D’abord le Niger, ensuite le Mali et la Guinée. La Cedeao lève les sanctions contre ces trois pays de la bande sahélienne, sauf celles prises contre le Burkina Faso. L’organisation, qui revoit son approche, met tout en œuvre pour empêcher la sortie des pays de l’AES qu’elle appelle à « la négociation » et « au dialogue ».
Le Niger, le Mali et la Guinée peuvent désormais reprendre la coopération avec le reste des pays membres de la Cedeao. La Conférence des chefs d’Etat de l’organisation réunis en sommet extraordinaire ce week-end à Abuja a décidé de lever les sanctions contre les trois pays, « avec effet immédiat », indique le communiqué final publié dimanche après-midi. Le Niger qui était sous le coup de huit lourdes sanctions, peut désormais – entre autres – voir marchandises et personnes circuler librement entre Niamey et la région, le dégel de ses avoirs auprès des banques centrales de la Cedeao et de ses entreprises publiques et parapubliques auprès des banques commerciales, reprendre les transactions commerciales et financières entre le pays et ses voisins ou encore les voyages des membres du gouvernement et de leurs familles au sein de l’espace régional.
Au sujet du Mali, les chefs d’Etat de la Cedeao ont levé les restrictions imposées au recrutement de citoyens maliens à des postes professionnels au sein des institutions de la Cedeao. La Guinée, quant à elle, voit toutes les sanctions économiques et financières levées
Malgré le projet de retrait de l’AES, le Burkina toujours sanctionné
Ces décisions, notamment au sujet du Niger étaient déjà attendues quelques semaines avant le sommet. Dans les pays concernés, elles ont été accueillies avec satisfecit, notamment au Niger où les commerçants et les populations habitués à la libre-circulation en étaient privés. « Les circonstances actuelles dans notre sous-région, exigent que nous prenions des décisions difficiles, mais courageuses qui place le sort de nos populations au centre de nos décisions. Nous devons revoir notre approche quant au retour de l’ordre constitutionnel chez quatre de nos pays membres », a déclaré Bola Tinubu, président du Nigeria et président en exercice de la Cedeao.
Sur les quatre pays sous sanctions depuis, le Burkina Faso le demeure, la Conférence des chefs d’Etat ne s’étend pas prononcé sur les sanctions infligées à ce pays ouest-africain dirigé depuis le 30 septembre 2022 par le capitaine Ibrahim Traoré.
Pourtant, un autre dossier chaud de ce sommet extraordinaire de la Cedeao est bien le retrait voulu des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Les chefs d’Etat ont bel et bien « examiné en détail les notifications du Burkina, du Mali et du Niger concernant leur décision de se retirer de la Cedeao ». Cette annonce, pour rappel, avait fait l’effet d’une bombe, plongeant l’organisation régionale dans une crise. Clairement, la Cedeao ne veut pas le retrait. L’institution se dit « préoccupée par les conséquences socio-économiques, politiques, sécuritaires et humanitaires de cette décision, notamment pour les citoyens des trois États membres et pour le processus d’intégration régionale, et invite instamment les trois États membres à recourir au dialogue, à la négociation et à la médiation pour répondre à leurs préoccupations ».*
L’UA et l’ONU appelés en renfort
Pour tenter de convaincre au mieux les pays de l’AES d’abandonner leurs projets, la Commission de la Cedeao va demander l’appui de l’Union africaine, de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), des Nations Unies (ONU) et d’autres organisations internationales et des partenaires bilatéraux.
Jusqu’ici, aucun de ces pays n’a officiellement réagi à l’annonce de la Cedeao. Mais il ne fait aucun doute que l’évolution de la situation au sein de l’organisation régionale retiendra l’attention, d’autant que le cas du Sénégal – où la date des élections présidentielles n’est pas encore fixée – suscite encore des inquiétudes, même si Macky Sall a été félicité lors de ce sommet extraordinaire.