Washington interdit à Moscou de payer sa dette en dollars

Les Etats-Unis ont décidé de mettre fin, à partir de 00H01 mercredi heure de Washington, à une exemption permettant à Moscou de payer ses dettes en dollars, a annoncé mardi le Trésor américain, une décision qui pourrait précipiter le pays dans le défaut de paiement.

C’est la décision qui risque d’empêcher la Russie d’honorer ses engagements auprès de ses créanciers et de précipiter la Russie dans le défaut de paiement. Plus précisément un défaut de paiement sur sa dette étrangère qui s’élève à environ 4.500 à 4.700 milliards de roubles (une cinquantaine de milliards d’euros au taux actuel), soit 20% de la dette publique totale. Ce qui constituerait une première depuis 1918, lorsque le leader bolchévique Vladimir Lénine avait refusé de reconnaître la dette héritée du régime tsariste renversé lors de la révolution de 1917. Un défaut qui ferait perdre à la Russie l’accès à une source de financement importante ou lui imposerait de payer des taux d’intérêt prohibitifs même si dans les faits, Moscou ne peut déjà plus lever de fonds à cause des sanctions occidentales.

La Russie ne pouvait déjà plus payer en dollars placés dans les banques américaines

C’est le scénario qui se profile depuis la fin, cette nuit, d’une exemption décidée après le début de l’offensive russe en Ukraine le 24 février qui permettait à Moscou de payer ses dettes en dollars. Comme tous les États, la Russie emprunte en effet de l’argent sous forme d’obligations, souvent en dollars, et doit payer régulièrement des intérêts et rembourser le capital.

Une exemption temporaire pour « permettre une transition ordonnée et permettre aux investisseurs de vendre leurs titres », avait expliqué la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen la semaine dernière. Ceci alors que depuis avril, la Russie ne peut déjà plus rembourser sa dette avec des dollars détenus dans des banques américaines

L’annonce par le Trésor américain de la fin de cette exemption intervient deux jours avant la prochaine échéance de paiement pour Moscou, qui porte sur un peu plus de 100 millions de dollars d’intérêts sur deux obligations, dont l’une ne pouvant explicitement pas être payée en roubles Outre l’échéance du 27 mai, le gouvernement russe doit encore honorer 12 paiements d’ici la fin de l’année. Le défaut de paiement paraît donc inéluctable.

La Russie pourrait contester cette décision. Accusant les pays occidentaux de créer « artificiellement » les conditions d’un défaut de paiement, Moscou avait indiqué dès avril que la Russie entamerait une procédure si elle était déclarée en défaut de paiement par l’Occident.

Pas de risque systémique

Quel serait l’impact d’un défaut de paiement de la Russie sur le reste du monde ?

Fin mars, Gita Gopinath, la numéro 2 du Fonds monétaire international (FMI), avait assuré qu’un défaut de paiement de la Russie aurait « un effet direct sur le reste du monde plutôt limité » car les montants des échéances de paiements que doit honorer Moscou « sont relativement faibles à l’échelle mondiale ».

« Cela ne représente pas un risque systémique pour l’économie mondiale », avait-elle ajouté, tout en soulignant que certaines banques ayant une exposition plus grande pourraient toutefois être affectées plus durement.

Par la rédaction

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