La mise en garde de Michel Barnier sur les finances publiques : « 40 milliards d’économies, ce ne sera pas suffisant »

Il prend la parole publiquement quelques mois après la censure de son gouvernement. En décembre 2024, Michel Barnier avait été contraint de démissionner de ses fonctions de Premier ministre, après quatre petits mois à Matignon.

« On ne peut pas gouverner sans dire la vérité, alerte Michel Barnier ce mardi sur BFM. C’est ce que j’ai essayé de faire en tant que Premier ministre ». « On signe des chèques en blanc sur la tête de nos enfants », lance-t-il en référence au déficit public colossal de la France. La prévision de croissance gouvernementale pour 2025 a été revue à la baisse à 0,7 %, après 1,1 % en 2024.

Le jour n’est pas choisi au hasard. Son successeur, François Bayrou tient ce mardi une conférence sur les finances publiques pour sensibiliser les Français aux « pathologies » budgétaires de leur pays. Il réunit plusieurs membres de son gouvernement ainsi que des parlementaires, des représentants d’organismes de sécurité sociale ou encore syndicaux. Objectif : réaliser 40 milliards d’euros d’économies en 2026 alors qu’une nouvelle censure de l’opposition à l’Assemblée couve.

S’il souhaite à François Bayrou « de réussir », Michel Barnier va plus loin que son successeur sur l’ampleur des économies attendues pour réduire le déficit. « Quarante milliards ce n’est pas suffisant, c’est un début », affirme-t-il. Sinon, « la marche à franchir en 2026 (pour boucler le budget) sera plus difficile à obtenir ».

Il cible « les agences » publiques, « trop » nombreuses à ses yeux, la « bureaucratie qui empoisonnent la vie des agriculteurs, des entreprises, des consommateurs » et l’« inflation des normes » sans apporter de précision. « L’effort doit venir de tous mais il doit être juste », souligne-t-il, en visant la « fraude sociale et la fraude fiscale », mais en épargnant les collectivités locales.

« J’en veux au Parti socialiste »

Michel Barnier connaît bien ce contexte politique délicat, lui dont la chute a été précipitée par la censure votée par le Rassemblement national et le Parti socialiste. « Le PS a été irresponsable pendant des années (au pouvoir de 2012 à 2017) et a laissé de côté l’intérêt du pays. Chacun doit prendre sa part (de responsabilité dans le) déficit », insiste l’ancien négociateur du Brexit. « Le PS ne s’est pas comporté comme un parti de gouvernement. Il m’a fait tomber et si je ne leur en veux pas personnellement, je leur en veux pour l’intérêt du pays », cingle-t-il.

L’ex-Premier ministre décoche des flèches contre l’extrême droite, le Rassemblement national et l’extrême gauche « qui donne un spectacle navrant à l’Assemblée nationale ».

Évasif sur une éventuelle candidature à la présidentielle de 2027 (« je veux être utile au débat public en 2027 »), Michel Barnier évoque le futur « jugement du peuple » lors duquel « chacun des partis devra rendre des comptes ». « Le RN devra rendre des comptes pour avoir rallié sa voix à LFI », lance-t-il.

Interrogé sur la condamnation des élus RN dont Marine Le Pen dans l’affaire du détournement de fonds publics européens, Michel Barnier appelle « au respect de l’indépendance de la justice ». « Quelqu’un qui fait la loi (Marine Le Pen est députée du Pas-de-Calais) doit la respecter », estime-t-il. La leader du RN voit sa candidature en 2027 être empêchée par l’exécution provisoire (immédiate) de sa peine. « Cette exécution provisoire est un sujet qui doit être discuté, notamment pour les élus locaux, indépendamment du cas de Marine Le Pen », commente-t-il.

Source Le Parisien

Read Previous

«Un moyen d’entuber les États-Unis» : Trump fustige la Chine après la visite de Xi Jinping au Vietnam

Read Next

Gnassingbé en médiateur de l’UA dans le conflit entre la RDC et le Rwanda

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Most Popular