Trois questions à Benoît VERDEAUX, secrétaire général du nouveau sommet Afrique-France

De notre envoyé spécial à Montpellier, Dia El Hadj Ibrahima.


En partance de Paris à Montpellier sur le TGV qui transporte les délégations africaines venues de plus de trente pays, nous avons rencontré Benoît VERDEAUX, secrétaire général du nouveau sommet  Afrique-France.


«Réinventer une relation historique»


Quels sont les  enjeux du nouveau sommet Afrique-France ?

En fait, le président  Emmanuel Macron avait jeté les bases de ce que pouvait être sa vision et son souhait du renouveau des relations entre la France et le continent Africain et entre l’Afrique et la France. Le chef de l’Etat a tracé les grandes lignes de sa politique africaine  en novembre 2017, lors du discours prononcé devant les étudiants de l’université de Ouagadougou, au Burkina Faso.
Dans ce discours, le président français avait posé les jalons de  ce que lui pouvait porter comme volonté pour regarder cette relation à long terme.  À Ouagadougou, Emmanuel Macron avait axé son intervention sur l’entrepreneuriat et l’éducation, notamment l’enseignement supérieur. Mais aussi sur les questions de mobilité entre le continent, la France et l’Europe, la culture autour de la mémoire et du patrimoine et le sport comme vecteur de cohésion et de liens.

Et depuis Ouagadougou, le président Macron a lancé un certain nombre de chantiers et là, l’objet de ce sommet justement c’est, sur la base de ce qui été annoncé et lancé depuis quatre ans, de se mettre dans une posture un peu à l’inverse. Il s’agit d’écouter et de voir si la trajectoire est la bonne, si l’effort est suffisant et si les attentes sont celles là ou pas et entendre particulièrement ce que la jeunesse ou une partie de cette jeunesse africaine, celle qui a souhaité s’exprimer à travers le processus de préparation de ce sommet, a à dire, elle, de sa perception de cette relation dans les années qui viennent car ce sont ces années qui vont la concerner directement. Les enjeux sont énormes et permettront  aujourd’hui de réinventer cette relation historique.

Alors que le sentiment anti-français monte sur le continent, l’on voit d’un autre côté que  l’aide publique française au développement octroyée à l’Afrique augmente et avoisine les 6 milliards d’euros. Quelles explications faites vous de ces deux paramètres?

D’abord, moi je ne peux pas dire que le sentiment anti français a augmenté en Afrique. Ce n’est pas parce qu’on crie fort qu’on est forcément porteur d’une voix  partagée. Au fond de moi, je pense plutôt à l’inverse. Il y a des gens en revanche  qui expriment leur mécontentement et leur incompréhension parfois de façon assez directe et violente à l’égard de la France. C’est effectivement l’expression d’incompréhensions ou de questionnement du positionnement  et de la présence de la France sur le continent. Vous savez, j’ai travaillé pendant 15 ans au sein de l’Agence française de développement (AFD), donc, je connais l’exigence de la construction des financements sur les projets portés par les contreparties africaines ou autres d’ailleurs. Moi, je vois plutôt de l’exigence partagée dans la capacité de ces projets à être porteurs concrètement d’apport de changement et d’efficacité pour les gens censés en bénéficier. Cela dit, ce n’est pas toujours le cas et pas suffisamment. Je prends un exemple sur lequel je reviens très souvent: l’ on ne peut pas dire à la fois que l’essentiel du secteur qui sera créateur d’emplois c’est le secteur privé,  qu’il soit urbain ou rural, et avoir des difficultés effectivement à apporter des solutions à une éventuelle demande pour ces entrepreneurs. Cette demande porte sur la ressource longue pour investir mais aussi sur des tickets unitaires correspondants à des  entreprises souvent de taille très petite. Et nous évoluons, nous, avec des financements plutôt construits pour répondre à des besoins plus importants. Le challenge, là par exemple, c’est de savoir comment faire évoluer ces outils pour qu’ils répondent plus aux éventuelles demandes de ceux qui sont porteurs de la croissance économique.

Quelles sont les perspectives d’investissement de la France en Afrique ?

Elle sont nombreuses et je pense qu’il faut  commencer à réfléchir dans les deux sens. C’est le cas de ce sommet Afrique -France qui propose de réunir des entrepreneurs autour des sujets portant sur les nouvelles technologies, le numérique, l’agro-industrie, l’agro-écologie et les industries culturelles et créatives. Ce sont là typiquement des sujets qui sont porteurs de relations économiques et d’opportunités dans les deux sens. Vous l’avez vu, les entrepreneurs africains présents à Paris depuis maintenant 3 jours ont participé à différentes séquences en amont de la journée du sommet proprement dit. Et donc, ils ont échangé avec leurs homologues français à travers des exercices B to B dans une session de réflexion assez thématique pour trouver  des axes de collaboration entre entreprises qui sont peut être jeunes mais  en plein  développement.

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