Coup de tonnerre : TotalEnergies stoppe ses achats de pétrole et produits pétroliers russes

L’étau se resserrait pour TotalEnergies, bien isolé dans sa stratégie de maintien de ses activités en Russie après les désinvestissements en chaîne des géants pétrogaziers occidentaux, de BP à Shell en passant par ExxonMobil. Il y a quelques jours, le candidat EELV à l’élection présidentielle, Yannick Jadot, allait même jusqu’à accuser l’entreprise tricolore de complicité de « crime de guerre », tandis que les ONG écologistes multipliaient les mobilisations, bien décidées à faire plier son PDG, Patrick Pouyanné.

L’étau se resserrait pour TotalEnergies, bien isolé dans sa stratégie de maintien de ses activités en Russie après les désinvestissements en chaîne des géants pétrogaziers occidentaux, de BP à Shell en passant par ExxonMobil. Il y a quelques jours, le candidat EELV à l’élection présidentielle, Yannick Jadot, allait même jusqu’à accuser l’entreprise tricolore de complicité de « crime de guerre », tandis que les ONG écologistes multipliaient les mobilisations, bien décidées à faire plier son PDG, Patrick Pouyanné.

« Face à l’aggravation du conflit », et sans doute, par ailleurs, à la tempête médiatique qui l’accompagne, TotalEnergies a ainsi fait valoir ce mardi par voie de communiqué qu’il arrêterait tout achat de pétrole ou produits pétroliers russes « au plus tard à la fin de 2022 », alors même que l’Union européenne n’a pas imposé d’embargo sur l’or noir. Mais également qu’il engagerait la « suspension progressive de ses activités » dans le pays de Vladimir Poutine.

Le 7 mars, Patrick Pouyanné avait déjà assuré que « [s]es traders (des activités de marché du groupe, ndlr) ne [prenaient] plus de pétrole russe depuis le début de la crise ». Mais cette fois, l’annonce va plus loin, car elle touche aux contrats d’approvisionnement dans l’or noir. Et concernera notamment la raffinerie allemande à Leuna, ou encore les contrats d’achat de diesel russe. Alors que l’Europe importe 12% de son diesel de Russie, le groupe prévoit ainsi des importations d’autres continents en substitution, notamment de la raffinerie saoudienne Satorp dont il est actionnaire avec Aramco.

Pas de cession des participations dans les actifs gaziers

Néanmoins, en ce qui concerne le gaz, le géant pétrolier ne compte pas totalement changer de braquet. Car même s’il n’apportera « plus de capital » au mégaprojet d’usine de gaz naturel liquéfié (GNL) Artic LNG 2, dont la mise en route était jusqu’alors prévue pour 2023, il « continue à assurer l’approvisionnement de l’Europe en GNL à partir de l’usine de Yamal LNG », ce site géant de liquéfaction de gaz dans le nord du pays qui produit depuis décembre 2017 près de 18 million de tonnes de GNL par an, et représentait 16,6 % de la production annuelle de gaz de TotalEnergies en 2020. Et pour cause, l’entreprise « se trouve liée dans le cadre de contrats longs termes qu’elle se doit d’honorer tant que les gouvernements considèrent que le gaz russe est nécessaire », précise TotalEnergies dans son communiqué.

Pour se justifier, le groupe met ainsi en avant la décision de l’Union européenne de maintenir, à ce stade, l’approvisionnement en gaz russe malgré la guerre en Ukraine. De fait, Moscou continue d’alimenter abondamment en combustibles fossiles le Vieux continent, qui lui a fourni en échange près de 17 milliards d’euros depuis le début du conflit, le 24 février dernier.

De manière générale, Total Energies n’entend pas abandonner ses participations dans ses actifs gaziers russes de si tôt. Concrètement, le groupe détient 19,4% du numéro deux du gaz du pays de Vladimir Poutine, Novatek. En tout (c’est-à-dire en comptant ses parts dans Novatek), il possède par ailleurs 29,7% de Yamal LNG, et 21,64% de Arctic LNG 2. La raison de ce maintien, martelée par le groupe, serait que le « contexte actuel [l’]empêcherait de trouver un acheteur non russe pour reprendre ses participations minoritaires en Russie ».

« En outre, abandonner les participations dans lesquelles Total Energies est un actionnaire minoritaire n’aurait aucun impact sur le fonctionnement des sociétés concernées et donc sur leurs revenus puisque ces sociétés disposent de leur propre personnel et sont gérées de manière autonome », fait valoir la société.

Un territoire stratégique pour Total Energies

Reste que l’impact serait majeur pour TotalEnergies lui-même. Car si le groupe réalise en Russie seulement « 3 à 5% » de ses revenus, avait minimisé fin février Patrick Pouyanné, le territoire russe s’avérait jusqu’alors éminemment stratégique pour l’entreprise, qui s’y était engagé dans une vision de long cours. C’est d’ailleurs le gaz et non le pétrole qui représente plus de 80% de la production d’hydrocarbures de Total Energies en Russie (qui en possède les premières réserves prouvées dans le monde).

« Selon son PDG, si l’on veut réussir à sortir du pétrole, il faut se tourner vers les énergies renouvelables mais aussi vers le gaz. Le GNL russe représente donc une activité majeure dans son plan vers la transition, et s’en désengager aujourd’hui n’est pas du tout en ligne avec sa stratégie de long terme ! », glissait une source proche de l’entreprise à La Tribune début mars.

En témoigne son investissement financier faramineux en Russie : en tout, le groupe y a investi près de 20 milliards d’euros. Ainsi, au 31 décembre 2020, Total détenait 24% de ses réserves prouvées en Russie, d’où provenaient également 16,6% de la production combinée de liquides et de gaz du Groupe en 2020, soit deux fois plus qu’en 2012.

Source Sercom TOTAL

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