Jeudi 22 juillet, Berthine Razafiarivony, la procureure générale de Madagascar a annoncé une série d’arrestations sur l’île rouge. Six personnes ont été interpellées mardi 20 juillet, dont 2 Français accusés d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Parallèlement, des hauts gradés de l’armée malagasy sont actuellement entendus dans le cadre de l’enquête en cours.
Le jour où le président de Transition du Mali, Assimi Goïta était victime d’une tentative d’assassinat à l’arme blanche, de l’autre côté du continent, Madagascar menait une vaste opération visant à interpeller les suspects d’un projet de coup d’Etat.
« Plusieurs ressortissants étrangers et malgaches ont été interpellés mardi 20 juillet, dans le cadre d’une enquête pour atteinte à la sûreté de l’État (…) Selon les preuves matérielles en notre possession, ces individus ont échafaudé un plan d’élimination et de neutralisation des diverses personnalités malgaches dont le chef de l’État », déclarait mercredi soir Berthine Razafiarivony, la procureure générale de Madagascar.
Six individus ont été interpellés dont 2 militaires binationaux, 1 étranger et 3 ressortissants malagasy. Pour l’heure, aucune indication relative aux preuves matérielles et aucun détail sur les circonstances de cette tentative d’assassinat du président malagasy n’ont filtré. Jeudi, Fanomezantsoa Rodellys Randrianarison, le ministre de la Sécurité publique, indiquait que la police disposait de nombreux renseignements sur les membres de cette opération. « Des armes, de l’argent et des documents qui prouvent leur implication ont été saisis », a-t-il précisé.
« Cela fait un an que nous les pistons, avec les services de renseignements étrangers amis » explique Patrick Rajoelina, Conseiller à la présidence de Madagascar, en charge de la coopération internationale et de la diplomatie politique. In fine, mardi dernier, c’est le coup de filet : plans, armes, documents et argent (près d’un milliard d’ariary soit environ 220 000 euros en espèces) ont été saisis lors des perquisitions conduites chez les suspects.
Des hauts gradés de l’armée malagasy entendus
Deux militaires français à la retraite ont été appréhendés. « Il y a 26 000 Français à Madagascar. La France n’est pas comptable des agissements de tous ces ressortissants », tient à préciser Patrick Rajoelina. Selon nos informations, les Français Philippe Marc François et Paul Rafanoharana ont été arrêtés, soupçonnés d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État (le premier à l’aéroport et le second à son domicile avec son épouse).
Philippe Marc François, colonel à la retraite, a dirigé le Régiment de marche au Tchad (RMT, régiment intégré aux forces marines et forces spéciales) tandis que le second, Paul Maillot Rafanoharana est un ancien gendarme franco-malagasy devenu instructeur commando parachutiste. Il a été le conseiller diplomatique du président Rajoelina pendant la Transition. Tout comme Philippe Marc François, il a fait l’école spéciale militaire de Saint-Cyr. Selon le conseiller à la présidence, l’un des Français aurait d’ores et déjà avoué sa participation à ce « funeste projet […] Ses aveux ont significativement fait avancer l’enquête ».
« Quatre civils ont été arrêtés […] A l’heure actuelle, un certain nombre d’officiers généraux sont interrogés », déclare Patrick Rajoelina, confirmant des complicités au sein de l’armée malgache. « Nous avons les preuves que des hauts gradés de l’armée sont impliqués […] Nous allons renforcer la sécurité du président et développer nos services de renseignement. Par ailleurs, nous poursuivrons nos programmes de développement. A cet effet, nous avons annoncé hier, un accord très important avec la Banque mondiale [le 21 juillet, Madagascar annonçait un partenariat de 490 millions d’euros avec l’institution de Bretton Woods pour financer des projets de développement], assure le diplomate.
Six hommes pour un coup d’Etat ? « Il y avait des complicités », affirme Patrick Rajoelina. « Est-ce que six personnes seules peuvent commettre ce forfait ? », s’interroge-t-il. « J’affirme que des compagnies pétrolières opérant à Madagascar ont été contactées par ces individus qui ont fait une demande de 5 millions d’euros. Nous avons des preuves, des échanges de mails et des documents qui en attestent. D’ailleurs, la brigade anti-criminalité a permis de sortir 250 000 euros hier lors des perquisitions. Maintenant se pose la question de savoir où se trouve le reste », s’interroge-t-il.