Crise pandémique : une opportunité pour une transition rapide vers une économie plus verte ?

Dans le contexte actuel, les politiques publiques et les stratégies nationales tournées vers une économie plus verte seront désormais plus efficaces pour faire face aux conséquences de la crise pandémique, renforcer la résilience et accélérer la relance des économies du continent.

Les pays africains qui incluent l’action contre le changement climatique comme objectif de base dans la planification et la mise en œuvre de leurs plans de relance économique post-Covid-19 sont plus susceptibles d’attirer des financements, de relever les défis sociaux et d’atteindre une croissance robuste et durable. C’est ce qui ressort du nouveau rapport « Post-Covid-19 Recovery in Africa : Recommendations for Policy Actors » qui revient sur l’impact social, économique et fiscal de la Covid-19 sur le continent et propose des recommandations aux acteurs politiques sur la meilleure manière d’intégrer les initiatives politiques de relance économique.

Co-produit par Power Shift Africa (Nairobi), Society for Planet and Prosperity (Abuja), et Positive Agenda Advisory (Rabat), le rapport s’appuie sur trois études de cas menées en Afrique de l’Est, en Afrique de l’Ouest et en Afrique du Nord, publiées en juillet dernier. « Les concepts de récupération verte et de « reconstruire en mieux » ont récemment gagné en popularité, mais jusqu’à présent, les discussions au niveau local et international sur la portée réelle de ces concepts pour l’Afrique ont été limitées », révèle Chukwumerije Okereke, directeur général de la Society for Planet and Prosperity. « Les recommandations concrètes de ce rapport sont extrêmement importantes pour orienter le continent sur la voie d’une reprise verte résiliente », ajoute-t-il.

Agi maintenant

« L’action climatique immédiate et le financement sont des paramètres clés pour une reprise verte, résiliente et inclusive en Afrique à l’approche de la COP26 », explique pour sa part Fathallah Sijilmassi, co-auteur du rapport et président fondateur de Positive Agenda Advisory. « Il faut agir maintenant et il existe une opportunité en or d’en faire un tournant pour la croissance et le développement accélérés de l’Afrique », avertit-il.

Les auteurs du rapport pointent également du doigt une focalisation étroite sur la reprise économique qui ignore le changement climatique et les objectifs plus larges du développement durable et qui coûterait donc aux économies des pays africains sur le long terme,

« Certains ont l’impression que de telles interventions de relance verte ont un coût, mais ce n’est pas le cas – surtout maintenant après la pandémie, alors que les contraintes financières et sociales sont tellement plus strictes », tient à préciser déclaré Rym Ayadi, présidente de Euro-Mediterranean Economists Associations (EMEA).

La crise pandémique serait donc une opportunité (de plus ?) pour réorienter les politiques publiques de relance économique et cibler les projets durables en termes d’investissement. « La pandémie offre une chance […] d’investir dans les énergies propres », rappelle à juste titre Mohammed Adow, co-auteur du rapport et directeur fondateur de Power Shift Africa.

Une action climatique pour doubler la compétitivité et assurer la résilience

Publié en avril dernier, le policy report « Vers une relance africaine, verte, inclusive et résiliente (Afrique du Nord et Maroc) » du cabinet de conseil marocain Positive Agenda Advisory revient sur l’impératif d’adopter l’action climatique comme atout pour la compétitivité. Le rapport explique que dans le cadre du Green Deal européen (EGD), récemment adopté par des pays comme le Maroc et d’autres pays d’Afrique du Nord qui suivent la même tendance, ceux-ci seraient « soit confrontés à une barrière commerciale très forte (avec l’UE) ou profiteraient de cette occasion pour réadapter leurs industries à un profil plus vert ». « Par exemple, le Maroc et la Tunisie sont des acteurs mondiaux dans l’industrie textile, tous deux sont actuellement confrontés à de nouvelles barrières durables de la part des entrepreneurs européens qui conditionnent leur commande à la conformité environnementale. Le nouveau « business as usual » intégrera donc une dimension climatique majeure, pour attirer de nouveaux investissements directs étrangers et augmenter les exportations. Des incitations doivent être développées pour faciliter la transition ainsi que la reconfiguration des chaînes de valeur régionale entre l’Europe et l’Afrique du Nord », détaillent les auteurs du rapport.

Citant l’approche stratégique développée par le Maroc depuis 2009, les équipes de Positive Agenda Advisory rappellent que « le Maroc est l’un des acteurs engagés en Afrique, et plus particulièrement en Afrique du Nord, et pourrait travailler main dans la main avec d’autres pays de la région et à l’étranger pour aboutir à des modèles économiques plus durables ».

Quels seraient alors les facteurs clés de réussite des programmes de relance au Maroc et en Afrique du Nord. Le rapport rappelle qu’une « économie verte » doit être une opportunité ancrée dans les priorités nationales. « Les stratégies de croissance verte doivent faire partie intégrante de toutes les politiques publiques […] Parallèlement, les programmes sectoriels doivent converger vers une vision holistique du développement durable qui se traduit par un ensemble cohérent de plans et de processus. En bref, il est impératif de recadrer les processus de développement national avec une vision de l’économie verte ». Les auteurs du rapport recommandent également d’adopter une approche inclusive et mieux reconstruire, d’accélérer la numérisation des services publics, de renforcer les financements dans des projets à faible consommation de carbone.

Mounir El Figuigui

Challenges Radio

Read Previous

Safaricom : un projet d’installation de 330 000 compteurs électriques intelligents

Read Next

Transformation de la noix de cajou, le pari gagnant de la Côte d’Ivoire ?

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.