Poutine a joué, il a perdu… du moins, en matière de pommes de terre. Depuis le début du conflit en Ukraine, le Kremlin a réduit ses importations de produits alimentaires en provenance des pays occidentaux qu’il considère comme « inamicaux » – comme les Pays-Bas, l’Allemagne ou la France. Problème : « Nous n’avons pas assez de pommes de terre », a constaté, cette semaine, le président russe à la télévision. Cette stratégie s’est en effet conclue par une pénurie de patates en Russie et par une flambée des prix. Rien que cette année, les prix ont déjà augmenté de 52 %, selon le quotidien Kommersant, atteignant ainsi un record historique de 85,4 roubles (un peu moins d’un euro) par kilo.
En 2024, la production de pommes de terre a chuté de 14 % en Russie, en raison de mauvaises conditions météorologiques. En conséquence, depuis des mois, Moscou n’hésite pas à user de tous les moyens pour maintenir ses stocks, et notamment en prélevant allègrement dans ceux de ses alliés, comme l’Égypte ou encore son voisin biélorusse – avec lesquels il n’existe pas de droits de douane. Ainsi, en 2024, Minsk est devenu le plus grand fournisseur de ce tubercule de la Russie, selon la plateforme de l’Organisation des Nations unies Comtrade.
« Nous devons aider nos frères russes »
Et, lorsque Vladimir Poutine a une nouvelle fois demandé de l’aide à son allié, le président Alexandre Loukachenko, celui-ci lui a répondu que les stocks du pays avaient déjà été « vendus » à Moscou. Une situation de pénurie qui a provoqué l’ire du président biélorusse. Ce dernier s’en est pris violemment à son administration, selon les informations d’Euractiv. « Je vous avais prévenus l’année dernière sur la manière de stocker [les pommes de terre]. Dieu nous garde que je passe devant [un entrepôt] et qu’il ne soit pas rempli jusqu’au plafond », avait-il ainsi fustigé lors d’une réunion gouvernementale en février dernier.
Alexandre Loukachenko a également reproché aux agriculteurs de ne pas travailler correctement. « J’ai planté ces légumes sous serre pour voir si c’était faisable. Il s’avère que oui, alors pourquoi ne le faites-vous pas ? », a lancé le dirigeant, au pouvoir depuis 1994. Malgré ces difficultés en interne, ce dernier demeure déterminé à ne pas décevoir le Kremlin. « Nous devons aider nos frères russes. Après tout, il ne s’agit pas d’une œuvre de charité. Les prix sont élevés et il est possible de gagner de l’argent », a déclaré le président biélorusse, cité par des médias nationaux.
En réaction, ce 27 mai, Minsk a levé l’embargo sur ses importations de pommes de terre et d’autres produits alimentaires de base, en provenance notamment de pays européens, dans un geste qualifié de « bon voisinage ». Mais cette décision devrait être contrariée par l’augmentation des droits de douane, actée par Bruxelles sur les importations agroalimentaires en provenance de Russie et de la Biélorussie, et qui devraient entrer en vigueur en juillet.
Source Marianne