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Ce n’est plus un bruit de fond, c’est une ritournelle. Américains et Russes se sont acoquinés pour avoir la tête de Volodymyr Zelensky, afin de briser la colonne vertébrale de la résistance ukrainienne à leur plan de normalisation. Dernier développement, l’interview accordée par Steven Witkoff, le représentant spécial des Etats-Unis pour la Russie, au podcast du journaliste ultraconservateur Tucker Carlson.
Durant l’entretien, entre deux âneries et imprécisions dramatiques, l’homme de confiance de Donald Trump déclare que des élections en Ukraine sont «indispensables», bien que la Constitution ukrainienne interdise tout scrutin en période de loi martiale et que deux tiers des électeurs sont contre la tenue d’élections.
L’émissaire avance que Volodymyr Zelensky est d’accord avec lui, ce qui est loin d’être certain, et qu’il considère les élections, qui «doivent avoir lieu», comme «la clé du processus de paix». En février 2024, un officier du renseignement militaire ukrainien, rencontré par Libération, avait estimé que dès le 20 mai 2024, le cinquième anniversaire de l’élection de Zelensky, les Russes entameraient une «opération psychologique internationale afin de persuader le monde occidental qu’à l’issue de son mandat, Volodymyr Zelensky ne serait plus un président légitime, alors que la Constitution ukrainienne est très claire à ce sujet, et que [selon le narratif russe] il devrait être remplacé, d’une manière ou d’une autre».
«Un leader qui puisse négocier»
Les événements se sont accélérés depuis l’investiture de Donald Trump, le 20 janvier 2025. On se souvient de sa charge, la veille, traitant le président ukrainien de dictateur, pour ne pas avoir organisé d’élections. Le 2 mars, le conseiller à la sécurité nationale, Mike Waltz, suggérait que Zelensky devrait démissionner «pour laisser place à un leader qui puisse négocier avec nous, et éventuellement avec les Russes». De manière synchrone, plusieurs acteurs ukrainiens douteux sortent du bois. Le 3 mars, Alexey Arestovych, un ancien proche de l’équipe Zelensky au début de la guerre, qui depuis réside à l’étranger d’où il n’a de cesse de critiquer le pouvoir ukrainien, change le texte de son profil sur X, y écrivant sobrement «candidat à la présidence de l’Ukraine».
Le même jour, un compte X anonyme portant le nom de «Cillian» relaie une information selon laquelle le député Oleksandr Dubinsky a demandé une session d’urgence du parlement pour engager une procédure de destitution à l’encontre de Zelensky après la dispute dans le Bureau ovale. «C’est énorme. Le régime de Zelensky s’effondre en temps réel», tweete-t-il. Elon Musk répond à ce tweet d’un laconique «Wow !», lui donnant ainsi une portée énorme. Elu en 2019 dans les rangs du parti Serviteur du peuple de Zelensky (dont il a été exclu), Oleksandr Dubinsky est un agent de liaison de l’oligarque Ihor Kolomoisky, corrompu, odieux et vulgaire, mis sous sanctions par les Etats-Unis en 2020.
Arrêté en janvier 2024 en Ukraine pour «trahison et diffusion de la propagande russe», aujourd’hui en prison, Oleksandr Dubinsky fait partie d’un groupe de «contacts ukrainiens», le réseau Derkach, qui frayent avec les services russes et que Rudy Giuliani, l’ancien avocat personnel de Donald Trump, a activés en 2019 et 2020 lorsque le président américain a tenté de forcer Kyiv à lancer des enquêtes contre le fils de Joe Biden. «Dubinsky est une personne extrêmement peu recommandable, confirme le politologue Oleksiy Haran, professeur à l’Université Académie Mohyla de Kiyv. Quant à Arestovych [qui se dit candidat à la présidence ukrainiennen ndlr], c’est un aventuriste, qui dit des choses positives sur la Russie, critique le gouvernement ukrainien depuis l’étranger et joue contre son propre camp».
Dans le couloir des toilettes
D’autres personnalités connues, frappées d’hubris, se mettent également à frétiller. Parmi elles, l’ancien président Petro Porochenko, qui parle souvent de lui à la troisième personne, s’auto-attribue les succès du gouvernement, même si son parti Solidarité européenne se prononce contre le principe d’élections. Puis l’ancienne Première ministre Ioulia Timochenko, increvable, qui, en 2017, à l’événement annuel «National Prayer Breakfast» à Washington, où se retrouvent de nombreuses personnalités influentes, n’avait pas hésité de faire le pied de grue dans le couloir menant aux toilettes des hommes dans l’espoir de serrer la main de Donald Trump et de se faire prendre en photo avec lui. Selon Politico, des émissaires de Trump auraient rencontré les équipes de Porochenko et de Timochenko.
Radio Free Europe avance même que Timochenko a probablement rencontré Steve Witkoff. Selon Andriana Kucher, reporter aux Etats-Unis pour la télévision 24 Kanal, Ioulia Timochenko, en visite outre-Atlantique, aurait exprimé en public des propos pro-russes. «Lorsque vous parlez de missiles et de drones qui tombent sur des villes innocentes et que vous dites que seule une femme au pouvoir peut arrêter ça, c’est vous-même que vous avez à l’esprit ?» demande, à l’issue d’une conférence, la reporter à Timochenko, qui ne dément pas. «Si Timochenko n’a pas honte de dire ce genre de choses sur scène, il ne reste plus qu’à imaginer ce qu’elle peut souffler à l’oreille de ses interlocuteurs derrière des portes fermées», commente la journaliste.
Source groupe challenges