USA-UE : de Bayrou à Mélenchon, toute la classe politique française dénonce l’accord douanier

Ce lundi matin, François Bayrou parle de « soumission ». La veille, Marine Le Pen évoquait une « capitulation », et Jean-Luc Mélenchon dénonçait « l’Empire ». Une chose est sûre : l’accord douanier USA-UE ne laisse personne indifférent à Paris.

Un texte signé entre Washington et Bruxelles… qui fait l’unanimité contre lui à Paris

Dimanche 27 juillet 2025, l’Union européenne et les États-Unis ont conclu un accord commercial présenté comme historiqueIl fixe des droits de douane à 15 % sur la majorité des exportations européennes vers les États-Unis, en contrepartie de l’exonération sur certains secteurs, notamment l’aéronautique. L’Europe s’engage également à acheter pour 750 milliards d’euros d’hydrocarbures américains et à investir 600 milliards outre-Atlantique.

Mais à peine les signatures apposées, la contestation a traversé tous les partis français. Ce lundi 28 juillet, le Premier ministre François Bayrou a dénoncé un « jour sombre » et une « soumission », via un message posté sur X. Pour lui, « une alliance de peuples libres (…) se résout à la soumission ».

Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, et son homologue au Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, ont tous deux critiqué un « accord déséquilibré ». Invité de France Inter, ce dernier a déclaré : « Il va nous falloir continuer à travailler notamment sur la partie services », soulignant que les États-Unis affichent un excédent commercial structurel avec l’UE dans ce secteur stratégique.

Laurent Saint-Martin ajoute : « Ce serait effectivement assumer que l’Europe n’est pas une puissance économique. Et surtout, il y a un enjeu politique derrière. » Une prise de distance claire par rapport au texte signé par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Une fracture assumée avec Bruxelles, et un signal politique clair

Mais c’est surtout dans l’opposition que le rejet s’est exprimé avec force. Marine Le Pen a dénoncé dimanche « un fiasco politique, économique et moral », fustigeant un texte qui « oblige la France à importer des centaines de milliards d’euros de gaz et d’armements américains ». Elle parle de « capitulation en rase campagne » pour l’industrie française.

À gauche, Jean-Luc Mélenchon ne mâche pas ses mots non plus : « Tout a été cédé à Trump », estime le leader de La France insoumise. Il dénonce une taxe « équivalente à 5 % du PIB », et oppose « l’insoumission à l’Empire » comme la seule voie possible. Le vocabulaire est fort, les cibles identifiées.

Quant à Pierre Jouvet, secrétaire général du Parti socialiste et eurodéputé, il parle de « vassalisation ». Pour lui, se réjouir de n’avoir « que » 15 % de droits de douane revient à ignorer que ce sont « nos emplois, nos productions et l’environnement » qui ont été sacrifiés, au profit de 600 milliards d’euros d’investissements européens aux États-Unis.

Dans ce climat politique tendu, cet accord agit comme un révélateur du fossé grandissant entre Bruxelles et Paris. Ursula von der Leyen continue de défendre un « bon accord », mais la quasi-totalité de la classe politique française semble en désaccord avec cette lecture. De l’exécutif aux opposants les plus virulents,

rares sont ceux à défendre le compromis signé avec Donald Trump.

Alors que les droits de douane sur les produits européens entreront en vigueur dès le 1er août 2025, la pression monte. Et pour l’Union européenne, la question posée par Laurent Saint-Martin reste ouverte :

est-elle encore capable de se faire respecter comme puissance économique ?

Source Politique Matin

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