Mi-février, le président du Conseil européen accueillera les dirigeants africains et européens à Bruxelles. Il détaille les principaux défis à relever durant cette rencontre au sommet.
Les 17 et 18 février, c’est bel et bien en présentiel que se tiendra le prochain sommet UE-UA. Celui qui l’assure n’est autre que le président du Conseil européen, Charles Michel. Succédant au Polonais Donald Tusk, l’ancien Premier ministre belge, aujourd’hui âgé de 46 ans, a pris la tête de l’institution communautaire qui regroupe les chefs d’État et de gouvernement des vingt-sept pays membres de l’UE, le 1er décembre 2019.
À ce titre, c’est à lui que revient de chapeauter l’organisation du rendez-vous ô combien important pour les deux partenaires. Mais il n’est pas seul : à ses côtés, Ursula Von der Leyen, la présidente allemande de la Commission, et le Français Emmanuel Macron, qui occupe la présidence du Conseil de l’Union depuis le 1er janvier.
Dans quelques semaines se tiendra le 6e sommet UE-UA, cinq ans après le précédent organisé à Abidjan. L’Europe et l’Afrique parlent-elles toujours le même langage ?
Charles Michel : L’Afrique compte de nombreux partenaires dans le monde. Ce que les Européens lui offrent ? La possibilité d’établir un partenariat que nous écririons ensemble. Nous avons la conviction qu’un espace s’ouvre avec ce rendez-vous. Cela ne sera pas un point d’arrivée, mais bien de départ pour une nouvelle approche. Un nouveau paradigme destiné à fonder une nouvelle alliance. Tout ne sera pas résolu en un sommet, mais celui à venir nous offre l’opportunité de mieux nous comprendre pour mieux définir nos priorités communes.
Quels seront les thèmes abordés ?
Cet événement doit être l’occasion de nous retrouver les yeux dans les yeux autour de trois grands sujets. Le premier concerne les principes fondamentaux d’une future alliance établie dans le respect et l’intérêt mutuels. Nous devons aller au-delà des déclarations généreuses pour, cette fois, les mettre en œuvre, dans le respect des engagements pris par chacun.
Le deuxième point porte sur la manière d’instituer un espace commun de prospérité, en lien avec l’ambition de créer une zone de libre-échange que nous souhaitons voir connectée au marché intérieur européen. Cette prospérité doit également prendre en considération la transition climatique, la transformation digitale, mais aussi l’importance de la santé, de l’éducation ou de la formation professionnelle.
Enfin, dernier sujet, la question de la sécurité et de la stabilité, sur laquelle l’UE doit apporter son soutien, en prenant en compte les solutions portées par les Africains. Nous avons intérêt à collaborer, à renforcer le dialogue afin de dégager ensemble des solutions opérationnelles.
Sept tables rondes thématiques seront organisées autour de ces trois thèmes, de sorte à impliquer les chefs d’États dans des discussions plus interactives et, justement, les faire dialoguer.
Les Africains ont-ils participé à la définition du contenu de ces tables rondes ?
Nous sommes actuellement en train de le faire ensemble. Pour bâtir cette alliance tournée vers l’avenir, Européens et Africains partagent la même conviction concernant l’importance de clarifier de concert les grands principes du futur partenariat, sans craindre d’aborder les sujets qui peuvent fâcher. Pour rapprocher nos points de vue et les faire converger vers un intérêt partagé, encore faut-il nous écouter mutuellement.
Les Africains ont pourtant souvent l’impression que l’UE leur impose des solutions sans réelle concertation, comme avec les initiatives Covax ou Global Gateway…
Par le passé, les leaders locaux ont pu avoir l’impression d’une vision unilatérale, j’en suis bien conscient. Mais le regard européen concernant le partenariat à mettre en place avec le continent a évolué. La préparation de ce sommet montre d’ailleurs ce changement de modèle et de paradigme, avec la volonté affichée d’intégrer les attentes africaines vis-à-vis de l’UE, et de proposer des actions concrètes sur la base des solutions proposées par nos partenaires.
Pourquoi l’Europe continue-t-elle d’avoir une image mitigée sur le continent, malgré ce changement ?
Il nous revient sans doute de mieux expliquer ce que nous faisons. Les lignes ont néanmoins beaucoup bougé ces derniers mois, notamment grâce à la conscience partagée que le changement climatique a un impact fondamental sur nos modèles de développement. Un déchet devient aujourd’hui une ressource dans le cadre d’une économie circulaire. Il faut donc revoir nos modèles de manière radicale.
L’arrivée du Covid a également ébranlé nos repères. Paradoxalement, tout cela a généré des contacts entre leaders africains et européens d’une intensité sans précédent depuis longtemps.