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Alors que la Chine et les États-Unis se sont lancés dans une guerre autour des taxes douanières, la puissance asiatique aurait la possibilité d’activer une « arme secrète » pour faire pencher la balance de son côté : les bons du Trésor américain. Qu’est-ce que c’est ? Comment la Chine pourrait-elle s’en servir ? Est-ce vraiment un danger pour les États-Unis ? On vous explique.
Depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, il y a de fortes tensions entre les États-Unis et la Chine. La raison ? La politique protectionniste du président américain, qui impose depuis le 9 avril des droits de douane de 145 % à son voisin. Mais Catherine, une lectrice de Plancoët (Côtes-d’Armor), alerte sur le fait que le pays asiatique est créancier de l’État américain et nous demande : « La Chine pourrait-elle demander le remboursement des bons du Trésor des États-Unis en représailles ? » En clair, que sont ces bons du Trésor ? Pourraient-ils vraiment être utiles à la Chine dans cette guerre commerciale ? Ouest-France vous répond.
Les Tresory bounds (T-Bonds), ou bons du Trésor américain, sont des « obligations à long terme émises par le Trésor américain pour le compte et dans le cadre du financement de l’État américain. Les niveaux de taux d’intérêt pratiqués sur les T-bonds servent de référence à un grand nombre d’émetteurs y compris en dehors des États-Unis », explique la société de gestion d’actifs CPR Assets Management (CPRAM).
Cela signifie que l’État américain, pour investir et continuer à se développer, emprunte à des investisseurs, dont fait partie la Chine, avec des taux d’intérêt. Ces emprunts se font généralement sur 10 à 30 ans et sont très appréciés car considérés comme des actifs refuges : pour les investisseurs, il est improbable que les États-Unis s’écroulent économiquement. Ces obligations offrent donc un rendement garanti.
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775 milliards de dollars de bons du Trésor américain
Ces T-Bonds représentent « environ 17 % de la dette américaine. Et la Chine possède environ 9 % de ces bons », détaille le journal de Montréal . Fin février, cela représentait 775 milliards de dollars américains de bons du Trésor détenus par la Chine, sur un total d’environ 8 000 milliards de dollars, faisant du pays le deuxième plus grand créancier des États-Unis, derrière le Japon.
Vendre les bons du Trésor en grande quantité sur le marché des obligations, risque de faire grandement baisser la valeur de ces bons. Comme ils seront moins rares pour les investisseurs, lorsque les États-Unis auront besoin d’emprunter de nouveau à travers ces T-Bonds, ils seront « contraints d’emprunter à des coûts supérieurs » pour espérer avoir un créancier, précise La Nouvelle Tribune . À cause de ces taux plus élevés, le pays aura alors plus de mal à rembourser ses dettes.
À terme, cette hausse risque de se répercuter sur les prêts aux entreprises et les prêts hypothécaires, « ce qui signifie que ce qui se passe sur les marchés obligataires peut causer des dommages économiques aux entreprises et aux ménages » états-uniens, prévient l’agence Reuters.
La dette américaine : un actif trop important
« L’argument de l’instrumentalisation de la dette américaine par la Chine est exagéré », tempère le Journal de Montréal. Et cela pour plusieurs raisons. La première est que la part de la dette américaine que possède le pays asiatique est aujourd’hui bien moins importante qu’il y a quelques années et représente donc une moins grande menace qu’avant. « En août 2017, la Chine […] détenait plus de 1 146 milliards de dollars de bons du Trésor américain, soit près 20 % du montant détenu par l’ensemble des États étrangers », explique le média The Conversation . Aujourd’hui, cette créance n’est donc plus que de 9 %.
De plus, « ces bons du Trésor américain demeurent une catégorie unique dans l’univers des investisseurs, comme actifs extrêmement liquides et sûrs, et qu’aucun autre ne peut pour l’instant remplacer », affirme l’économiste Sophie Wieviorka, dans une étude économique du Crédit Agricole. Cela signifie que si la Chine décidait de vendre tous ses T-Bonds, les autorités chinoises n’auraient plus d’actifs offrant un rendement aussi sûr et cela n’affecterait que très peu l’économie interne des USA, « notamment parce que le pays se finance plus sur son marché domestique et que des acteurs traditionnels (en particulier européens) ont réinvesti dans la dette américaine ».
Pour finir, une déstabilisation forte du marché de la dette américaine aurait des répercussions mondiales. Les Tresory Bounds étant réputés pour leur sûreté, leur chute demanderait aux investisseurs de changer d’actifs. Seulement, il n’en existe pas d’aussi importants que ceux des USA : « Il n’y a par exemple pas assez de bons du trésor allemand, et ceux d’autre pays sont plus risqués. Cela correspond précisément à la définition d’une crise financière mondiale », alerte Sud Ouest .
Source Sud Ouest