycée professionnel, « dont beaucoup trop de filières forment des gens qui ne correspondent pas aux besoins des entreprises ».

« Mieux vivre »

Ecole

– Poursuivre « de manière significative » l’augmentation des rémunérations, en définissant de nouvelles missions, sur les remplacements notamment.

– Donner plus de liberté aux établissements scolaires, renforcer le suivi individualisé des élèves.

– Améliorer la transparence des résultats.

Santé

– Lutter contre les déserts médicaux par l’accompagnement des jeunes médecins, la mise en place d’un système de référents pour les actes simples (pharmaciens, infirmiers).

« PACTE RÉPUBLICAIN »

Police, justice

-La loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur permettra de créer 200 brigades de gendarmerie sur le quinquennat, de doubler la présence des forces de sécurité intérieure.

-Triplement de l’amende anti-harcèlement, extension des amendes forfaitaires, possibilité de porter plainte en ligne, recrutement de 1.500 « cyberpatrouilleurs ».

-Nouveaux recrutements, dont 8.500 magistrats et auxiliaires de justice.

 Immigration

-Procédures d’éloignement plus rapides : « le refus d’asile vaudra obligation de quitter le territoire français ».

-Réduire les délivrances des visas pour les Etats qui ne coopèrent pas avec une politique de retour.

-Transformer les modes d’accès aux titres de séjour : Pas de renouvellement des titres et expulsion des étrangers qui troublent l’ordre public. Titres de séjour de quatre ans et plus conditionnés à un examen de français et une démarche d’insertion professionnelle.

-Renforcer la lutte contre les discriminations sous toutes formes par une politique de testing systématique pour chaque entreprise de plus de 5.000 salariés sur cinq ans.

Administration

-Simplifier et territorialiser davantage l’action publique, rouvrir des sous-préfectures.

-Création d’une commission Trans partisane pour rénover les institutions, renforcer notamment les missions de contrôle du Parlement.

Source Elysée

Challenges Radio

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