Le mois écoulé a validé cette analyse. En effet, la première quinzaine de janvier a été marquée par une progression significative des taux, portée par les taux souverains américains, le 10 ans américain passant de 4,57 % à 4,79 %. Trois facteurs ont été à l’origine de ce mouvement haussier.
D’abord, le prix du pétrole a continué de monter, avec un baril de Brent au-dessus des 80$ (sur fond d’aggravation des sanctions contre la flotte fantôme russe. Ensuite, Donald Trump a multiplié les menaces de tarifs douaniers et exprimé des velléités territoriales à l’encontre du Groenland, du Panama et même du Canada. Enfin, les statistiques américaines (créations d’emplois, ISM des services) ont continué à indiquer que l’économie demeurait particulièrement solide.
Dans ce contexte, les indices actions, principalement américains, ont été pénalisés. Alors que certains seuils techniques étaient sur le point d’être franchis, laissant craindre un retour à 5 % du 10 ans américain à brève échéance, la publication de deux indicateurs en dessous des attentes concernant l’inflation (CPI américain) et la consommation (ventes au détail) a rassuré et inversé radicalement la tendance. Le 10 ans américain a finalement bouclé le mois de janvier en retrait de 4 points de base à 4,54 %. A contrario, son homologue allemand a progressé de 9 points de base sur la période pour s’établir, à 2,46 %, en deçà donc du seuil symbolique des 2,50 %. Dans ce contexte, les indices obligataires Bloomberg Barclays € Aggregate et Global (couvert en euro) ont finalement peu varié d’un mois sur l’autre, respectivement de -0,03 % et +0,26 %.
Les marchés actions européens continuent de surperformer
Les indices actions ont, de leur côté, bien débuté 2025, avec des hausses de l’Eurostoxx 50 et du S&P 500 de respectivement +8,15 % et +2,78 %. Pour le deuxième mois d’affilée, les indices européens ont donc largement surperformé. Ils ont bénéficié à la fois de la baisse supplémentaire du taux de dépôt de la BCE de 25 points de base, à 2,75 %, et de statistiques conjoncturelles rassurantes. En effet, même si le PIB de l’eurozone est ressorti stable au titre du quatrième trimestre 2024 en raison des contre-performances des économies allemande et française, les données avancées sur le secteur manufacturier ont surpris et conforté l’hypothèse d’une croissance molle sans récession prononcée.
L’idée que les Européens n’ont d’autre choix que de s’entendre pour apporter un soutien conséquent à leur économie face à la menace Trump explique également cette trajectoire haussière. L’indice allemand DAX affiche ainsi la meilleure performance, en hausse de +9,16 %.
Le phénomène DeepSeek rebat les cartes du secteur de l’IA
De l’autre côté de l’Atlantique, la Fed a, comme anticipé, conservé ses taux inchangés à 4,25 %-4,50 %. Sa volonté est de maintenir une politique monétaire encore « significativement restrictive » pour atteindre sa cible d’inflation. En fin de période, les actions américaines ont par ailleurs été fortement pénalisées par l’émergence du modèle d’IA chinois DeepSeek. Pratiquement aussi efficace que l’américain ChatGPT, mais moins énergivore, moins coûteux et « open source », il remet en question la pertinence de centaines de milliards de dollars d’investissement. Les barrières à l’entrée sur ce marché ne seraient plus exclusivement réservées aux seuls grands groupes technologiques américains disposant de centaines de milliards de dollars prêts à être investis, ce qui constitue également un catalyseur pour les acteurs européens. L’action du leader américain dans le domaine, Nvidia, a accusé le coup, s’inscrivant en recul de 17 % sur une seule journée. Avec 589 milliards de dollars de capitalisation partis en fumée en une seule séance, l’action a établi un nouveau record historique de perte sur les marchés.
Turgot Oblig Plus est en hausse de +0,27 %* sur le premier mois de l’année 2025
Concernant notre fonds obligataire Turgot Oblig Plus, les différentes thématiques obligataires ont évolué de manière disparate. Une fois encore, le portage obligataire du portefeuille (+33 points de base sur la période) a joué un rôle moteur. Nous avons profité d’un marché primaire record en termes d’émissions pour augmenter de nouveau la sensibilité globale du portefeuille, laquelle est passée de 4,52 à 4,84. Citons, parmi nos nombreux achats, des obligations couvrant différents segments du marché, du souverain émergent comme le Chili, du subordonné assurantiel comme Generali ou encore du senior financier comme Commerzbank.
Fin janvier, le taux de rendement du portefeuille investi s’établissait à 3,99 %. Ce niveau, toujours attractif, constitue un important réservoir de performance pour les mois à venir.
*Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.