Le Covid-19 continue de déjouer toutes les prévisions des scientifiques. Alors qu’en décembre 2020 tout le monde s’attendait au pire à propos de l’Afrique du Sud, pays africain le plus impacté par la pandémie en termes d’infections et de morts, voilà que, passé la frayeur du variant local, que l’on fait face depuis janvier à un recul accéléré de la maladie.
Ainsi, l’on est passé d’un record de 22 000 contaminations par jour à environ 1000 sans un confinement strict à l’italienne ou une campagne de vaccination à l’israélienne. Revigoré par la baisse du taux d’infection, aujourd’hui à moins de 5%, le gouvernement du président Cyril Ramaphosa est entrain de lever les restrictions dans ce pays de 60 millions habitants, passé du niveau 3 au niveau 1 à la fin février.
Qu’est-ce qui s’est donc passé ? Les théoriciens de l’immunité collective, qui avaient quasiment abandonné la bataille des idées depuis que l’Angleterre a rallié le camp du confinement à la mi-2020, ressortent de leurs cachettes, heureux de voir dans l’exemple du Rainbow Country la preuve de leurs hypothèses précoces. Pas de doute, es personnes ayant été affectées par le variant sud-africain (le variant 501Y.V2) devraient présenter ensuite de solides immunités. Cité par Les Echos.fr, Tulio de Oliveira, directeur du centre de recherche KRISP, qui séquence le virus, estime que des études montrent que le variant local «produit des anticorps puissants, capables de le neutraliser, mais aussi de bloquer potentiellement d’autres variants et souches du virus ».
Un hic cependant, seuls 1,5 million de sud-africains, soit 2,5% de la population, ont été testés positifs, bien loin de la proportion de 60% nécessaire pour déclencher l’immunité collective. Qu’à cela ne tienne, les scientifiques estiment que le niveau réel d’infection est beaucoup plus élevé en Afrique du Sud comme du reste dans de nombreux pays africains où l’insuffisance des tests est régulièrement pointé du doigt.
Des chercheurs sud-africains, après avoir testé le sang de 4858 donneurs, ont estimé que dans les deux provinces les plus durement touchées du pays, plus de la moitié des personnes âgées de 15 à 69 ans avait déjà contracté le Covid-19. Mais il est peu probable que les niveaux d’immunité soient également élevés dans les autres parties du pays.
Depuis mars 2020, le pays de Mandela a enregistré 50 000 décès supplémentaires dus au Covid-19, ce qui le classe au 16 ème rang mondial, derrière l’Iran et l’Ikraine. Selon le Conseil sud-africain de la recherche médicale (SAMRC), le pays connaît, depuis un an, une surmortalité de 145.000 décès par rapport au nombre habituel de morts naturelles. Le ministère de la Santé compte vacciner 67% de la population d’ici la fin de l’année.
Par Adama Wade