La géopolitique mondiale a été bouleversée en 2020 par la pandémie de la Covid-19. Telle serait le plus grand souvenir à retenir dans les prochains manuels d’Histoire. Pourtant, au-delà de ce choc majeur, 2020 dessine les contours d’un ordre mondial singulier.
L’année 2020 a été évidemment marquée par la découverte en Chine des premiers foyers de contamination d’un virus particulier connu sous le nom de « coronavirus », et dont la maladie a été baptisée « Covid-19 ». La propagation de ce virus a occasionné la dégradation de la situation économique mondiale et renforcé des tendances stratégiques déjà existantes. On y retient également la rivalité entre la Chine et les États-Unis qui s’impose comme l’élément stratégique central des relations internationales pour les années à venir. La victoire de Joe Biden face à Donald Trump ne devrait pas modifier cette tendance.
L’Europe pourrait tracer une troisième voie, elle en a donné quelques signaux avec le plan de relance. Et le Brexit pourrait finalement constituer une opportunité pour l’UE.
Pour sa part, l’Afrique n’a pas été épargnée par la pandémie. Relativement préservé de la crise sanitaire, le continent a été frappé par la crise économique avec son cortège de dégâts collatéraux notamment sur le plan social. Aussi les pays comme l’Éthiopie, la Côte d’Ivoire et la Guinée se sont faits remarquer avec une démocratie qui vacille avec une prépondérance d’instauration de régime autoritaire fondée sur la répression de toutes voix discordantes.
Le souda été retiré de la liste noire des pays soutenant le terrorisme par l’administration Trump.
Au Proche-Orient, le premier ministre israélien Netanyahou a connu plusieurs coups diplomatiques notamment l’accord Abrahams et récemment la normalisation des relations diplomatiques avec le Royaume Chérifien. Le chaos reste total en Syrie, mais également en Libye où Français, Turcs, Russes et Égyptiens entretiennent une forme de guerre froide qui ne dit pas son nom à travers l’expérimentation du champ d’une guerre par procuration.
Toutefois, il sied de souligner des tensions au Moyen-Orient en passant par la dangereuse montée en puissance de la Turquie. Et la géopolitique de 2020 aura été marquée par la naissance de nouveaux foyers de conflits qui impacteront irrémédiablement l’ordre mondial de demain.
La présence russe en République centrafricaine (RCA) restera également un fait qui attise les tensions entre les différentes puissances qui réclament à la Russie la transparence. C’est le cas des États-Unis et de la France qui joue au jeu du chat et de la souris dans son pré carré fortement menacé par la présence russe.
Derrière les enjeux économiques et géostratégiques, ces tensions instaurent un climat d’incertitude nuisible aux relations internationales politiques, économiques, commerciales pour les années à venir. L’issue de la crise diplomatique dans le Golfe reste plus floue que jamais en 2020.
Après trois ans de provocation et de démonstration de force entre le Qatar et la coalition Émirats arabes unis, Bahreïn, Arabie Saoudite et Egypte luttant pour et contre le soutien de l’armée islamique iranienne, la situation reste au statu quo.
La gestion des flux de migrants syriens en Turquie, tous ces évènements ont fait de 2020 une année pivot pour la géopolitique internationale malgré l’imposition forcée d’une trêve générale suite à la pandémie de Covid-19.
Enfin, en Amérique latine, continent particulièrement frappé par la crise économique et sanitaire, les différents succès des partis de gauche au Mexique, en Argentine, et en Bolivie, viennent nuancer la vague de droite d’il y a quelques années. Confortant ainsi la position du Venezuelien Maduro avec lequel la prochaine administration américaine n’excluerait pas un rapprochement. Le continent est politiquement éclaté.
L’ordre mondial n’a cessé de se modifier, balayant civilisations et empires, écrivant peu à peu l’Histoire. Le comprendre nécessite de facto d’analyser les mécanismes historiques qui l’ont engendré depuis la chute du mur de Berlin en 1989, et les évolutions en sont nombreuses. Machivail disait « Gouverner, c’est faire croire ». Nombreuses sont les Nations qui ne croient plus en l’efficacité du modèle de gouvernance globale.
Alors que l’ONU fête cette année ses 75 ans, le bilan est mitigé. L’Assemblée générale peine à trouver des compromis notables tandis que les Cinq grands membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU sont paralysés par le système du droit de veto. En ce sens, depuis les années 2000, on observe l’utilisation à 15 reprises du veto pour la Russie, 12 pour les États-Unis et 7 pour la Chine. Avec une tendance en forte augmentation depuis 2011 pour la Russie et la Chine à mettre systématiquement leur veto.
On retrouve bien entendu les puissances installées, à l’instar des États-Unis qui restent un acteur majeur dans cet ordre mondial de 2020 défini par les vainqueurs de la Guerre à Yalta, Poltsdam et San Francisco. Ne serait-ce que sur le plan militaire, les États-Unis ont un budget de de 750 milliards de dollars consacré à la défense. La Chine culmine seulement à 178 milliards, soit environ quatre fois moins.
De l’autre côté du Pacifique, la Russie, plus grand pays du monde par sa superficie, conserve une prééminence stratégique que lui confère son immixtion étrangère (Syrie, Libye, Ukraine…) et sa place au Conseil de sécurité. Véritable démonstration de force, l’exercice « Vostok » réunissait, en 2018, 300 000 soldats dont des délégations chinoise, turque et mongole. Le hard power russe est toujours d’actualité…
Par Fenelon Massala