En marge de la 60ᵉ Assemblée Annuelle de la Banque Africaine de Développement (BAD), tenue du 26 au 30 mai à Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, Diaby Mariame, PDG d’AYUF Holding, a marqué les esprits lors d’un panel de haut niveau placé sous le thème : « Dévoiler l’avenir – 10 ans de connexion avec l’Afrique & Lancement du magazine Integrate Africa ».
Face à une audience composée de décideurs économiques, institutionnels et académiques, Mme Diaby a partagé une vision claire : accélérer la transformation économique de l’Afrique par l’intégration régionale, la montée en puissance industrielle et l’autonomisation des femmes.
Une décennie d’intégration au service de la transformation
Modéré par Vincent Nmehielle, Secrétaire général du Groupe de la BAD, le panel réunissait des figures éminentes telles que John Woods, professeur à la faculté de droit de Howard University, Bogolo Kenewendo, ministre des Mines du Botswana, Ahunna Eziakonwa, directrice du PNUD Afrique, et Claire Akamanzi, directrice générale de la NBA Afrique.
Les discussions ont exploré les acquis et les défis de dix années d’intégration africaine, notamment à travers le prisme de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). L’accent a été mis sur le rôle des femmes dans cette dynamique, dans un continent où elles demeurent des actrices économiques essentielles mais encore trop souvent marginalisées des processus industriels.
De commerçantes à industrielles : les femmes au cœur du changement
Pour Mme Diaby, l’Afrique regorge de femmes porteuses d’ambitions, d’idées et de talents, qu’il est urgent de soutenir dans la transition du commerce informel à la fabrication industrielle. « De Lagos à Lomé, de Nairobi à Bangui, les femmes sont les piliers de nos économies. Beaucoup dirigent des commerces, des coopératives, des start-ups. Mais elles restent freinées par des obstacles structurels : financement, équipements, formation, normes techniques, et parfois même par des barrières culturelles », a-t-elle souligné.
À travers AYUF Holding – un consortium de sept entreprises opérant dans la construction modulaire et l’architecture événementielle – elle incarne cette ambition industrielle portée par une femme, dans un secteur longtemps dominé par les hommes. Son parcours, jalonné de projets structurants comme la COP15 à Abidjan ou la CAN 2023, illustre concrètement ce qu’elle appelle une « Afrique qui gagne quand ses femmes gagnent ».
Un plaidoyer pour une BAD au service de l’industrialisation inclusive
Diaby Mariame a appelé la BAD à jouer un rôle stratégique de catalyseur : en soutenant des programmes de formation technique, d’incubation, de mentorat, mais aussi en facilitant l’accès à des financements ciblés pour les femmes entrepreneures industrielles. « Lorsque les femmes sont soutenues, elles transforment l’économie locale et régionale », a-t-elle affirmé.
Elle a également évoqué l’importance de bâtir une infrastructure réglementaire et logistique harmonisée à l’échelle continentale : fluidifier les frontières, standardiser les normes, interconnecter les télécommunications, et faciliter la mobilité des biens, des personnes et des compétences. Un impératif pour donner vie à la ZLECAf, selon elle.
AYUF, un exemple d’intégration réussie
Implantée aujourd’hui en Côte d’Ivoire, au Mali et au Liberia, AYUF Holding est l’un des symboles vivants de l’intégration économique africaine. L’entreprise a pu croître au-delà de ses frontières grâce à l’amélioration des corridors commerciaux, mais reste confrontée à des défis persistants. « Un poste-frontière lent, une réglementation technique incompatible ou un coût d’itinérance prohibitif suffisent à freiner notre élan entrepreneurial », a-t-elle regretté.
Avec seulement 15 % du commerce africain intra-africain, l’intégration reste largement incomplète, surtout comparée à l’Europe (plus de 65 % d’échanges intrarégionaux). Mais pour Mme Diaby, la ZLECAf représente une opportunité sans précédent pour renverser cette tendance. À condition d’en faire une réalité concrète sur le terrain.
Une Afrique forte, connectée et prospère – avec les femmes comme moteur
En conclusion, la PDG d’AYUF Holding a lancé un message d’unité et de confiance dans l’avenir : « Avec l’engagement de la BAD, nous pouvons accélérer cette transformation et bâtir une Afrique forte, connectée et prospère. »
Elle a enfin salué l’élection du nouveau président de la BAD, en qui elle place une grande confiance pour continuer à faire de cette institution une force de transformation inclusive au service du continent.
À travers son témoignage inspirant et sa vision résolument tournée vers l’action, Diaby Mariame s’impose comme une voix majeure de l’entrepreneuriat féminin industriel africain et une ambassadrice de l’intégration régionale par l’exemple.