L’opposition ivoirienne a organisé samedi un grand meeting pour afficher son unité contre la candidature contestée d’Alassane Ouattara à un troisième mandat le 31 octobre.
C’est la fin de journée et le soleil descend doucement sur la lagune Ebrié. Davy quitte le quartier du Plateau à Abidjan où il a assisté au meeting organisé par l’ensemble de l’opposition ivoirienne. La trentaine, militant du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) depuis les années 2000, il porte un t-shirt vert en l’honneur de sa formation et de son chef, Henri Konan Bédié.
Il se dit pourtant un peu déçu : « C’était important d’être là pour dire que nous sommes opposés au 3e mandat d’Alassane Ouattara. Mais j’attendais un mot d’ordre clair. Nous sommes prêts. Mais on doit savoir exactement ce qu’on attend de nous. Nos leaders ne peuvent plus se cacher. Il faut assumer. »
Ces derniers jours, les proches et communicants de Bédié ne se cachaient pas pour l’annoncer, montrant volontiers les muscles : ce meeting allait marquer le grand début de la désobéissance civile. Après avoir lancé ce mot d’ordre le 20 septembre, Henri Konan Bédié allait enfin en préciser le contenu.
Pas de grosse annonce
Prenant la parole pour clôturer l’évènement, le chef de file de l’opposition, en sa qualité de doyen et d’ancien chef de l’État, Bédié n’a pourtant fait aucune grosse annonce. Tout juste a-t-il assuré que « la dictature du RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix) unifié sera vaincue dans quelques jours ou quelques semaines » et appelé le « secrétaire général de l’ONU, António Guterres, à se saisir du dossier ivoirien pour la mise en place d’un organe électoral indépendant crédible avant l’élection présidentielle ».
Faut-il en déduire qu’il espère finalement y participer ? Ces derniers jours, le Sphinx de Daoukro avait laissé entendre en privé que son combat contre Alassane Ouattara passait désormais avant la question de sa candidature.
« Bédié a envie d’être candidat, mais il est coincé par la pression mise par Guillaume Soro et Laurent Gbagbo. S’il n’a pas su galvaniser les militants ce samedi, quand aura-t-il l’occasion de le faire ? Le pouvoir ne nous laissera plus nous réunir de cette manière », estime un de ses proches. L’élection est toujours prévue le 31 octobre, et la campagne doit se dérouler du 15 au 29.
Véhémence
Avant lui, les autres personnalités de l’opposition réunies au stade Félix Houphouët-Boigny s’étaient montrées bien plus offensives. Pascal Affi N’Guessan, dont la candidature a aussi été retenue, a appelé à une transition politique pour la renaissance de la Côte d’Ivoire ». « Demain et après demain, soyons en action sur le terrain pour le départ d’Alassane Ouattara », a poursuivi l’ancien Premier ministre, présent au côté d’Assoa Adou, représentant de la branche rivale du Front populaire ivoirien (FPI).
SELON LES INTERVENANTS, LES ATTAQUES CONTRE ALASSANE OUATTARA ONT PARFOIS EU DES RELENTS XÉNOPHOBES.