COP28 : les pays du monde entier approuvent un appel historique à une « transition hors des combustibles fossiles »

La présidence de la conférence mondiale sur le climat (COP28) a présenté mercredi un projet d’accord final sur le climat, qui, pour la première fois, pousserait les pays à abandonner les combustibles fossiles afin d’éviter les pires conséquences du changement climatique. Les pays du monde entier ont approuvé mercredi par consensus à la COP28 à Dubaï ce projet d’accord final.

Clap de fin pour la COP28 de Dubaï. Les pays du monde entier ont en effet approuvé ce mercredi par consensus une décision appelant à une « transition » vers l’abandon des énergies fossiles, pour la première fois dans l’histoire des conférences sur le climat de l’ONU. Pour rappel, les énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon) représentent actuellement environ les deux tiers des émissions de gaz à effet de serre de la planète.

Dès l’ouverture de la séance plénière de clôture, les délégués ont adopté la décision préparée par les Emirats arabes unis, déclenchant une ovation debout et un tonnerre d’applaudissements des délégués. Il s’agit d’une décision « historique pour accélérer l’action climatique », a déclaré Sultan Al Jaber, président de la conférence de l’ONU et patron de la compagnie pétrolière émiratie, Adnoc.

« Nous avons une formulation sur les énergies fossiles dans l’accord final, pour la première fois », a-t-il ajouté, déclenchant de nouveaux applaudissements.

« Victoire diplomatique pour la France »

« Nous devons être fiers de ce succès historique, et les Emirats arabes unis, mon pays, sont fiers de leur rôle pour y parvenir », a-t-il ajouté. « Nous quittons Dubaï la tête haute. »

« L’accord de la COP28 qui vient d’être adopté est une victoire du multilatérialisme et de la diplomatie climatique », a salué mercredi la ministre française de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher à Dubaï.

Adopté au terme de longues négociations, « le texte appelle pour la première fois à la sortie progressive des énergies fossiles, en cohérence avec l’objectif des 1,5°C », niveau de réchauffement planétaire inscrit dans l’accord de Paris en 2015, a estimé la ministre. « C’est la première fois que tous les pays convergent sur ce point », fait-elle valoir.

La mention de l’énergie nucléaire dans l’accord constitue une « reconnaissance historique et une victoire diplomatique pour la France », a complété la ministre.

« Pour la première fois, le texte mentionne à plusieurs reprises la contribution de l’énergie nucléaire à la lutte contre le changement climatique », a-t-elle souligné.

« Transitioning away » et non « phase-out »

En choisissant le terme de « transitioning away » (« transitionner hors de », « s’éloigner », « abandonner » selon les traductions possibles en français), le texte ne réintroduit donc pas le terme de « phase-out » (« sortie ») réclamé par 130 pays (Union européenne, Etats insulaires, Etats-Unis, Brésil…), mais refusé par des pays producteurs de pétrole, Arabie saoudite en tête. Il avait proposé de reconnaître « la nécessité d’une réduction forte, rapide et soutenue des émissions de gaz à effet de serre, en lien avec les trajectoires de +1,5°C et appelle les parties à contribuer aux efforts mondiaux suivants », soit une liste de 8 types d’actions.

Parmi eux, le triplement des énergies renouvelables d’ici à 2030, le développement du nucléaire, de l’hydrogène « bas carbone », et les technologies balbutiantes de captage du carbone, plébiscitée par les pays producteurs de pétrole. La transition d’une « manière juste, ordonnée et équitable » mentionnée dans le texte signifie le respect d’un rythme différent selon les pays, leurs besoins de développement et leur responsabilité historique dans le réchauffement climatique.

Un seul pays peut objecter à l’adoption d’une décision à la COP

Ces formulations ont suffi à emporter l’adhésion des quelque 130 pays qui réclament un signal fort pour ralentir le réchauffement mondial dès cette décennie. Pour rappel, un seul pays pouvait objecter à l’adoption d’une décision à la COP, selon les règles de l’ONU Climat.

Jusqu’ici, les COP n’ont adopté que des objectifs de « réduction » des émissions de gaz à effet de serre, sans explicitement aborder le sort de toutes les énergies fossiles, responsables de deux tiers des émissions. Seule une « réduction » du charbon avait été actée à la COP26 à Glasgow, mais des objectifs sur le pétrole et le gaz n’ont jamais été adoptés.

Les tractations de la COP28 ont duré toute la nuit de mardi à mercredi. Avec ce projet d’accord, le président émirati de la COP28, Sultan Al Jaber, avait cherché à sauver une COP qu’il avait annoncée comme « un tournant », à même de préserver l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris : limiter l’élévation de la température mondiale à 1,5°C. Son premier projet de texte, lundi, a suscité un tollé, faute d’appeler à la « sortie » du pétrole, du gaz et du charbon qui sont la première cause du réchauffement de la planète, actuellement mesuré à +1,2°C par rapport à l’ère pré-industrielle.

 

Ce qu’en pensent les ONG

« Ce n’est pas la promesse historique du « phase-out » mais « transition hors », cela envoie quand même un signal important. Et si c’est adopté, ce serait quand même la première fois qu’on a de tels mots, qui couvrent non seulement le charbon, mais aussi le pétrole et le gaz », a réagi Caroline Brouillette, directrice du réseau d’ONG Réseau Action Climat Canada. Elle a regretté cependant l’inclusion de « distractions dangereuses comme la capture et le stockage du carbone, le nucléaire. »

L’ONG WWF a qualifié le nouveau projet d’accord d’ « amélioration » concernant les énergies fossiles, par rapport à la version précédente, tout en notant l’absence d’appel à une « sortie complète » des fossiles. Mais « si ce texte est adopté, il représenterait un moment significatif », a estimé Stephen Cornelius, de WWF.

« Ce texte est un pas en avant sur le chemin de la sortie des énergies fossiles, mais n’est pas la décision historique que l’on espérait », a réagi Andreas Sieber de 350.org, qui aurait voulu un appel plus direct à la sortie des fossiles.

Le projet « envoie un signal clair que le monde s’engage de façon décisive vers une sortie des énergies fossiles », analyse quant à lui Jake Schmidt, de l’ONG américaine Natural Resources Defense Council.

(Avec AFP)

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