Chinelo Anohu, Directrice Senior de l’Africa Investment Forum (AIF) sur notre chaine

« Notre portefeuille actif est évalué à 87 milliards de dollars USD à la fin 2021 »


La directrice senior de l’Africa Investment Forum (AIF), Chinelo Anohu, s’est entretenue avec Financial Afrik sur les perspectives de cette structure d’investissement soutenue  par la Banque Africaine de Développement (BAD) pour favoriser l’investissement dans les projets PPP.  Devenue en l’espace de quatre ans la première plateforme d’investissement en Afrique, l’AIF est chargée de jouer le rôle de mobilisateur des fonds et de catalyseur des closing du financement des projets PPP. 

Avant de rejoindre la BAD, Chinelo Anohu a été notamment Directrice Générale de la National Pension Commission au Nigeria, jouant un rôle de premier plan dans la réforme du système de pensions dans son pays et dans la mobilisation des ressources domestiques. 

Titulaire d’une licence en droit de l’Université du Nigeria, à Nsukka, en 1996, d’un master en droit de l’informatique et des communications de la London School of Economics en 2000, Mme Chinelo Anohu a suivi une formation pour hauts cadres de la Kennedy School of Government, Harvard University, aux Etats-Unis et de l’Insead Business School, en France. Membre du Conseil consultatif international de l’Université d’Edinbourg Business School en Ecosse et membre du Conseil consultatif de la London Stock Exchange Africa, Chinelo Anohu est l’une des africaines les plus influentes dans la planète finance. Entretien. 


Parlez-nous du rôle de l’Africa Investment Forum (AIF) et de ses objectifs ?

L’Africa Investment Forum (AIF) est une plate-forme multipartite et multidisciplinaire, dédiée à l’avancement des projets de partenariat privé et public-privé à des stades bancables, à la mobilisation de capitaux et à l’accélération de la clôture financière des transactions. Soutenu par la Banque africaine de développement (BAD) et ses partenaires fondateurs (Africa 50, Africa Finance Corporation (AFC), Africa Export-import Bank (Afreximbank), Development Bank of South Africa (DBSA), European Investment Bank (EIB), Islamic Development Bank (IDB) et Trade and Development Bank (TDB)), l’AIF est le marché de l’investissement en Afrique, à travers lequel, ces partenaires fondateurs structurent des transactions transformationnelles, sélectionnent et améliorent des projets, attirent des co-investisseurs et facilitent les transactions pour combler les déficits d’investissement en Afrique. L’AIF vise à réduire les coûts d’intermédiation, à améliorer la qualité de l’information et de la documentation sur les projets, à accroître les engagements actifs et productifs entre les gouvernements africains et le secteur privé, ainsi qu’à accroître l’intégration régionale pour un impact sur le développement. L’AIF offre aux investisseurs l’accès à une plateforme structurée offrant des projets bancables dans un environnement favorable.

L’Africa Investment Forum facilite la sensibilisation aux opportunités d’investissement en Afrique pour les investisseurs internationaux, les investisseurs à impact social, les investisseurs institutionnels (fonds de pension, fonds souverains et autres) à la fois locaux et mondiaux. Il offre aux partenaires de l’AIF l’occasion de déterminer les besoins d’investissement de ces différentes catégories d’investisseurs, de faciliter des structures sur mesure et de mettre en valeur les réussites d’investissement de l’Afrique et les politiques habilitantes qui seraient attrayantes pour ces différentes catégories d’investisseurs qui cherchent à déployer des fonds en Afrique.

L’Africa Investment Forum repose son approche stratégique sur les piliers définis ci-dessous :

A. La Plateforme – sélectionne, soutient et facilite l’origination, la structuration et la clôture de transactions à fort impact dans les secteurs critiques de l’Afrique en facilitant le financement de la préparation des projets et des services de conseil directement ou par l’intermédiaire de son réseau de conseillers en transactions. Il comprend une plate-forme numérique permettant aux investisseurs et aux promoteurs de projets de présenter leurs intérêts et leurs transactions en matière d’investissement, respectivement.

B. Le marché – dirige les engagements productifs et les tables rondes avec les parties prenantes existantes et nouvelles, approfondissant ainsi les relations et diversifiant la base de sponsors, d’investisseurs et de partenaires.

C. Les journées transactionnelles – convoque physiquement les investisseurs, les promoteurs de projets et les décideurs clés sur une plate-forme sur mesure pour les conversations sur l’investissement ainsi que la conclusion de transactions.

D. Le Deal Tracker – un mécanisme structuré pionnier conçu pour faciliter l’avancement des transactions en salle de transactions, accélérer les engagements des investisseurs et faire avancer les projets vers et jusqu’à la clôture de transactions.

E. Environnement du savoir – vise à favoriser une réglementation favorable à l’investissement, un climat favorable à l’investissement pour éliminer les goulets d’étranglement, pour négocier la clôture de transactions, ainsi que la diffusion des produits du savoir.

Comment l’AIF s’est développé depuis sa création en 2018 ?

L’Africa Investment Forum s’impose solidement comme la plate-forme de négociation de l’Afrique, renforçant ainsi la déclaration clé du Rapport 2018 du Groupe de personnalités éminentes du G20, sur la gouvernance financière mondiale, qui présente l’AIF comme un exemple de plate-forme régionale qui permettra une meilleure collaboration et une meilleure répartition des tâches entre les partenaires de développement opérant dans une région.

L’inauguration de l’Africa Investment Forum en 2018 (AIF2018) qui a mobilisé les intérêts d’investissement dans le cadre de 49 transactions d’une valeur de 38,7 milliards USD, a été mondialement saluée pour avoir dépassé les attentes des parties prenantes. L’édition 2019 a placé la barre encore plus haut en attirant les intérêts d’investissement dans le cadre de 52 transactions d’une valeur de 40,1 milliards USD. Lors des salles de transactions virtuelles de l’AIF2021 qui se sont récemment tenues en mars 2022, l’AIF a mobilisé 32,8 milliards USD d’intérêts d’investissement dans 31 projets bancables.

En janvier 2020, huit transactions de l’AIF d’une valeur de 2,183 milliards USD avaient obtenu un investissement total. Et dix transactions du portefeuille 2018 et 2019 évaluées à 3,1 milliards USD, ont été conclues à la fin de l’année 2021. Six de ces transactions sont partiellement financées par la Banque africaine de développement, contribuant à hauteur de 225,7 millions USD. Les dix transactions clôturées sont les suivantes :

1. Fonds multinational d’investissement dans les infrastructures en Afrique

2. Fonds multinational africain de garantie pour les PME

3. Gabiro Agri-Business Hub Phase 1 du Rwanda

4. Projet d’agro-transformation de viande bovine en Afrique du Sud

5. Nouvelle Centrale Thermique à Lomé au Togo

6. COCOBOD Ghana

7. Fonds multinational Alitheia IDF

8. Mécanisme multinational pour l’inclusion énergétique

9. Multinationale AfriInvest IV

10. Nigeria Infrastructure Credit Guarantee Company Limited (« InfraCredit »)

Depuis sa création, l’AIF s’est attaché à surmonter certains des plus grands obstacles auxquels le continent est confronté pour attirer les investissements. L’AIF a dressé le profil d’une gamme de projets de transformation, en mettant ces projets en relation avec des investisseurs, en convoquant les parties prenantes du projet et en offrant des outils de réduction des risques. À la fin de 2021, le portefeuille actif de l’AIF comprenait 136 transactions évaluées à 87, 517 milliards USD. De ce nombre, 83 transactions répondaient aux critères d’intégration dans le pipeline AIF 2021. Il y a eu 45 transactions en salle de transaction d’une valeur de 57,383 milliards USD ; 25 transactions B2B évaluées à 2,604 milliards USD ; et 13 transactions du type Galerie évaluées à 1,330 milliard USD.

Grâce à ces transactions transformatrices, l’AIF continue de démontrer sa valeur envers ses partenaires fondateurs, et en particulier la BAD, alors que la plateforme apporte de nouvelles transactions dans le portefeuille de la Banque et augmente le cofinancement des projets existants de la Banque, renforçant ainsi le positionnement de la Banque par rapport au secteur privé africain.

Depuis sa création, l’AIF a :

• augmenté sa base d’investisseurs de 420 en 2019 à 682 en 2021

• mis en œuvre son mécanisme de suivi des transactions

• progressé dans ses efforts pour faire avancer les transactions jusqu’à la clôture

• affiné son processus d’intégration et ses critères de sélection des transactions, et

• élaboré une nouvelle stratégie de partenariat et de parrainage.

• lancé une intervention unifiée contre la Covid-19 avec ses partenaires en réponse à la pandémie.

Malgré l’environnement difficile de la Covid-19, l’Africa Investment Forum a également pris plusieurs mesures importantes pour innover et renforcer ses processus institutionnels. Ces mesures sont guidées par les trois objectifs stratégiques de l’AIF : (i) Faire progresser les transactions vers la bancabilité, (ii) Lever des capitaux et (iii) Accélérer la clôture des transactions.

Ces réunions de partenaires permettent à l’AIF de continuer à croître et à se développer en une plate-forme réactive aux besoins du secteur privé africain. Il est important de noter que l’AIF a également pris des mesures pratiques pour élaborer une stratégie de viabilité financière qui conduira à une phase de développement institutionnel importante pour l’AIF en 2022.

En ce qui concerne l’AIF 2022, quels sont vos espoirs et vos attentes en termes de nombre de transactions et de montant des financements d’investissement levés ?

Les sessions des salles de transactions virtuelles de l’AIF qui ont eu lieu en mars 2022 ont mobilisé 32,8 milliards USD d’intérêts d’investissement dans trente et un (31) projets bancables. 754 participants se sont inscrits pour assister aux salles de transactions virtuelles. Parmi celles-ci, 462 investisseurs de 73 organisations ont participé activement aux discussions sur les transactions.

Les réunions virtuelles des trois jours de salles de transactions ont présenté quarante et un projets évalués à 57,7 milliards USD. Ceux-ci couvraient une série de projets nationaux et régionaux ainsi que des secteurs tels que les soins de santé, l’agriculture, les TIC et les télécommunications, l’éducation, l’énergie, les médias et le divertissement, le développement urbain, les infrastructures et les transports. Plusieurs transactions organisées présentées étaient détenues par des femmes, dirigées par des femmes et influencées par le genre.

Par secteur, l’infrastructure est la plus importante en termes de taille de valeur. Il y a eu 4 projets liés à l’infrastructure d’une valeur totale de 23,5 milliards USD discutés pendant la salle des transactions. L’énergie est le secteur le plus important en termes de nombre de transactions et le deuxième en termes de taille de valeur. Il y a 13 projets liés à l’énergie d’une valeur totale de 18,2 milliards USD présentés pendant les salles de transactions.  Par région, l’Afrique de l’Ouest compte la plupart des projets en termes de nombre de cas et de valeur.

Certains des projets phares qui ont été présentés pour discussion lors des salles de transactions virtuelles de mars, relèvent du pipeline de transactions de la réponse unifiée de l’AIF à la Covid-19.

Il s’agit notamment des projets suivants :

• Centre biomédical et pharmaceutique d’une valeur de 79 millions USD

• Centrale à biomasse d’une valeur de 348 millions USD

• Hôpital d’oncologie d’une valeur de 140 millions USD

• Projet de fibre optique d’une valeur de 454 millions USD

• Académie du cinéma et des arts du spectacle d’une valeur de 140 millions USD

• Projet novateur de télémédecine d’une valeur de 65 millions USD

• Village technologique d’une valeur de 450 millions USD

• Projet de chemin de fer pour les marchandises d’une valeur de 4,2 milliards USD

• Projet de combustible pour raffinerie en Afrique de l’Est d’une valeur de 4,5 milliards USD.

Lors de l’Africa Investment Forum 2022 (AIF2022) qui se tiendra à Abidjan du 2 au 4 novembre, nous nous réjouissons à la perspective de convertir ce niveau extrêmement élevé d’intérêt pour l’investissement en investissements réels.

Nous entendons beaucoup parler de l’importance et de l’attractivité des Technologies financières africaines, mais dans quels autres secteurs vous attendez-vous attirer les investissements ?

L’AIF organise actuellement des projets dans les secteurs phares suivants qui suscitent un intérêt important de la part d’investisseurs locaux et mondiaux :

• Les femmes en tant que championnes de l’investissement : Investir dans des entreprises dirigées par des femmes a été identifié comme l’un des principaux piliers de l’AIF.  Huit projets présentés dans les récentes salles de transactions virtuelles sont dirigés par des femmes et ont une valeur potentielle d’environ 4,93 milliards USD.  L’objectif est de combler le déficit de financement de 42 milliards USD pour les femmes entrepreneurs en Afrique.

• Industries créatives : Ces industries sont des multiplicateurs d’emplois potentiels qui génèrent plus de 4,2 milliards USD de dollars par an de revenus à travers le continent. Les secteurs du cinéma, de la musique et de l’artisanat font maintenant partie des industries les plus dynamiques de l’Afrique, avec une audience mondiale en croissance exponentielle. Il y a actuellement trois projets de ce type dans notre pipeline, d’une valeur de 713,8 millions USD.

• Le sport en tant que catalyseur d’affaires : Le secteur du sport offre des opportunités croissantes pour le franchisage, le déploiement de la marque et les transactions dans le secteur des médias.  L’industrie offre des opportunités intéressantes pour tirer parti de l’écosystème sportif en tant que passerelle à d’autres investissements sur le continent.

La pandémie de Covid a-t-elle augmenté les opportunités dans les secteurs sanitaire et pharmaceutique ?

L’impact de la pandémie de COVID-19 sur l’économie mondiale a été sans précédent par nature et par son ampleur. La pandémie a mis en évidence le besoin urgent de meilleurs soins de santé pour l’Afrique. L’inégalité d’accès aux vaccins, ainsi que les perturbations des chaînes d’approvisionnement causées par les fermetures économiques mondiales ont souligné la dépendance excessive du continent, aux importations médicales et pharmaceutiques. Néanmoins, la pandémie a ouvert de nouvelles opportunités d’investissement, soulignant la nécessité d’accélérer les investissements dans les infrastructures sanitaires essentielles du continent afin de construire des économies plus résilientes et mieux protégées des chocs exogènes mondiaux.

Les opportunités d’investissement dans les secteurs sanitaires et pharmaceutiques figuraient parmi les domaines qui ont été discutés lors des sessions des salles de transactions virtuelles de l’AIF, où plusieurs transactions prêtes à l’investissement ont été organisées.

Il s’agissait notamment d’une transaction d’une valeur de 79 millions USD impliquant la construction d’un centre pharmaceutique et biomédical en Afrique de l’Ouest. Le centre comprendra une plate-forme logistique, des installations de recherche et développement et une institution universitaire qui pourrait servir la région et le continent au sens large dans la fabrication de vaccins et le développement de médicaments et de médicaments et médicaux.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a récemment annoncé que le Kenya, le Sénégal, la Tunisie, l’Afrique du Sud, l’Égypte et le Nigéria seraient les premiers participants à son initiative de centre de transfert de technologie d’ARNm. L’initiative ouvre la voie à la fabrication et à l’octroi de licences pour une gamme de produits pharmaceutiques dans ces six pays. Il est susceptible de susciter un vif intérêt des investisseurs pour le secteur pharmaceutique en plein essor en Afrique.

Les promoteurs cherchent également à investir 96 millions de dollars dans un projet de développement d’un centre médical d’excellence avec une capacité de 250 lits dans un pays d’Afrique de l’Ouest qui fournira des soins spécialisés privés.

Bien que le renforcement des soins de santé primaires en Afrique soit au centre des investissements dans le secteur des soins de santé, une autre transaction des salles de transactions fera face à une augmentation anticipée des taux de cancer en Afrique. En raison de la croissance démographique et du vieillissement démographique, les experts prévoient une augmentation de 70% de nouveaux cas de cancer sur le continent d’ici 2030. Le centre d’excellence sur le cancer, qui sera mis en place en Afrique australe, nécessitera un investissement de 140 millions USD.

Outre les investissements dans les infrastructures de soins de santé et la fabrication, d’autres éléments sont nécessaires pour renforcer le système de santé africain. Parmi ceux-ci, il est essentiel de resserrer l’intégration économique intra-africaine afin d’ouvrir de nouveaux marchés pour les médicaments produits dans le pays. Un cadre réglementaire qui permet aux produits pharmaceutiques produits dans un pays d’être vendus légalement dans d’autres pays est également important.

L’Africa Investment Forum et le Groupe de la Banque africaine de développement ont soutenu deux initiatives qui stimulent l’intégration commerciale et l’harmonisation réglementaire à l’échelle du continent. Il s’agit de l’Agence médicale africaine et de la Zone de libre-échange continentale africaine.

L’Agence africaine des médicaments harmonise les exigences réglementaires pour faciliter l’accès aux médicaments. En partenariat avec son homologue de l’Union européenne, l’Agence africaine des médicaments fournit un soutien aux autorités réglementaires nationales de plusieurs pays afin d’atteindre les exigences minimales de l’Organisation mondiale de la santé en matière de surveillance réglementaire efficace pour produire des vaccins locaux de qualité.

La Zone de libre-échange continentale africaine devrait également faire progresser l’intégration des marchés et des normes africains pour les produits pharmaceutiques et autres produits.

En regardant vers l’avenir, quelles sont vos ambitions pour l’AIF et son rôle dans le changement du récit sur l’Afrique ?

L’Africa Investment Forum occupe une position unique sur le continent par sa capacité à mobiliser des financements du secteur privé pour des projets transformateurs ayant un impact significatif sur le développement. En tant qu’initiative transformationnelle, défendue par la BAD et ses principaux partenaires, l’objectif est d’accélérer les investissements sur le continent d’une manière sans précédent.

L’AIF est en train de changer le récit du paysage de l’investissement en Afrique en attirant des investissements privés pour accélérer la transformation du continent et, en fin de compte, soutenir la réalisation des objectifs de développement mondiaux et continentaux. La vision de l’AIF est d’être une plate-forme transactionnelle à effet de levier qui fera pencher la balance des capitaux vers les secteurs critiques d’Afrique dans le but de réaliser l’Agenda 2063, les ODD et les High 5 de la BAD.

L’Afrique continue d’être perçue comme un endroit risqué pour faire des affaires. L’AIF a mis en place des processus pour nous aider à renforcer la confiance des investisseurs. Il s’agit notamment d’un processus d’intégration, qui impliquait une communication avec les sponsors, mais vise à examiner les transactions qui dépassent clairement les niveaux acceptables d’exposition juridique, politique et de réputation. Les transactions qui passent par cette étape sont ensuite examinées en fonction de l’état de préparation des projets ; l’impact transformateur et économique, l’impact environnemental et social ; le classement de la gestion et du KYC (Connaître son client) ; ainsi que des antécédents en matière d’investissement ou de gestion. La liste finale des transactions présélectionnées à l’issue des deux processus est constituée de transactions qui correspondent étroitement aux niveaux mondiaux d’appétit pour le risque des investisseurs.

En tant que marché de l’investissement en Afrique, défendu par les partenaires fondateurs, l’AIF vise à accélérer la réduction des déficits d’investissement du continent.  Les partenaires sont tous des institutions clés de financement du développement et des banques multilatérales de développement. Depuis la création de l’AIF, les partenaires fondateurs ont fait preuve d’un engagement ferme envers cette vision, démontrant un leadership collaboratif de la part des principales institutions de financement du développement.

 Il se dit ici et là que l’Afrique manque de transactions bancables. Nous entendons également dire qu’il y a des milliards de dollars d’investissement à la recherche de projets bancables. Comment l’AIF crée, structure et réalise-t-il les transactions jusqu’à leur achèvement – pouvez-vous expliquer le processus ?

La plateforme AIF facilite l’origination, la structuration et la clôture de transactions à fort impact dans les secteurs critiques de l’Afrique. Elle facilite le financement de la préparation de projets et de services de conseil directement ou par l’intermédiaire de son réseau de conseillers. L’AIF comprend également une plate-forme numérique permettant aux investisseurs et aux promoteurs de projets de présenter leurs intérêts d’investissement et leurs transactions respectivement.

Les activités de la Plateforme comprennent :

• L’origination, l’examen , la structuration et les vérifications préalables des transactions : Africa Investment Forum : Processus d’origination et d’intégration des transactions  / Critères de sélection des transactions.

• L’amélioration de l’accès à la préparation des transactions et aux salles de transactions

• Lusophone Compact : le Lusophone Compact est une plate-forme d’investissement pour accélérer les investissements dans les pays africains lusophones. L’objectif global du Pacte est d’accélérer la croissance durable, inclusive et diversifiée des investissements du secteur privé dans les 6 pays lusophones d’Afrique (PALOPs). Le Pacte est officiellement entré en vigueur le 28 décembre 2018.

• La plate-forme numérique : une base de données en direct des projets privés / PPP viables et d’opportunités d’investissement en Afrique avec des analyses de données pour suivre les flux d’investissement.

• Le Deal Tracker de l’AIF est un mécanisme dynamique que l’Africa Investment Forum a conçu pour (i) surveiller la conversion des intérêts d’investissement exprimés lors des séances des salles de transactions de l’Africa Investment Forum, en engagements de financement, (ii) capturer des projections sur les investissements garantis et (iii) faciliter l’avancement des transactions vers la clôture financière.

• Tout au long de la phase de suivi, l’équipe de l’Africa Investment Forum collabore étroitement avec les promoteurs de projets et les investisseurs pour combler les lacunes résiduelles en matière de bancabilité et veiller à ce que d’autres investisseurs soient recrutés pour faire avancer les transactions jusqu’à la clôture.

En tant que marché de l’investissement en Afrique, qu’est-ce qui différencie l’AIF des autres initiatives existantes, en termes d’adéquation entre les bonnes transactions et les bons investisseurs ?

L’Africa Investment Forum occupe une position unique sur le continent grâce à sa capacité à mobiliser des financements du secteur privé pour des projets transformateurs ayant un impact significatif sur le développement. Il y parvient en profilant les projets de transformation, en mettant ces projets en relation avec les investisseurs, en réunissant les parties prenantes du projet et en proposant des outils de réduction des risques, conçus par la Banque africaine de développement et ses partenaires. La place de marché implique une gamme d’engagements productifs et de tables rondes avec les parties prenantes existantes et nouvelles visant à approfondir la collaboration et à diversifier la base de sponsors, d’investisseurs et de partenaires. Plus précisément, l’Africa Investment Forum engage diverses catégories d’investisseurs pour faciliter les efforts de jumelage avec des transactions sélectionnées et organise des tables rondes sur l’investissement pour façonner les perceptions sur les opportunités d’investissement en Afrique.

Les activités du Marché comprennent :

• La mobilisation et l’engagement des investisseurs (un engagement interactif au sein d’une communauté de fournisseurs de capitaux et de promoteurs de projets).

• L’engagement des partenaires (Approfondissement des partenariats existants avec les partenaires fondateurs/institutionnels de l’Africa Investment Forum et la croissance du bassin de partenaires sur l’AIF).

• Tables rondes régionales sur l’investissement (principalement organisées avant les journées transactionnelles pour présenter aux investisseurs locaux des opportunités d’investissement organisées et des transactions potentielles dans les salles de transactions du portefeuille de l’AIF).

• Tables rondes mondiales sur l’investissement (organisées toute l’année avec des investisseurs institutionnels mondiaux et locaux, dans le but ultime d’aligner leur appétit et leurs critères d’investissement sur les opportunités d’investissement organisées en Afrique).

• Investor Blast (un mécanisme d’enquête analytique par lequel les investisseurs sont ciblés et invités à exprimer leur intérêt à participer à la session Des salles de transactions).

• Salles de transactions virtuelles : réunions virtuelles, sur invitation uniquement, entre les investisseurs, les promoteurs de projets, les parties prenantes et les principaux représentants du gouvernement, dans le but d’attirer l’intérêt des investisseurs pour les transactions.

La perception que l’Afrique est un endroit risqué pour faire des affaires persiste. Comment le processus de l’AIF contribue-t-il à renforcer la confiance des investisseurs ?

Tout d’abord, l’AIF effectue un processus d’intégration, qui implique une communication avec les sponsors, mais vise à examiner les transactions qui dépassent clairement les niveaux acceptables d’exposition juridique, politique et de réputation. Les transactions qui passent par cette étape sont ensuite examinées en fonction de l’état de préparation des projets ; l’impact transformateur et économique, l’impact environnemental et social ; le classement de la gestion et du KYC (Connaître son client) ; ainsi que des antécédents en matière d’investissement ou de gestion. La liste finale des transactions présélectionnées à l’issue des deux processus est constituée de transactions qui correspondent étroitement aux niveaux mondiaux d’appétit pour le risque des investisseurs.

Vous avez récemment abrité les sessions des salles de transactions virtuelles qui ont suscité l’intérêt des investisseurs pour 32,8 milliards USD comme déclaré ci-dessus. Que se passe-t-il après les salles de transactions – comment l’AIF donne-t-il suite après un intérêt de 32,8 milliards USD exprimé lors des salles de transactions ?

Les salles de transactions sont des réunions, sur invitation uniquement, entre les investisseurs, les promoteurs de projets, les intervenants et les principaux représentants du gouvernement, dans le but d’attirer l’intérêt des investisseurs pour des projets spécifiques. L’AIF accepte les projets du secteur privé ou les projets de partenariat public-privé (PPP) à différents stades de préparation en vue de les examiner pour les salles de transactions. Le montant minimal pour l’éligibilité aux salles des transactions est de 30 millions USD. Les sessions virtuelles des salles de transactions, qui se sont tenues du 15 au 17 mars 2022, ont présenté plus de 50 milliards USD de projets bancables organisés aux investisseurs.

Les sessions devaient avoir lieu lors des journées transactionnelles de l’AIF 2021 en novembre 2021, qui a été reporté en raison de la variante omicron du virus Covid-19.

Les salles de transactions ont présenté des projets dans des secteurs prioritaires clés identifiés dans l’initiative de réponse unifiée à la Covid-19 2020 de l’AIF. Les secteurs comprennent l’agriculture et l’agro-transformation ; l’éducation ; l’énergie et le climat ; les soins de santé ; les minéraux et l’exploitation minière ; les technologies de l’information et de la communication et les télécommunications ; ainsi que l’industrialisation et le commerce. Neuf de ces projets sont dirigés par des femmes et ont une valeur potentielle de 4,94 milliards USD.

Après les sessions des salles de transactions, les investisseurs qui ont manifesté leur intérêt au cours du processus sont invités à effectuer des réunions bilatérales et leur vérification préalable sur les projets. Les promoteurs de projet, avec l’aide de l’AIF ou de leurs conseillers désignés, se préparent à la vérification préalable, qui, une fois terminée, verra un engagement formel préalable ou une feuille de conditions indicative délivrée au commanditaire pour une partie ou la totalité du financement du ASK (montant demandé). Ces lettres visent soit à obtenir du financement pour le pré-développement (c.-à-d. l’avance vers la bancabilité), soit à confirmer les montants spécifiques demandés pour la mobilisation de capitaux.

Pourquoi la Banque africaine de développement a-t-elle décidé de s’associer à sept autres partenaires pour former l’AIF et comment cette collaboration fonctionne-t-elle ?

Les partenaires de l’Africa Investment Forum se composent de sept institutions clés de financement du développement et de banques multilatérales de développement qui se sont jointes à l’initiative dès sa création. La Banque africaine de développement en est l’hôte. Les autres partenaires sont Africa 50 ; la Société financière africaine (AFC) ; la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) ; la Banque de développement de l’Afrique australe (DBSA) ; la Banque européenne d’investissement (EIB) ; la Banque islamique de développement (ISDB) et la Banque de commerce et de développement (TDB). Depuis le lancement de l’AIF, les partenaires fondateurs ont fait preuve d’un engagement ferme envers sa vision, démontrant le leadership collaboratif des principales institutions africaines de financement du développement.

Les partenaires tiennent des réunions de partenaires et participent également aux discussions des salles de transactions. Lors d’une réunion en février 2022, les partenaires fondateurs de l’AIF se sont réunis pour examiner les progrès réalisés et visualiser cinq transactions. Il s’agissait notamment d’un investissement visant à développer plus de 220 km de lignes de transport d’électricité dans le cadre d’un accord de partenariat public-privé à long terme ; un projet dont l’objectif est de déployer, sur dix ans, l’infrastructure à large bande auprès de plus de 800 000 clients résidentiels et de petites entreprises ; et un projet de création d’un pôle biomédical et pharmaceutique.

Outre les organisations partenaires fondatrices, les 160 participants à la réunion, représentant les investisseurs et les organisations de préparation de projets, comprenaient Sarah Whitten de l’Agence des États-Unis pour le commerce et le développement (USTDA), Preeti Sinha, secrétaire exécutive du Fonds de développement des capitaux des Nations Unies (UNCDF), et Omar Ezzat du Centre de coopération multilatérale pour le financement du développement.

La présentation en février faisait partie d’une réunion de deux jours des partenaires fondateurs. Auparavant, les dirigeants des institutions partenaires se sont réunis pour discuter des développements et des domaines d’intérêt stratégiques au cours de l’année à venir.

Le Président de la BAD, Mr. Akinwumi A. Adesina, qui préside l’AIF, a souligné l’importance de donner la priorité à la sécurité et à la souveraineté de l’Afrique en matière de soins de santé, sur la base de trois piliers : la construction d’infrastructures de soins de santé de qualité ; le développement de l’industrie pharmaceutique du continent ; et l’augmentation de la capacité de fabrication des vaccins. Il a félicité les chefs des institutions partenaires de s’être réunis rapidement en 2020 pour lancer une réponse unifiée à la Covid-19, qui a été annoncée lors de la dernière réunion des partenaires fondateurs.

Le Président a déclaré qu’il s’attendait à ce que de nombreux partenaires fondateurs de l’AIF jouent un rôle dans l’initiative de l’Alliance pour les infrastructures vertes de la Banque africaine de développement, d’Africa50, de la Commission de l’Union africaine et du NEPAD AUDA. Le partenariat, qui a été annoncé le 18 février lors du sommet UE-UA, permettra de lever jusqu’à 500 millions de dollars de capital de développement et de préparation de projets à un stade précoce afin de catalyser des projets d’infrastructure bancables et plus écologiques à grande échelle et à grande vitesse.

Le responsable d’Afrique 50, Alain Ebobissé, a cité l’accélération de la fuite des capitaux pendant la pandémie et a réitéré la nécessité de galvaniser la mobilisation des ressources intérieures. Parmi les autres sujets de discussion figuraient le rôle de la Zone de libre-échange continentale africaine dans le développement des marchés régionaux et la transition énergétique de l’Afrique.

Comment les objectifs de l’AIF s’alignent-ils sur ceux de la Banque africaine de développement, des ODD et de l’Agenda 2063 ?

L’AIF est une initiative transformationnelle, défendue par la Banque africaine de développement et ses principaux partenaires pour accélérer les investissements sur le continent d’une manière sans précédent. La vision de l’AIF est d’être une plate-forme transactionnelle à effet de levier qui fera pencher la balance des capitaux vers les secteurs critiques de l’Afrique dans le but d’atteindre les ODD, l’Agenda 2063 et les High 5. C’est le marché de l’investissement en Afrique, défendu par la Banque africaine de développement et ses partenaires, pour accélérer la réduction des déficits d’investissement du continent.

L’AIF fonctionne comme une plate-forme multipartite et multidisciplinaire dédiée à l’avancement des projets à des stades bancables, à la mobilisation de capitaux et (c) à l’accélération de la clôture financière des transactions.

La vision de l’Africa Investment Forum se traduit par trois objectifs de renforcement :

a. Faire avancer les projets au stade bancable, par une préparation efficace des projets ainsi que par des services de conseil en transactions efficaces qui font progresser les transactions dans le pipeline de l’AIF.

b. Mobiliser des capitaux pour attirer les partenaires et les investisseurs, en particulier les investisseurs institutionnels, en vue d’un cofinancement accru ; et

c. Accélérer la clôture financière des transactions grâce à une approche coordonnée.

En plus de créer de la valeur pour les investissements, quel est l’impact social / sur le  développement des transactions de l’AIF et comment transforment-elles l’Afrique ?

L’AIF a conclu de nombreuses transactions transformatrices, telles que la transaction d’une valeur de 600 millions de dollars du programme d’amélioration de la productivité COCOBOD, qui a été signé en 2018.

Avant l’AIF2018, le projet syndiqué par la BAD avait du mal à gagner du terrain pour les investisseurs, les prêteurs étant initialement réticents à s’engager dans une entreprise d’État. À l’AIF2018, la transaction a attiré d’autres prêteurs commerciaux et IFD. Les hauts fonctionnaires du gouvernement du Ghana, dirigés par le président Mr. Nana Akufo-Addo, ont rassuré les investisseurs en (i) s’assurant de l’adéquation des fèves de cacao pour assurer un approvisionnement suffisant aux transformateurs mondiaux et locaux, et (ii) en assurant la non-objection parlementaire à l’applicabilité réglementaire et juridique des engagements gouvernementaux pertinents.

Au-delà des sessions de salles de transactions, l’AIF a continué de soutenir le projet par le biais de son mécanisme de suivi des transactions, en collaborant étroitement avec le sponsor du projet et l’équipe de syndication de la BAD pour s’assurer que d’autres investisseurs étaient recrutés pour faire avancer la transaction jusqu’à sa clôture. Des réunions de haut niveau avec de hauts responsables du COCOBOD et du gouvernement du Ghana en août 2019 ont abouti à l’accord de prêt syndiqué de 600 millions de dollars signé entre la Banque africaine de développement, le Crédit Suisse, la Banque industrielle et commerciale de Chine et le Ghana Cocoa Board lors de la deuxième édition de l’Africa Investment Forum en novembre 2019.

Le projet est sur le point d’apporter une transformation substantielle au secteur agricole du Ghana grâce à des interventions fondamentales dans les activités de production qui améliorent la valeur ajoutée nationale du cacao. En outre, les programmes d’amélioration de la productivité (PPE) du COCOBOD devraient créer l’équivalent de 6 168 emplois à temps plein sur une période de sept ans, dont 45 % sont des emplois pour les femmes.

Le projet bénéficiera également à environ 90 000 jeunes (dont 60 % de femmes) qui seront embauchés et formés pour créer des entreprises communautaires qui offrent des services de pollinisation aux agriculteurs.

Par Ibrahim Dia Junior

Challenges Radio

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