Si plus de 500 entreprises françaises commercent et/ou sont présentes en Russie, la crise actuelle avec l’Ukraine ne devrait pas les impacter. Nombre d’entre elles se veulent confiantes, tout comme le gouvernement qui, par la voie de son ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, considère que les conséquences seront « contenues ». Il a par ailleurs assuré à toutes celles qui « pourraient être indirectement touchées » du soutien de l’exécutif.
Alors que les sanctions pleuvent contre Moscou, depuis la reconnaissance par Vladimir Poutine de provinces ukrainiennes pro-russes, le gouvernement français veut rassurer sur l’économie du pays. Et notamment les plus de 500 entreprises – dont 35 groupes du CAC 40 – qui opèrent en Russie. « Notre évaluation est que les conséquences de cette crise en Ukraine seront contenues » car « l’économie française est peu exposée », a affirmé le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, lors d’une audition devant la commission des Finances du Sénat mardi 22 février.
« La France exporte moins de 7 milliards d’euros par an vers la Russie », soit « à peine plus de 1% des exportations françaises », a minimisé Bruno Le Maire. Et d’ajouter : « Nous importons moins de 10 milliards d’euros par an de Russie, c’est moins de 2% des importations françaises ».
En 2020, dans le contexte du Covid-19, les exportations vers la Russie ont atteint 5,2 milliards d’euros, faisant de la Russie le 7e marché de la France hors Union européenne, d’après Bercy.
Au sein de ces exportations, les matériels de transport d’un côté et les produits chimiques, parfums et cosmétiques de l’autre, occupaient une place prépondérante, avec respectivement 24,3% et 21,4% du total.
En termes de balance commerciale, Paris présente un déficit commercial qualifié de « structurel » avec Moscou (566 millions d’euros en 2020), du fait du poids des importations énergétiques.
Le ministre a également tenu à « assurer toutes les entreprises françaises qui sont installées en Russie » du « soutien » du gouvernement, ajoutant que Bercy allait faire la liste des petites et moyennes entreprises qui « pourraient être indirectement touchées » afin de « leur apporter le soutien dont elles ont besoin ».
Confiance maintenue pour certains
Sur son site internet, Bercy relève que « la part de marché » de la France est restée stable ces dernières années malgré « différents trains de sanctions américaines et européennes » déjà liés au dossier ukrainien.
Tout comme le ministre de l’Économie, les entreprises françaises se veulent souvent rassurantes, arguant d’un faible niveau d’exposition. EDF « va, normalement, continuer à commercer avec la Russie, mais au faible niveau qui est le sien », a dit sur France Info son PDG Jean-Bernard Lévy. Danone – pour qui « la Russie représente environ 5% de nos revenus » – et Pernod Ricard sont sur la même ligne.
Auchan est également « extrêmement attentif » et « mobilisé » pour ses quelque 40.000 salariés, en Russie mais aussi en Ukraine. La société affirme toutefois ne pas croire à des conséquences économiques.
closevolume_offLactalis, présente dans les deux pays avec quatre sites de production en Russie et trois en Ukraine, affiche les mêmes précautions à l’égard de ses près de 3.000 collaborateurs. « À date, 100% de nos sites sont opérationnels et il n’y a pas de perturbation d’approvisionnement », ajoute l’entreprise laitière.
Société Générale, fortement présente en Russie via sa filiale Rosbank (12.000 salariés) paraît plutôt exposée. C’est en effet un poids lourd du secteur bancaire russe avec plus de 600 millions de chiffre d’affaires. Mais son activité « est principalement locale et nous sommes confiants », a rétorqué un responsable de la banque française.
La Russie est un marché important également pour Renault. Pour le constructeur automobile, elle constitue le deuxième marché étranger avec près de 500.000 véhicules vendus en 2021 via sa filiale Avtovaz (2,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2021). « On suit cela de très très près », a reconnu Luca de Meo, directeur général de Renault. « Notre activité Avtovaz vend à 90% sur le marché russe. (…) Et ce sont des produits très localisés ».
Mauvaise nouvelle et inquiétude pour d’autres
Partie prenante du programme de gazoduc Nord Stream 2, le groupe énergétique Engie n’a fait de son côté aucun commentaire après la suspension du projet par l’Allemagne. Début février, la directrice générale d’Engie, Catherine MacGregor, avait défendu son importance, estimant qu’un conflit russo-ukrainien serait « une mauvaise nouvelle » de ce point de vue.
La tonalité n’est pas non plus à la confiance à la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire, où la présidente Christiane Lambert évoque un « sujet de forte inquiétude », en rappelant que le secteur avait été le premier « ciblé » par Moscou en 2014.
Selon le ministère français de l’Économie, la France est le premier employeur étranger en Russie, avec quelque 160.000 salariés. TotalEnergies y est également présent. À ce jour, le géant français participe notamment à deux projets visant à produire du gaz naturel liquéfié (GNL), à savoir Yamal et Arctic LNG2. Ce dernier ne doit toutefois démarrer qu’en 2023.
Enfin, côté services, on recense le groupe hôtelier Accor, l’enseigne Décathlon (articles de sport) mais aussi Bonduelle (agroalimentaire) ou Alstom, qui détient 20% du constructeur ferroviaire Transmashholding.
(Avec AFP)