Sanctions de l’UE contre la Russie : pourquoi la Slovaquie a fini par retirer son veto
Le président américain a annoncé des droits de douane de 34 % sur les produits chinois arrivant aux Etats-Unis, qui s’ajouteront aux 20 % existant. Pékin a averti de représailles.
Le président américain Donald Trump a signé un décret instituant « des droits de douane réciproques » sur les importations des États-Unis, soit au même niveau que ceux perçus par les partenaires commerciaux de Washington. Trump a annoncé de très lourdes taxes douanières de 34 % pour la Chine et 20 % pour l’UE. Le seuil minimal des droits de douane est fixé à 10 %.
Il l’annonçait depuis des semaines, il l’a fait. Pour Donald Trump, ce qu’il appelle le « jour de la libération » est l’une des journées les plus importantes de l’histoire des États-Unis. « Dans quelques instants, je signerai un décret historique instituant des droits de douane réciproques sur les (importations des) pays du monde entier », a déclaré Donald Trump dans un discours depuis les jardins de la Maison Blanche. « Réciproque signifie : ce qu’ils nous font, nous leur faisons. C’est très simple, ça ne pourrait pas être plus simple », a ajouté le président américain, célébrant « un des jours les plus importants de l’histoire américaine. »
Le républicain a parlé d’une « déclaration d’indépendance économique » et promis à nouveau un « âge d’or » à son pays. « Depuis des décennies, notre pays a été pillé, saccagé, violé et dévasté par des nations proches et lointaines, des alliés comme des ennemis », a-t-il asséné.
Droit de douane plancher et surtaxes pour certains pays
Ces droits de douane ne sont pas complètement réciproques, mais représentent environ la moitié des barrières commerciales et non-commerciales appliquées par les pays étrangers, a-t-il souligné. L’offensive de la Maison Blanche s’articule ainsi : un droit de douane plancher de 10 % sur toutes les importations, auquel s’ajoutent des surtaxes pour certains pays jugés particulièrement hostiles en matière commerciale. Ces surtaxes sont calculées de manière à refléter aussi les barrières dites non tarifaires mises par ces pays à l’entrée de produits américains, par exemple des réglementations sanitaires et des normes environnementales.
En outre, les importations de la Chine vont être taxées à 34 %. Le président américain a aussi signé un décret annulant l’exemption de droits de douane pour les petits colis envoyés de Chine, mécanisme qui a notamment permis aux géants chinois du commerce électronique Shein ou Temu de se développer aux États-Unis. Il prévoyait jusqu’ici l’exemption de taxation pour tous les envois dont le contenu présentait une valeur allant jusqu’à 800 dollars.
Les pays européens, eux, seront taxées à 20 %. Les États-Unis vont prélever 10 % de taxes sur les importations en provenance du Royaume-Uni. Les produits japonais et de Corée du Sud sont respectivement impactés à hauteur de 24 % et 25 % ou encore 46 % pour le Vietnam. Le président américain a également annoncé des droits de douane à 31 % pour la Suisse.
Absents de la liste : Mexique, Canada, Russie…
Dans cette liste, on note les absences du Mexique et du Canada, particulièrement visés ces dernières semaines, et aussi celle de la Russie.
Les voisins des États-Unis, le Canada et le Mexique, couverts par un accord de libre-échange (ACEUM ou USMCA en anglais), sont soumis à un régime particulier. Les produits canadiens et mexicains respectant les termes de l’accord ne sont, à l’heure actuelle, pas visés par de nouvelles taxes. À l’inverse, les autres produits sont soumis à jusqu’à 25% de droits de douane.
D’autres États déjà sous sanctions (Biélorussie, Cuba, Corée du Nord, Russie) ne figurent pas dans la liste, car ce statut bloque déjà tout commerce significatif avec ces pays, selon la Maison Blanche. L’Ukraine est visée par des droits douane de 10%.
Donald Trump a exhorté les dirigeants étrangers à supprimer leurs droits de douane et à acheter leurs produits. Les nouveaux droits de douane massifs dévoilés par le président des États-Unis entreront en vigueur les 5 et 9 avril, a annoncé mercredi la Maison Blanche.
La mise en place
Les nouvelles taxes sur les importations dévoilées par Donald Trump sont prévues en deux temps, a précisé un responsable de la Maison Blanche à la presse : le 5 avril à 04h01 TU pour les droits de douane d’au moins 10 % sur tous les produits entrant aux États-Unis, et le 9 avril à 04h01 pour les droits de douane majorés visant des géants comme la Chine et l’Union européenne.
Le ministre américain des Finances, Scott Bessent, a conseillé « à tous les pays de ne pas riposter » aux droits de douane mis en place par l’administration Trump, sous peine d’« escalade ». « Détendez-vous, encaissez le coup, et attendez de voir comment la situation évolue. Car si vous ripostez, il y aura une escalade », a averti Scott Bessent.
Londres dit vouloir un accord avec les États-Unis, l’Australie estime ces droits de douane « totalement injustifiés »
Dans le monde entier, les réactions se sont multipliées. Le Royaume-Uni garde l’intention de conclure un accord avec les États-Unis pour « atténuer » l’impact des droits de douanes annoncés par Donald Trump et n’entend pas mener de riposte commerciale immédiate, a réagi mercredi le ministre britannique du Commerce, Jonathan Reynolds. Pour l’Australie, ces droits sont « totalement injustifiés » et vont modifier la relation de l’Australie avec les États-Unis, a déclaré jeudi le Premier ministre australien Anthony Albanese. Le Premier ministre irlandais Micheal Martin a dit « profondément regretter » les droits de douane de 20 % imposés à l’Union européenne par les États-Unis, appelant les 27 à réagir de façon « proportionnée ». « Toute action doit être proportionnée et viser à défendre les intérêts de nos entreprises, de nos travailleurs et de nos citoyens », a-t-il déclaré dans un communiqué.
La Chine, pour qui l’addition s’annonce astronomique, « s’oppose fermement » à ces droits de douane et promet de riposter, a réagi le ministère du Commerce. Le Parlement brésilien, lui, a adopté à l’unanimité une « loi de la réciprocité » donnant au gouvernement des moyens pour répliquer aux barrières commerciales à ses exportations. Et la Thaïlande, dit, elle, avoir un « plan solide » pour répondre aux très lourds droits de douane de 36% annoncés par Donald Trump. Elle espère notamment pouvoir négocier une réduction des taxes.
L’industrie chimique allemande, dont les États-Unis sont le premier marché d’exportation, a appelé mercredi l’Union européenne à « garder la tête froide » dans sa réaction aux nouveaux droits de douane américains, soulignant qu’« une escalade ne ferait qu’aggraver les dégâts ». Elle appelle Bruxelles à « rester flexible dans sa réaction et maintenir un dialogue étroit avec Washington », car selon elle, « l’objectif doit être une solution équitable pour les deux parties » et l’Allemagne « ne doit pas devenir le jouet d’une guerre commerciale sans fin ». « Les États-Unis sont et restent un partenaire commercial central pour l’Allemagne », insiste le communiqué.
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Débâcle des marchés
Les marchés se sont réveillés sonnés jeudi en Asie. La Bourse de Tokyo a dégringolé de pres de 4% peu après l’ouverture, tandis que Séoul, Hong Kong et Sydney lâchaient quelque 2%. Le dollar a chuté de plus de 1 % face à l’euro vers 20h20 TU.
Valeur refuge par excellence, les investisseurs se sont rués sur l’or, qui a par la même occasion battu son record historique, à plus de 3 160 dollars l’once. Depuis le début de l’année, le cours de l’or a explosé d’environ 20%. Le marché obligataire joue aussi son rôle de refuge, avec une forte détente du rendement des emprunts d’État américain et japonais.
Et quelques minutes après les premiers mots de Donald Trump mercredi, le dollar a chuté de plus de 1% face à l’euro avant de limiter ses pertes: vers 00H30 GMT, un euro valait 1,0896 dollar. La devise américaine pâtit des inquiétudes sur la santé de l’économie américaine et des perspectives d’inflation aux États-Unis.
Source RFI