Riposte aux subventions américaines : Macron appelle l’UE à aller « plus vite »

A l’occasion d’un sommet des 27 ce jeudi à Bruxelles, le président français appelle les Européens à acter un plan de réindustrialisation « équivalent de ce qu’ont fait les Américains » et leurs 400 milliards de subventions au « made in USA ». Mais sur ce dossier, Paris est isolé alors que Berlin veut à tout prix empêcher des tensions commerciales.

La France continue de militer pour que les Européens répondent rapidement à l’IRA (pour Inflation Reduction Act) de l’administration Biden et ses 400 milliards d’euros de subventions pour relocaliser massivement les industries de demain, dans la mobilité électrique et des renouvelables, sur le territoire américain.

« Nous devons avoir » une réponse « pour maintenir si je puis dire une concurrence équitable » et « défendre des grands projets, en particulier sur les technologies vertes et les technologies d’avenir en Europe. Ce qui suppose d’aller plus vite, de simplifier nos règles et d’avoir une réponse macroéconomique et un niveau d’aide qui (…) permette de répondre, d’être l’équivalent de ce qu’ont fait les Américains », a déclaré le président français à son arrivée à Bruxelles à l’occasion d’un sommet européen.

En France, 10 milliards d’euros d’investissements et des milliers d’emplois en jeu

Depuis près de deux mois, les dirigeants français, de Matignon à Bercy en passant par l’Elysée, tirent la sonnette d’alarme aux côtés du patronat sur les répercussions néfastes que l’IRA aura sur l’industrie européenne et française, avec 10 milliards d’investissements et des milliers d’emplois en jeu selon Bruno Le Maire.

Le montant colossal des subventions accordées par l’Etat américain à la production et à l’achat de produits made in USA, notamment dans l’automobile et les batteries électriques, fait craindre aux Européens « une concurrence déloyale » contraire aux règles de l’OMC en matière d’aides publiques. Et particulièrement les Français qui s’inquiètent d’une hémorragie de capitaux industriels du Vieux continent vers l’autre rive de l’Atlantique, alors que les industriels européens sont déjà pénalisés par l’explosion de leurs factures d’électricité, de gaz et de pétrole qui restent dans le même temps très abordables sur le sol américain.

La France isolée dans sa volonté de répliquer à Washington

Reste à savoir si les Américains sont susceptibles d’amender leur plan « vert » de réindustrialisation. Emmanuel Macron a abordé le sujet de front avec Joe Biden lors de sa visite aux Etats-Unis au début du mois de décembre, dénonçant des mesures « super agressives » pour l’économie européenne venant d’un pays allié. Le locataire de l’Elysée espère obtenir des exemptions de subventions pour les industriels américains dans certains secteurs industriels où les entreprises européennes seraient trop lésées. Le président américain a en réponse admis des « défauts » dans le texte législatif de son méga-plan. Mais rien ne dit que l’IRA sera modifié alors que le texte a été voté par le Congrès américain cet été.

Surtout, la France reçoit un soutien très tiède de la part de ses partenaires européens. L’Allemagne s’oppose par principe à l’idée de mesures de rétorsion de la part de l’UE vis-à-vis de Washington, de peur que le marché américain se ferme à ses exportations. « Au lieu de nous disputer, nous devrions travailler encore plus étroitement et renforcer le commerce équitable avec les Etats-Unis », préconise ainsi le chancelier allemand Olaf Scholz qui dit vouloir laisser la Commission européenne œuvrer sur ce dossier. La riposte européenne sur ce dossier sera au cœur des discussions du sommet européen de ce jeudi à Bruxelles.

(Avec AFP)

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