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Quand il est question de la dette, transparence devrait être le maître mot. La Banque mondiale alerte dans son rapport sur le recours des pays en développement à des mécanismes d’emprunts de plus en plus opaques. L’évaluation de leur dette publique devient dès lors de plus en plus difficile. D’autant que si les trois quarts de ces économies publient désormais des données concernant leur dette, elles sont seulement un quart à donner des détails sur les derniers prêts contractés.
Depuis 2018, la Banque mondiale a réussi à identifier 631 milliards de dollars supplémentaires pris dans des engagements de prêts qui n’ont pas été signalés.
Les pays en développement sont en première ligne, puisqu’ils subissent des coûts d’intérêts plus élevés pour financer leur dette, ont des besoins importants de refinancement et certains ont même un accès limité aux marchés, explique le rapport. Mais la dynamique s’est accélérée avec l’augmentation des taux d’intérêt et le resserrement des conditions de financement.
Or, c’est bien souvent un manque de transparence qui contribue à écarter les pays des marchés financiers et les amène à devoir payer leur dette plus cher. Un véritable « cercle vicieux », argue Axel van Trotsenburg, directeur général senior de la Banque mondiale. « Quand la dette cachée refait surface, le financement se tarit, les conditions se resserrent et les pays se tournent alors vers des opérations opaques et « collatéralisées ». Une transparence radicale de la dette qui rende accessibles des informations fiables et actualisées est fondamentale pour briser ce cercle vicieux. »
Un manque de transparence peut même avoir de fâcheuses conséquences macroéconomiques. Des dettes cachées ont pu déclencher « des chocs de confiance et des crises économiques », explique le rapport. La transparence est ainsi « essentielle pour débloquer les investissements, stimuler la croissance et créer des emplois », complète Axel van Trotsenburg.
Des instruments non conventionnels
Plusieurs instruments non conventionnels hors budget sont ainsi utilisés par les économies en développement pour continuer d’emprunter, comme les financements garantis, les swaps de banques centrales ou encore les placements privés.
La dette garantie (collateralized debt, en anglais) représente une grande partie de l’endettement des économies africaines. Le Tchad, la Zambie et le Ghana ont notamment contracté des prêts adossés à des ressources naturelles. De leur côté, le Malawi et la République du Congo ont eu des difficultés à traiter ce type de dettes lors de leurs restructurations.
Concernant les placements privés, qui servent à vendre sur les marchés des titres de dette à des investisseurs institutionnels sans faire d’offre publique, ils ont été récemment utilisés par le Cameroun (2023), le Sénégal (2024), ainsi que le Kenya et le Gabon (prévu en 2025). Si ce type de financement permet plus de flexibilité, il peut être à haut risque sur le long terme.
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Des recommandations pour plus de transparence
Pour résoudre l’enjeu de la transparence de la dette, la Banque mondiale a émis plusieurs recommandations. Pour les emprunteurs, elle recommande des réformes législatives et réglementaires incluant, par exemple, l’obligation de publier des informations sur chaque transaction faite pour la dette publique. Elle encourage également les pays à « renforcer leurs procédures d’autorisation de la dette », afin de mieux vérifier les instruments de dette non conventionnels.
Du côté des prêteurs, elle demande, entre autres, que les données relatives au prêt soient rapprochées avec le système de la Banque mondiale. Mais également à ce que soient incluses des exigences de transparence dans les accords de restructuration.
Source la Tribune