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Après une matinée infructueuse, la fumée blanche s’est finalement échappée de la chapelle Sixtine ce jeudi en fin de journée tandis que les cloches de la basilique Saint-Pierre sonnaient à toutes volées. Le cardinal Robert Francis Prevost, 69 ans, est devenu le 267e pape de l’histoire, nouveau guide spirituel du 1,4 milliard de catholiques. Il succède ainsi à François, décédé le 21 avril à l’âge de 88 ans, après un pontificat de 12 ans.
L’identité du nouveau souverain pontife a été annoncée depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre par le cardinal français Dominique Mamberti, qui a prononcé la célèbre formule latine « Habemus papam » : « Nous avons un pape. Le très éminent et très révérend seigneur, Monseigneur Robert Francis Prevost, cardinal de la sainte Église romaine, qui s’est donné le nom de Léon XIV », a lancé le prélat corse.
Dans la foulée, Léon XIV s’est adressé aux plus de 1,4 milliard de catholiques : « Que le la paix soit avec vous tous ! », ont été ses premiers mots, dans un italien teinté d’accent américain. « Merci au pape François », a-t-il aussi lancé, remerciant ses collègues cardinaux de l’avoir élu. Cet homme d’écoute et de synthèse, classé parmi les modérés, et connaissant autant le terrain que les rouages du Vatican, était considéré comme l’un des favoris.
Né à Chicago en 1955, Robert Francis Prevost est un membre de l’ordre de Saint Augustin, ordonné prêtre à Rome en 1982, où il poursuit des études de droit canonique pendant plusieurs années. Auparavant, il avait étudié les mathématiques et la philosophie à l’université Villanova, près de Philadelphie, puis la théologie à la Catholic Theological Union à Chicago.
Le religieux est nommé évêque au Pérou en 2014 afin de pacifier l’épiscopat du pays. C’est dans ce pays d’Amérique latine qu’il a passé une bonne partie de sa vie. En 1984, à 29 ans seulement, il avait déjà été envoyé comme missionnaire dans la prélature de Chulucanas, dans la cordillère des Andes, puis en 1988 à Trujillo, la troisième ville du Pérou, pour s’occuper de la formation des religieux. Il restera près de dix ans.
Le premier pape américain de l’Histoire a également été provincial de son ordre pour le Midwest américain à la fin des années 1980 et a occupé la fonction de prieur général, à Rome, de 2001 à 2013. En 2023, le pape François le nomme à la tête du dicastère pour les évêques avant de le créer cardinal, un an plus tard. Le magazine Le Pélerin loue le parcours de Robert Francis Prevost, homme de confiance de François, dont la trajectoire au sein de l’Église « mêle expertise et expérience de terrain ».
Selon nos confrères de La Croix, le cardinal Prevost, décrit comme un grand timide, ne s’est jamais vraiment engagé dans les batailles idéologiques qui ont lieu au sein de l’église, jouant souvent la carte de l’apaisement entre progressistes et conservateurs. « Les divisions et les polémiques dans l’Église ne servent à rien », soulignait-il auprès de Vatican News, regrettant que la « polarisation » soit devenue « le mode de fonctionnement d’une société ».
Conclave en 24 heures
Polyglotte, le nouveau pape parle l’anglais, le français, l’italien, l’espagnol et le portugais. Il lit le latin ainsi que l’allemand. Le souverain pontife a été élu en quatre tours à l’issue d’un scrutin qui s’annonçait très ouvert, du fait notamment du nombre record de cardinaux présents. Il a réuni une majorité des deux tiers, c’est-à-dire au moins 89 voix, sur son nom. Mais du fait du secret absolu entourant le conclave, les détails du scrutin ne sont pas connus.
La réunion des cardinaux avait débuté mercredi soir, au terme d’un cérémonial extrêmement codifié, et dans un isolement drastique : aucun téléphone portable n’était autorisé, et les réseaux de télécommunication étaient coupés entre les murs de la Cité du Vatican. Sous les fresques de la chapelle Sixtine, un nombre record de 133 prélats issus de 70 pays se sont retrouvés, dont beaucoup issus des « périphéries » chères au pape François qui avait nommé quelque 80 % du conclave.
Le nouveau pape devra rapidement affronter des défis considérables pour une Église en perte de vitesse en Europe : finances, lutte contre la pédocriminalité, baisse des vocations… Mais il devra aussi ressouder les différents courants d’une institution où cohabitent des sensibilités culturelles très diverses, entre une Europe sécularisée et des « périphéries » en croissance. Il lui faudra également apaiser une institution parfois bousculée par un pontificat ponctué de réformes et de prises de paroles tranchées, qui ont fait l’objet de vives critiques internes.