Ukraine : alors que le pape François appelle à l’arrêt de ce « massacre

Un journaliste américain a été tué par des tirs russes dans la ville ukrainienne d’Irpin, près de Kiev, et un autre journaliste a été blessé, a déclaré dimanche le chef de la police régionale. Il s’agit du premier journaliste tué depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Alors que les combats continuent, que Marioupol est assiégée, le pape François a appelé à l’arrêt de ce « massacre ». Si les proches du président ukrainien estime que des progrès étaient possibles dans les jours à venir dans les discussions avec la Russie, Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères assure que la guerre sera longue car Vladimir Poutine est « bloqué dans son maximalisme » malgré « l’asphyxie » progressive de la Russie provoquée par les sanctions occidentales.

C’est le premier journaliste étranger mort depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février. Il est américain. Il s’agit de Brent Renaud, 50 ans, un photographe et réalisateur, a déclaré dimanche le chef de la police régionale. Andriy Niebitov. Le journaliste a été tué et un autre légèrement blessé par balles dimanche à Irpin, à la lisière nord-ouest de Kiev, où les forces ukrainiennes combattent les forces russes, en citant des sources concordantes, notamment Danylo Shapovalov, un médecin engagé auprès des forces ukrainiennes qui a pris en charge les victimes. Ils circulaient en voiture avec un civil ukrainien, également blessé.  Un journaliste de l’AFP a vu le corps du journaliste tué, qui avait ses papiers d’identité sur lui, y compris une carte d’accréditation du New York Times.  Brent Renaud avait travaillé pour le New York Times dans le passé, mais ne travaillait pas pour lui en Ukraine, a indiqué le journal américain.  Les autorités ukrainiennes ont rapidement accusé leurs ennemis russes d’avoir tiré sur les journalistes, mais l’origine des tirs était difficile à établir dans l’immédiat. Des journalistes de l’AFP qui se trouvaient dans cette zone dimanche y ont entendu des tirs d’artillerie et d’armes plus légères.

2,7 millions de réfugiés, selon l’ONU

Le sud du pays continue également d’être pilonné et Kiev redoute toujours un encerclement au 18ème jour de l’invasion russe qui a fait près de 2,7 millions de réfugiés selon les chiffres de l’ONU dimanche. Dans la nuit, les forces russes ont frappé une base militaire à une vingtaine de km seulement de la frontière polonaise, pays membre de l’OTAN, qui a servi ces dernières années de terrain d’entraînement aux forces ukrainiennes sous l’encadrement d’instructeurs étrangers, notamment américains et canadiens. Elle était l’un des principaux centres servant aux exercices militaires conjoints entre les forces ukrainiennes et celles de l’Otan. C’est sur cette base qu’arrive une partie de l’aide militaire livrée à l’Ukraine par les pays occidentaux. Selon le gouverneur de la région Maxim Kozitsky, les frappes ont été menées depuis les mers Noire et d’Azov et ont fait 35 morts et 134 blessés.

Dans cette région, des frappes avaient déjà visé samedi un aéroport militaire à Lutsk, tuant quatre soldats ukrainiens.

Parallèlement, l’armée russe continue de pilonner le sud du pays où la ville assiégée de Marioupol espère l’arrivée d’un convoi d’aide humanitaire dimanche.  Le convoi « est à 2H de Marioupol, à 80 km », a déclaré dimanche en fin de matinée le président ukrainien Volodymyr Zelensky. « Nous ferons tout pour casser la résistance des occupants qui bloquent même les prêtres orthodoxes. Les prêtres accompagnent ce convoi de 100 tonnes d’eau, de nourriture, de médicaments », a-t-il dit dans une vidéo sur Telegram.

L’enjeu est crucial pour Marioupol: la cité portuaire stratégique, située entre la Crimée et le Donbass, est plongée dans une situation « quasi désespérée » selon Médecins sans frontières (MSF), manquant de vivres et privée d’eau, de gaz, d’électricité et de communications. Toujours au sud, la métropole d’Odessa continue à se préparer à une offensive des troupes russes, qui se concentrent pour l’heure à une centaine de kilomètres à l’est sur Mykolaïv.

Neuf personnes ont été tuées dans des frappes russes sur cette ville portuaire, a indiqué dimanche le gouvernement de la région, Vitali Kim. Samedi, les frappes avaient notamment touché des zones d’habitation, y compris un centre de cancérologie et un hôpital ophtalmologique, selon une journaliste de l’AFP sur place.

Le bilan des victimes, dont certains jonchent les rues de villes, est impossible à vérifier. Au moins 596 civils ont été tués, selon le décompte dimanche des Nations unies, qui souligne que ses bilans sont probablement très inférieurs à la réalité.

« Environ 1.300 » militaires ukrainiens ont été tués depuis le 24 février, a indiqué samedi Volodymyr Zelensky. L’armée russe, elle, a perdu « environ 12.000 hommes », affirme le chef d’Etat. La Russie, de son côté, a annoncé le 2 mars son seul et unique bilan à ce jour de 498 soldats tués.

Kiev, dont seules les routes vers le sud restent dégagées, est de plus en plus cernée par les soldats russes, qui ont détruit samedi l’aéroport avoisinant de Vassylkiv, selon les Ukrainiens. Présentes dans les faubourgs, les troupes russes tentent de neutraliser les localités environnantes pour « bloquer » Kiev, selon l’état-major ukrainien, et la banlieue nord-ouest (Irpin, Boutcha) a été lourdement bombardée ces derniers jours.

Ils se heurtent toutefois à la résistance de l’armée ukrainienne, tant à l’ouest qu’à l’est de la capitale, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Le pape dénonce la « barbarie »

Le pape François a appelé dimanche à la fin du « massacre » en Ukraine, envahie par des troupes russes depuis le 24 février, estimant qu »il n’y a aucune justification à l’attaque de civils. S’exprimant après son angélus dominical, le pape a jugé que la ville de Marioupol,  « est devenue une ville martyre dans la guerre atroce qui est en train de dévaster l’Ukraine ».

« Face à la barbarie qui consiste à tuer des enfants, des innocents, des civils sans défense, il n’y a aucune raison stratégique. L’agression armée inacceptable doit simplement cesser, avant qu’elle ne réduise les villes en cimetières », a déclaré le souverain pontife.

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Appelant à des négociations et à la mise en place effective de couloirs humanitaires, le pape a exhorté: « Au nom de Dieu, je vous demande d’arrêter ce massacre! »

Il a également prié pour la paix, ajoutant « Dieu n’est qu’un Dieu de paix, pas un Dieu de guerre, et ceux qui soutiennent la violence déshonorent son nom ».

Dimanche dernier, le pape avait déjà déploré « des fleuves de sang et de larmes » coulant en Ukraine après l’invasion russe le 24 février et demandé l’instauration de couloirs

« La Russie commence à discuter de manière constructive » (conseiler de Zelensky)

Dans ce contexte funèbre, le négociateur ukrainien et conseiller présidentiel Mikhaïlo Podoliak a déclaré dimanche que des progrès étaient possibles dans les jours à venir dans les discussions avec la Russie, qui a adopté selon lui une attitude plus constructive.

« Nous ne céderons rien par principe sur aucune position. La Russie comprend cela désormais. La Russie commence déjà à discuter de manière constructive. Je pense que nous parviendrons à des résultats littéralement d’ici quelques jours », a dit Mikhaïlo Podoliak dans une vidéo diffusée en ligne.

Un membre de la délégation russe, Leonid Sloutski, cité dimanche par l’agence de presse RIA, a pour sa part fait état de « progrès importants » dans les discussions et a jugé possible de parvenir bientôt à une « position commune ».

Les discussions n’avancent pas, dit Le Drian

Pour autant, la guerre en Ukraine sera longue car Vladimir Poutine est « bloqué dans son maximalisme » malgré « l’asphyxie » progressive de la Russie provoquée par les sanctions occidentales, a déclaré dimanche le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.

Au lendemain d’un nouvel entretien entre le président français Emmanuel Macron et son homologue russe, en compagnie du chancelier allemand Olaf Scholz, Jean-Yves Le Drian a déclaré sur France Inter que les discussions « n’avancent pas puisque le président Poutine est bloqué dans son maximalisme ».

« Nous sommes devant un mur, une logique de sièges qui risque de durer longtemps si bien que (…) je pense que le pire est encore devant nous », a poursuivi le chef de la diplomatie française, qui s’est dit « pessimiste » alors que plusieurs villes ukrainiennes sont encerclées et bombardées par l’armée russe.

« Cette guerre sera longue sauf arrivé le moment où elle ne sera plus possible pour Vladimir Poutine devant l’ampleur des conséquences des sanctions que nous mettons en oeuvre », a dit Jean-Yves Le Drian.

« C’est à lui d’arbitrer », a-t-il ajouté.

« A un moment donné, il va falloir qu’il apprécie s’il peut continuer à laisser la Russie, son peuple s’affaiblir parfois à un point de non-retour pour un certain nombre d’activités (…) ou est-ce qu’il veut trouver une solution en Ukraine et c’est pour cette raison là qu’il faut toujours (…) garder un canal de dialogue pour que ce soit possible au moment où lui appréciera que l’étouffement, l’asphyxie de la Russie par les sanctions ne devient plus possible », a dit Jean-Yves Le Drian, en constatant que Vladimir Poutine « n’est pas aujourd’hui dans cette logique là ».

(Avec AFP et Reuters)

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