Mercredi, la Banque centrale américaine devrait relever ses taux directeurs de 0,25%, parient les économistes et les marchés, afin de lutter contre l’inflation galopante. La Banque centrale européenne a pour sa part opté jeudi pour un maintien de ses taux à leur plus bas historique, tout en resserrant sa politique monétaire.
Après des mois de réflexion, la Réserve fédérale des Etats Unis (Federal Reserve, Fed) devrait relever mercredi ses taux directeurs pour lutter contre l’inflation, au plus haut depuis 40 ans, et dont la durée est incertaine à cause de la guerre en Ukraine. C’est ce que prévoient plusieurs économistes. En poussant les banques commerciales à proposer à leurs clients des taux d’intérêt plus élevés pour les crédits, la Fed pourrait ainsi faire ralentir la consommation, et donc d’alléger la pression sur les prix.
L’inflation aux Etats-Unis s’est élevée à 7,9% sur un an en février, selon l’indice CPI du département du Commerce, et ce avant la guerre en Ukraine. Il y a deux ans, face à la pandémie de Covid-19, la Fed avait réduit ses taux directeurs à zéro, qui se trouvent depuis dans une fourchette de 0 à 0,25%.
La difficulté d’un « atterrissage en douceur »
L’institution est aujourd’hui confrontée à un dilemme: « maîtriser l’inflation sans provoquer de récession ». Son président, Jerome Powell, s’est récemment dit confiant dans la capacité de l’institution à le résoudre, en assurant un « atterrissage en douceur ». Mais elle garde une mémoire douloureuse: celle de l’inflation à deux chiffres des années 1970-1980 lorsque, en relevant drastiquement ses taux jusqu’à 20%, la Fed avait plongé les Etats-Unis dans la récession.
La Fed, qui tiendra mardi et mercredi sa réunion de politique monétaire, devrait toutefois donner la priorité au ralentissement de l’inflation, selon les économistes de la banque Wells Fargo, cités par l’AFP. Elle aurait le soutien de l’administration de Joe Biden, la secrétaire au Trésor Janet Yellen ayant jugé « approprié » que la banque centrale agisse, lors d’une déclaration jeudi sur la chaîne CNBC.
Les économistes de Wells Fargo tablent sur six hausses d’un quart de point de pourcentage (0,25%) en 2022. Les hausses de la Fed se font habituellement par paliers de 0,25 point de pourcentage. Selon l’évaluation des produits à terme de CME Group, citée par l’AFP, sur les marchés, la quasi-totalité des acteurs (95,9%) table sur une hausse d’un quart de point, les autres anticipant un maintien des taux à leur niveau actuel. L’hypothèse d’une hausse plus brutale de 0,50, qui à un moment a paru plausible, ne convainc plus.
La BCE mise sur la flexibilité
Plus précisément, les achats réalisés dans le cadre du Programme d’achats d’urgence face à la pandémie (PEPP), lancé en mars 2020 et doté de 1.850 milliards d’euros, sera stoppé définitivement fin mars. Et si le programme APP, plus ancien et aux conditions moins souples, prendra le relais, ses achats seront réduits plus vite que prévu : de 40 milliards d’euros en avril, ils reviendront à 30 milliards en mai et 20 milliards en juin. Auparavant, la BCE prévoyait des achats mensuels de 40 milliards d’euros au deuxième trimestre, 30 milliards au troisième et 20 milliards au quatrième.
La BCE n’affirme toutefois plus, comme auparavant, qu’un arrêt de ces achats de dette sera automatiquement suivi d’une hausse des taux directeurs. Celle-ci ne surviendra que « quelque temps après ». A l’issue de la première réunion du Conseil des gouverneurs depuis le début du conflit, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a précisé que cette hausse, qui serait la première depuis 2011, pourrait aussi bien survenir « la semaine suivante » que « des mois plus tard », selon la situation économique du moment.
Source FED traduit en français par la rédaction