Russie : face à la pénurie de hautes technologies, Vladimir Poutine cherche « de nouvelles solutions

Cinq mois après le déclenchement du conflit, le Kremlin est confronté à un double problème. D’abord, plusieurs dizaines de milliers de Russes travaillant dans le secteur des nouvelles technologies ont quitté le pays depuis février. Ensuite, à cause des sanctions occidentales, les entreprises nationales peinent à trouver les composants pour leur permettre d’accélérer la recherche et développement nécessaire à l’innovation. Parallèlement, ces derniers jours, le pouvoir en place a intensifié la répression contre les opposants au leader russe, réduisant au silence de nombreux dissidents.

Est-ce un premier aveu de faiblesse, dans une Russie gavée de fierté patriotique et en plein conflit en Ukraine, ou bien un appel du pied à de futurs nouveaux partenaires ? Contrairement à ses habitudes, Vladimir Poutine a concédé ce lundi à la télévision russe que les sanctions imposées par les Occidentaux commençaient à poser problème. Et sur un secteur en particulier, celui des technologies de pointe.

Le chef du Kremlin a ainsi appelé les acteurs économiques russes – dépendants jusqu’ici des importations – à surmonter les graves difficultés. Depuis l’offensive en Ukraine, les géants de la tech (Microsoft, Apple, Google, Adobe, Cisco) ont en effet quitté le pays devenu paria, ou suspendu au minimum une partie de leurs opérations dans le pays, laissant les consommateurs, entreprises, administrations et utilisateurs russes sans alternative.

Parallèlement, la répression qui vise les détracteurs de l’offensive russe et la rupture des liens aériens et financiers avec l’Occident a entraîné un exode estimé à au moins plusieurs dizaines de milliers de Russes travaillant dans le secteur des nouvelles technologies, accroissant un déficit déjà existant.

Développer des technologies « nationales innovantes »

« Ayant conscience des difficultés colossales qui se trouvent face à nous, nous allons chercher intensivement et intelligemment de nouvelles solutions », a-t-il déclaré lors d’une réunion retransmise à la télévision publique, relevant que son pays était face à un blocage « presque total » de l’accès aux technologies occidentales.

Il a aussi appelé à développer de « nouvelles entreprises nationales innovantes ».

« Nous n’allons pas baisser les bras », a-t-il martelé.

« Aujourd’hui, ce ne sont pas seulement des limitations, mais un blocage presque total qui est mis en oeuvre contre notre pays concernant l’accès aux produits étrangers de haute technologie », a affirmé Vladimir Poutine, engagé dans une guerre en Ukraine depuis le 24 février.

Or, le Kremlin a d’ores et déjà placé la Chine au coeur de son nouveau système d’alliances. Mais d’autres partenariats pourrait voir le jour, à l’image de Brésil qui s’est engagé il y a cinq jours à acheter du diesel russe, ou encore de l’Inde.

Le capital-risque russe fait défaut

Vladimir Poutine a indiqué aussi que les géants de la tech russe, comme Yandex ou Ozon, faisaient également face à des défis importants, car ils se finançaient sur les marchés occidentaux ou grâce à des institutions financières étrangères.

« Il est indispensable de développer rapidement de tels mécanismes dans le système financier russe, pour que les entreprises russes à croissance rapide puissent attirer des capitaux privés nationaux pour leur développement », a affirmé M. Poutine.

Les arrestations d’opposants se poursuivent en Russie

Dans le même temps, le contexte, déjà difficile pour les opposants au régime de Vladimir Poutine, semble se durcir encore plus en Russie. Ces trois derniers jours, plusieurs opposants très présents sur les réseaux sociaux (dont certains sites ne sont plus accessibles sans VPN) en Russie ont été interpellé par la police.

L’opposant russe et ancien conseiller politique Leonid Gozman, qui dispose également d’un passeport israélien, et avec lequel La Tribune s’était entretenu, a été interpellé vendredi 15 juillet par le « comité d’enquête », a-t-il indiqué sur son compte Facebook. Relâché, il craint toutefois des accusations plus graves.

Aussi, la journaliste Marina Ovsyannikova qui officiait sur la chaîne d’Etat Rossiya 1 et qui a interrompu un JT en plein direct avec une pancarte hostile à la guerre, a été interpellée dimanche 17 juillet à Moscou, selon une vidéo postée sur sa chaîne Telegram. Deux jours plus tôt, elle condamnait l’invasion décidée par Vladimir Poutine brandissant une pancarte devant le Kremlin. Sa localisation reste inconnue à date.

Ensuite, l’opposant Andreï Pivovarov, ancien directeur de l’ONG Open Russia, a été condamné vendredi à quatre ans de prison pour avoir dirigé un mouvement politique illégal, a indiqué le service de presse du tribunal de Krasnodar dans un communiqué.

Open Russia était lié à l’homme d’affaires russe et opposant en exil Mikhaïl Khodorkovsky. La Russie avait précédemment désigné l’organisation Open Russia comme « indésirable », et le mouvement a cessé ses activités en Russie l’année dernière afin de protéger ses associés. Plusieurs dirigeants régionaux d’Open Russia ont été emprisonnés dans des affaires que leurs partisans qualifient de politiquement motivées.

Sur le plan militaire, selon des responsables locaux, six personnes ont été tuées lors d’un bombardement lundi sur Toretsk, dans l’est de l’Ukraine, où Moscou semble intensifier ses opérations alors que l’Union européenne veut accroître la pression sur la Russie avec de nouvelles sanctions.

Avec AFP

Challenges Radio

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