En parallèle des négociations en vue d’un cessez-le-feu en Ukraine, lancées par Donald Trump et Vladimir Poutine, Washington et Kiev se sont finalement entendus ce mardi 25 février sur un accord sur l’exploitation des richesses minières de ce pays d’Europe de l’Est.
Volodymyr Zelensky devrait même rencontrer son homologue américain ce vendredi à la Maison-Blanche. « J’ai entendu dire qu’il venait […]. C’est certainement OK pour moi. Il aimerait le signer avec moi, et je comprends cela – c’est une grande affaire, une très grande affaire », a ainsi déclaré Donald Trump.
Concernant cet accord, les tractations durent depuis plusieurs semaines et ont engendré un véritable bras de fer entre les deux présidents. Une première version avait été rejetée par Volodymyr Zelensky, qui estimait que « l’Ukraine n’est pas à vendre ». Minerais concernés, exploitation d’un fonds commun, garanties de sécurité… Marianne revient sur les contours (encore flous) de ce texte.
Quels sont les minerais et les gisements concernés ?
L’Ukraine concentrerait quelque 5 % des ressources minières mondiales, mais celles que Donald Trump convoite sont pour la plupart inexploitées, difficiles à extraire ou situées en territoires occupés et donc contrôlées par la Russie. Le pays d’Europe de l’Est produit notamment trois minerais : le manganèse (dont l’Ukraine est le 8e producteur mondial, selon World Mining Data), le titane (11e) et le graphite (14e), indispensable pour les batteries électriques.
Selon le Bureau français de recherches géologiques et minières (BRGM), Kiev est également « l’un des principaux pays d’Europe en matière de potentiel » d’exploitation du lithium, également incontournable pour les batteries. Néanmoins, Moscou a déjà exclu de céder les zones sous son contrôle – tel que le gisement de Novopoltavske dans la région de Zaporijjia, ou celui de Chevtchenkivske, dans le secteur de Pokrovsk –, mais Vladimir Poutine s’est en revanche dit favorable à des investissements américains dans ces régions occupées.
Quelles sont les grandes lignes de l’accord ?
Dans un premier temps, Donald Trump avait demandé à l’Ukraine de lui donner accès à ses ressources minières pour compenser les milliards de dollars d’aide versés par l’administration de son prédécesseur, Joe Biden, en trois ans. Washington avait alors exigé un engagement de 500 milliards de dollars – soit environ quatre fois plus que l’assistance versée jusqu’ici. C’est cette version de l’accord que Volodymyr Zelensky a rejetée, refusant de signer un texte que « dix générations d’Ukrainiens » devront payer.
Dans la nouvelle version du document, selon un haut responsable ukrainien interrogé par l’AFP, cette revendication financière américaine n’est plus à l’ordre du jour. Le texte prévoit en revanche que Kiev et Washington exploitent en commun des richesses minières et les revenus qui en seraient issus iraient dans un fonds nouvellement créé qui pourrait être « conjoint » à l’Ukraine et aux États-Unis.
L’Ukraine a-t-elle obtenu des garanties de sécurité ?
Pour Kiev, une des conditions clés pour donner accès à ses ressources à ses alliés est d’obtenir des garanties de sécurité. Autrement dit, un mécanisme politico-militaire devant dissuader la Russie de toute nouvelle invasion. D’après la même source ukrainienne, les termes de l’accord comportent une référence à la « sécurité », mais ne mentionnent pas explicitement le rôle des États-Unis.
Il s’agit d’une clause générale qui dit que l’Amérique investira dans une Ukraine souveraine, stable et prospère, qu’elle travaille pour une paix durable et que l’Amérique soutient les efforts pour garantir la sécurité », souligne le haut responsable. Des discussions sont encore en cours sur ce point.
En outre, à l’origine, l’Ukraine réclamait une accession à l’Otan, mais ce scénario a rapidement été rejeté par les États-Unis, estimant qu’une telle adhésion rendrait toute trêve impossible car Moscou y voit une ligne rouge. Autre option refusée en bloc par Washington : celle d’un déploiement de soldats de maintien de la paix, en cas de cessez-le-feu en Ukraine. L’administration Trump s’est en revanche dite favorable à un arrivage d’Européens.
Source Correspondance