Uberisation : l’Afrique du « Take it smart and make it smarter »

A l’ère du numérique, l’Afrique est loin d’être à la traîne devant les inéluctables évolutions qui l’accompagnent. Entre moults changements, les pratiques de mobilité requièrent une attention particulière. Qu’en est-il véritablement, du VTC ivoirien aux Good’Trip togolais ?

Pour la majorité d’entre ceux qui ont connu le monde d’avant internet, le XXIe siècle, tel que nous le connaissons et le vivons aujourd’hui est d’un exotisme sans pareil. Et pour cause ! Les avancées technologiques multiples ont révolutionné le quotidien de milliards de personnes et induit des outils, pratiques et habitudes quasi-inimaginables il y’a quelques années. L’innovation est devenue aussi surprenante qu’elle est excitante. Par surcroît, on ne s’étonne plus de rien. Et pour beaucoup, la vie est rythmée par la parution de la nouvelle technologie, celle qui porte les précédentes au rang de caduques du jour au lendemain. Il en va ainsi des smartphones et autres objets intelligents qui semblent apporter le sel manquant à nos vies. Les programmes informatiques ont ainsi droit de cité dans nos existences et y occupent une place de choix.

De fait, il est désormais banal de commander un taxi, un repas ou d’acheter dans une boutique située à l’autre bout du monde. Il suffit de quelques clics pour abolir les distances. L’espace-temps se revêt ainsi une dimension plus subtile que jamais on n’aurait pu le concevoir. L’inflation de clics détermine la marche du monde et renforce le sentiment d’exister. C’est ainsi que les États-Unis étaient quasiment gouvernés sur Twitter et que nombres de célébrités se construisent, d’un rien, grâce au téléphone et, parfois, sans mot dire. Quel monde que celui-là ! Une fascination sans doute. Un foisonnement de possibilités, certainement. Qu’en est-il de l’Afrique dans ce schéma ?

Le continent du  »tout-techno »

On pourrait croire, avec empressement, que l’Afrique soit en retard sur le monde en matière technologique. Loin de là. Elle est peut-être en retard sur la création mais pas du tout sur l’usage et la pénétration. Car on observe souvent, que les peuples, sur ce continent, dans leurs évolutions quotidiennes adaptent facilement les technologies régnantes à des usages insoupçonnés. Le cas symptomatique du M-PESA Kenyan n’est plus à démontrer autant que les drones médicaux rwandais ont fait montre de leur efficacité. Ces outils et les pratiques qui les accompagnent, tels qu’adaptés aux réalités locales africaines, interrogent le côté smart des Africains qui absorbent, transforment et réinventent toutes sortes de technologies en vue d’améliorer leur quotidien.

Chose incroyable, le taux de pénétration du téléphone, jusque dans les milieux les plus reculés, et les avancées d’internet sur le chemin du désenclavement, permettent, sans peine de régler l’horloge de l’innovation made in Africa. Une prouesse due au téléphone qui précède les routes sur le terrain des liaisons. On peut alors dire, sans risque de se tromper, que toutes choses étant égales par ailleurs, l’Afrique est le continent du « Take it smart and make it smarter ». Cette logique est à la fois un tremplin pour le continent et un facteur de développement non négligeable. Pour le comprendre, il faut plonger au cœur des nouvelles habitudes. Au titre de cet impératif, attachons-nous à observer l’évolution de la mobilité.

Les nouvelles pratiques de mobilité

Le déplacement est une activité humaine foncièrement adaptée aux évolutions du temps. Cela se note très distinctement sur un continent en proie à la massification des nouvelles pratiques de mobilité, rendues possibles par les usages du numérique. On assiste, de fait, à une uberisation exacerbée de l’offre de transport, là encore en lien avec les réalités locales. S’il est vrai que l’innovation, la vraie, pour rester féconde dans les habitudes, doive être abordée par fonctionnalités attendues, alors un tour en Côte d’Ivoire nous permet d’apprécier la déferlante des VTC et au Togo, de nous étonner la capacité des solutions à s’approprier les situations locales, répondant parfaitement à la demande des populations en grand nombre. On pourrait citer l’exemple de Olé et Gozem, services digitaux de taxi-moto qui proposent la collecte, le transport et la livraison de toutes sortes de marchandises dans la sous-région ouest-africaine, grâce à une large flotte de camions et des lignes de codes qui permettent entre autres le tracking des véhicules et l’entretien d’une base de données de conducteurs sélectionnés et formés.

D’autres innovations à la BlablaCar -dont le Good’Trip togolais- conquièrent déjà des cœurs et s’insinuent aisément dans les habitudes tout en positionnant dans le paysage l’ambition des structures de transport de contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à l’amélioration de l’empreinte carbone des individus, en lien avec leurs déplacements. Dès lors, le numérique ne se contente plus simplement d’induire des mutations. Il réussit également le challenge de se muer en instrument de lutte contre les changements climatiques, sur ce continent de 30,46 millions de km2, qui abrite 1.3 milliards d’habitants, lesquels pratiquent majoritairement un réseau routier en perpétuel construction. Plus que jamais le Take it smart and make it smarter donne des ailes à une Afrique épatante.

 

(*) Ingénieur en informatique spécialisé dans la cybersécurité. Ancien de chez AXIONE, il est également Co-fondateur d’ANAXAR, entreprise togolaise qui révolutionne les services de transport grâce au digital.

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