Côte d’Ivoire: le retour très négocié de Laurent Gbagbo

Dix ans après son expédition comme un colis encombrant à la Cour Pénale Internationale (CPI), Laurent Gbagbo rentre au bercail à bord de Brussel Airline aux environs de 14 heures. Vu de l’ivoirien lambda, l’événement aussi important que le Big Bang, devrait être visible depuis la station spatiale internationale. La ferveur est à son comble. Mais est-ce vraiment le vrai Laurent Gbagbo qui rentre ?

Parti en faucon aux serres aiguisées, le leader du FPI rentre, en blanche colombe, un rameau d’olivier à la main. Un basculement idéologique ? En tout cas, le leader patriote n’a plus qu’un seul slogan à la bouche: “réconciliation nationale”. Et ça marche puisque selon les sondages, le mari de Simone serait deux fois plus populaire que le président Alassane Ouattara lequel devrait le recevoir au palais ou, à tout le moins à l’aéroport, avant de prendre son vol pour Accra puis Paris.
Les deux protagonistes du deuxième tour des présidentielles de 2010 se sont entendus sur les termes de ce retour jusqu’à l’itinéraire, minuté, aux affiches et slogans et au régime du septuagénaire expédié par des dotations complets en frais de bouche et divers. Le protocole informel ADO-Gbagbo est scellé par un d’ordre: “pas de débordement” !

Blanchi par la CPI et officieusement par sa condamnation à 20 ans de prison dans l’affaire de la casse de l’agence de la BCEAO, l’ancien président devra faire honorer le contrat par les jeunes patriotes de naguère qui ont pris dix dans dans le ventre. Sevrés de leur leader, Charles -Blé Goudé, encore privé de passeport, la génération Zouglou viendra massivement à l’accueil du vainqueur inattendu de 10 ans de procédures mal ficelées de la procureure de la CPI, Fatou Bensouda, bien en peine, la preuve de l’innocence de leur leader. Pendant ce temps, dans le camp d’en face, tout débordement sera noté. Le directeur exécutif du RHDP, Adama Bictogo, appelle au parallélisme des formes.
« En 2003, lorsque le président Alassane Ouattara devait revenir en Côte d’Ivoire, il n’y a pas eu d’accueil populaire. Nous, nous avons voulu organiser un accueil populaire, on nous l’a interdit. D’ailleurs, le président Alassane Ouattara a souhaité, à l’époque, rentrer de façon sobre, parce que nous traversions une période difficile », s’est-il enhardi. Mais, c’est clair, les temps sont différents. Les hommes aussi. Gbagbo va multiplier les bains de foule de l’aéroport au siège du parti. Tout le monde redoute que ce danseur hors pair n’exécute quelques pas de Zouglou sur son trajet qui le mènera à l’intérieur du pays pour se recueillir sur la tombe de sa mère dans cet Ouest où, décidément, il n’y a rien de nouveau à part les routes bitumées de l’émergence.

Correspondant Albert Savana

Challenges Radio

Read Previous

Qatar Airways effectue son premier atterrissage à l’aéroport Félix Houphouët Boigny d’Abidjan

Read Next

Gabon : Orabank et Sanlam Pan Assurances scellent leur union pour développer la bancassurance

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.