La crise du logement s’accentue avec des disparités d’une ville à l’autre au Congo-Brazzaville. Des solutions sont étudiées, ce qui explique l’organisation récente des premières rencontres nationales de l’immobilier et de l’habitat par le ministère de la Construction.
La cinquantaine révolue, Mireille Mbama a pour principale activité la vente des bières locales. Mère de famille, son bénéfice mensuel atteint difficilement 100 000 francs CFA, dont plus de la moitié est utilisée pour le paiement du loyer.
« Oui ! Je suis locataire. Ma maison fait deux chambres, un salon, une cuisine et des sanitaires. Je paie 60 000 francs CFA (près de 92 euros) par mois. C’est cher, car au bout de dix mois, je suis à 600 000 francs CFA (près de 920 euros). Avant le loyer coûtait moins cher entre 25 et 30 000 francs CFA (38 à 45 euros) mensuellement », se lamente-t-elle.
70% de la population vit en ville
Ce témoignage de Mireille Mbama est une illustration de la crise du logement dont les causes sont bien connues par Maître Brice Séverin Pongui, conseiller à l’urbanisme au ministère de la Construction. « Il y a crise du logement beaucoup plus en milieu urbain. Elle est due à la croissance de la population, mais aussi au développement des villes de façon incontrôlée qui fait qu’à la fin on se retrouve avec beaucoup d’habitants en ville. Cependant, on n’a pas créé les conditions pour les loger de façon décente », explique-t-il. Au moins 70% de la population congolaise vit en ville, dont 37% à Brazzaville, selon de récentes études menées par le gouvernement ou la Banque mondiale.
À ces causes, il faut ajouter le non-respect des réglementations et des plans d’aménagement par les populations. Mais aussi une longue et coûteuse procédure d’obtention du titre foncier et des coûts de matériaux de construction élevés.
Réglementer la construction
Brazzaville vient d’abriter les premières rencontres nationales de l’immobilier et de l’urbanisme qui ont mis sur la même table divers acteurs. « C’est une approche que nous voulons constructive. Nous avons associé tous les sachants : notaires, avocats, urbanistes et les juristes pour que nous puissions nous pencher sur cette question qui ne doit pas être la seule affaire du gouvernement de la république », précise Josué Rodrigue Ngouonimba, ministre de la Construction, de l’urbanisme et de l’habitat.
Au terme de ces journées, il a été recommandé à l’État de rendre opérationnel le Fonds national de l’habitat et de renforcer les capacités de la Banque congolaise de l’habitat.
Le niveau de la crise du logement n’est pas le même partout. Armel Sidobé est maire de Ouesso, la sixième ville du Congo, avec 56 000 habitants.
« Je pense que nous ne sommes pas encore arrivés à un niveau insoutenable. Ouesso est une ancienne ville certes, mais nous n’avons pas encore des soucis réels d’urbanisation de la ville de Ouesso. Des constructions se font, mais ce n’est pas de façon anarchique jusqu’ici », assure-t-il.
Les études de la Banque mondiale ont établi en 2019 que le déficit de logement au Congo est de 15 000 unités par an.
Par LOICIA Martial