Dans un rapport publié ce mercredi, la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (ECA), la Banque africaine de développement (BAD) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) font le point sur l’impact économique de l’urbanisation en Afrique. Et le constat est sans appel, les gouvernements devraient davantage élaborer des stratégies pour tirer avantage de l’atout d’un développement intelligent des villes.
L’investissement dans le développement des villes catalysera la transformation économique des pays africains. C’est ce qui ressort du rapport « Les dynamiques d’urbanisation de l’Afrique : la puissance économique des villes africaines », lancé ce mercredi 27 avril. Fruit d’un travail collaboration entre la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (ECA), la Banque africaine de développement (BAD) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’étude -couvrant 4 millions d’individus et d’entreprises dans 2 600 villes de 34 pays africains- est présentée comme la plus complète sur le sujet à ce jour.
Emploi qualifié, Financiarisation, Education,… les plus de l’urbanisation
Selon les experts qui ont mené cette étude, l’urbanisation joue un rôle accélérateur à différents niveaux dans la transformation économique. Tout d’abord, la création d’économies d’agglomération qu’elle génère permet d’augmenter le PIB par habitant. « Environ 30% de la croissance du PIB par hab. de l’Afrique au cours des 20 dernières années st dus à l’urbanisation », indique le rapport.
C’est aussi grâce à l’urbanisation que l’emploi formel de haut niveau est garanti dans les villes. Les données de l’étude révèlent qu’alors que les travailleurs qualifiés ne représentent sur 15% de l’ensemble des travailleurs en zone rurale, ce chiffre monte à 36% en zone urbaine. Ici également, les ménages (49%) ont davantage accès aux services financiers.
L’éducation est en outre un domaine positivement impacté par l’urbanisation. « Un citadin moyen reçoit 8,6 années d’éducation formelle, tandis que son homologue rural fréquente l’école pendant la moitié de cette durée », indique le rapport.
« Placer les villes au cœur des politiques économiques »
Le sujet des villes africaines est revenu au cœur des débats autour du développement ces dernières années. Car, avec une Afrique sont la population devrait doubler d’ici 2050, les villes devraient concentrer les deux tiers de cette croissance démographique. De plus la trajectoire de développement -telle que tracée par l’Agenda 2030 des Nations Unies et l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA)- renforce la nécessité de changer de visage des cités, renforcer la sécurité, lutter contre la pauvreté, lutter contre la pollution avec l’émergence du concept de la ville durable, mais aussi en raison du potentiel de certaines industries (luxe, services touristiques haut de gamme, …).
Et alors que l’urbanisation telle que conduite sur le continent a souvent donné lieu à de nombreuses critiques, notamment en raison de sa concentration sur les métropoles et la création des bidonvilles, ce nouveau rapport évoque la nécessité d’urbaniser « les villes de toutes tailles », grandes et petites. « L’urbanisation de l’Afrique change la donne. Le changement n’est pas seulement démographique, mais remodèle également considérablement les résultats économiques et sociaux. Les villes doivent donc être placées au cœur de l’élaboration des politiques économiques nationales », a déclaré Edlam Yemeru de l’ECA lors de la cérémonie de lancement dématérialisée ce mercredi.
Les experts de l’ECA, de la BAD et l’OCDE appellent ainsi les gouvernements africains à déployer de véritables stratégies de développement des villes qui associent toutes composantes nécessaires à l’émergence de villes adaptées à un développement durable. L’autonomisation des gouvernements locaux et la création d’un cadre qui stimule la capacité d’investissement local sont tout aussi importants, recommandent-ils.
Source Challenges