Zelensky prêt à discuter de la « neutralité » de l’Ukraine avec Moscou

Alors que doivent s’ouvrir ce lundi en Turquie des pourparlers de paix entre l’Ukraine et la Russie, le président Volodimir Zelensky a laissé entendre dimanche qu’il était disposé à un compromis sur la « neutralité » de l’Ukraine, une des clauses exigées par la Russie pour garantir sa sécurité, qui a une implication directe sur la présence d’ogives nucléaires de l’OTAN en Ukraine.

Dimanche soir, dans son allocution vidéo quotidienne, le président ukrainien Volodimir Zelensky a fait savoir que, lors des négociations qui doivent se tenir en Turquie ce lundi, son gouvernement donnerait la priorité à l' »intégrité territoriale » de l’Ukraine.

Mais, plus tôt dans la journée, le dirigeant ukrainien avait adopté un ton différent auprès de journalistes russes, déclarant que, dans le cadre de la négociation d’un futur accord de paix, Kyiv était disposé à discuter non seulement d’un statut de neutralité de son pays mais aussi d’un compromis concernant les régions séparatistes du Donbass, dans l’est du pays.

L’Ukraine étudie l’option d’un statut d’Etat dénucléarisé

Dans un entretien en ligne avec des médias indépendants russes, diffusé sur la chaîne Telegram de l’administration présidentielle ukrainienne, le président Zelensky a déclaré que son gouvernement étudiait « en profondeur » la question de la « neutralité » de l’Ukraine, un des points centraux dans les négociations avec la Russie pour arrêter le conflit. L’une des clauses des négociations en cours porte en effet sur « les garanties de sécurité et la neutralité, le statut dénucléarisé de notre État », une exigence de Moscou, a-t-il précisé.

« Ce point des négociations est compréhensible pour moi et il est en discussion, il est étudié en profondeur. »

Mais le président ukrainien, accusant le président russe Vladimir Poutine et son entourage de faire « traîner les choses », prévenait que ce point devra être soumis à référendum et qu’il faudra des garanties.

Les nouvelles négociations, qui commenceront lundi ou mardi en Turquie, selon les sources, se tiendront après l’annonce surprise par l’armée russe en fin de semaine qu’elle changeait d' »objectif principal » en Ukraine.

Une première séance de négociations avait déjà eu lieu le 10 mars en Turquie, à Antalya, au niveau des ministres des Affaires étrangères et à l’invitation d’Ankara, mais n’avait débouché sur aucune avancée concrète. Depuis lors, les discussions se sont poursuivies par visioconférence, jugées « difficiles » par les deux camps.

Vendredi, le commandement russe avait créé la surprise en annonçant « concentrer le gros des efforts sur l’objectif principal : la libération » du bassin minier du Donbass.

Jusque-là, la volonté affichée par Moscou était de « démilitariser et dénazifier l’Ukraine » dans son ensemble, et non pas seulement dans cette région orientale où se trouvent deux « républiques » séparatistes pro-russes.

Zelensky raffermit son discours dimanche soir

Toutefois dimanche soir, dans son allocution vidéo quotidienne, Volodimir Zelensky a fait savoir que son gouvernement donnerait priorité à l' »intégrité territoriale » de l’Ukraine lors des négociations prévues à Istanbul.

Le chef du renseignement militaire ukrainien, Kyrylo Boudanov, a accusé le président russe Vladimir Poutine de vouloir scinder l’Ukraine en deux en prenant le contrôle de l’Est du pays.

Le chef du renseignement militaire ukrainien, Kyrylo Boudanov, a estimé dimanche qu’« après avoir échoué à prendre Kiev et à renverser le gouvernement ukrainien », Moscou « pourrait imposer une ligne de séparation entre les régions occupées et non occupées de notre pays, (dans) une tentative » d’instaurer un séparation à la coréenne.

« Il s’agit de fait d’une tentative pour créer une Corée du Nord et du Sud en Ukraine », a-t-il dit en référence à la division de la Corée après la Deuxième Guerre mondiale

Léonid Passetchnik, leader du territoire séparatiste de Lougansk (est), dont Moscou a reconnu l’indépendance, a lui déclaré que cette entité pourrait organiser « dans un avenir proche » un référendum pour rejoindre la Russie.

« Tous les faux référendums dans les territoires occupés temporairement sont nuls et non avenus et n’auront aucune légitimité », a réagi Oleg Nikolenko, porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères.

Évacuation de Marioupol: Macron contactera Poutine lundi ou mardi

Sur le théâtre des opérations, au 32e jour de la guerre, Kiev a dit craindre une aggravation de la situation à Marioupol (sud-est) et dans l’Est.

Mettant en garde dimanche contre « l’escalade des mots et des actions » en Ukraine, le président français Emmanuel Macron a indiqué qu’il parlerait au président russe Vladimir Poutine lundi ou mardi pour organiser une opération d’évacuation de ce port stratégique sur la mer d’Azov, assiégé depuis des semaines.

De nouveaux couloirs humanitaires ont été organisés dimanche pour permettre l’évacuation d’habitants de la ville dévastée où plus de 2.000 civils ont été tués, selon la municipalité.

Plusieurs tentatives visant à établir des itinéraires sûrs pour les civils ont échoué, les deux parties s’accusant mutuellement de violations de cessez-le-feu.

« Marioupol sous un tapis de bombes », a écrit dimanche soir sur Twitter la présidence ukrainienne, signalant également « toujours plus de roquettes » sur Kharkiv (est), Lutsk (nord-ouest), Rivne (nord-ouest) et Jytomyr (centre).

(avec AFP et Reuters)

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