Les autorités de la ville la plus peuplée de Chine annoncent amorcer une première détente sur leur politique stricte du zéro Covid. Sur les réseaux sociaux, les habitants partagent d’inquiétants problèmes d’approvisionnement. Pékin craint d’être la prochaine mégalopole mise sous cloche.
C’est une première détente scrutée par le monde entier, tandis que le ralentissement économique menace la Chine qui applique une politique « zéro Covid » drastique. Après un deuxième mois de confinement total, la ville de Shanghai a annoncé dimanche une réouverture « progressive » des commerces à compter de lundi pour ses 25 millions d’habitants dont certains expriment leur colère sur les réseaux sociaux.
Dimanche, le vice-maire de Shanghai, Chen Tong, a annoncé une réouverture « par étapes » des commerces à compter du lundi 16 mai. Avec l’amélioration de la situation, les transports pourraient redémarrer et les écoles seraient rouvertes progressivement, ont également annoncé les autorités.
Mais le responsable n’a pas précisé s’il parlait d’une reprise progressive de l’activité dans la ville, ou s’il conditionnait la reprise à certains critères sanitaires. En Chine, la stratégie employée par les autorités est celle du « zéro COVID communautaire ». Elle recouvre la situation dans laquelle les nouvelles contaminations par le coronavirus SARS-CoV-2 ne sont identifiées que chez des personnes déjà sous surveillance dans le cadre d’une quarantaine centralisée, dans un complexe résidentiel par exemple.
En l’absence de nouvelles infections hors de ces zones d’isolement strict, les chaînes de contaminations sont considérées comme interrompues et le foyer de contamination jugé contenu.
Une reprise de l’économie cruciale, tandis que le moteur de la deuxième économie mondiale risque de se gripper en raison des confinements. Déjà, le dynamisme des exportations a ralenti en avril.
Aussi, la perspective d’une réouverture de Shanghai avait fait bondir les cours du pétrole vendredi, à 110 dollars le baril.
Objectif mi-mai
Exaspérés par les problèmes d’approvisionnement en produits frais, d’accès aux soins médicaux hors-Covid et l’envoi des personnes testées positives en centre de quarantaine, les habitants critiquent de plus en plus l’action du gouvernement sur Internet.
Or, toute levée des restrictions est généralement conditionnée au « zéro contamination en société », c’est-à-dire aucun nouveau cas positif durant trois jours en dehors des centres de quarantaine.
Les autorités de Shanghai visent cet objectif à la « mi-mai ». Le baisse semble engagée: quelque 1.369 nouveaux cas positifs ont été annoncés dimanche à Shanghai – contre plus de 25.000 à la fin du mois dernier.
La Chine, qui affronte ces dernières semaines sa pire flambée épidémique depuis deux ans, a mis sous cloche début avril l’immense métropole, épicentre de la contagion.
Dans certains quartiers de la ville, les restrictions tendent toutefois à se durcir ces derniers jours.
Pékin, prochaine mégalopole sous cloche ?
La ville a dépisté à plusieurs reprises ses habitants, confine les résidences avec cas positifs et a fermé stations de métro et commerces non essentiels dans certains quartiers.
Pour freiner la contagion, le district de Fangshan, situé dans le sud-ouest de Pékin et qui compte 1,3 million d’habitants, a suspendu samedi la circulation des taxis.
Hormis quelques quartiers confinés, l’immense majorité des 22 millions de Pékinois peuvent toutefois toujours sortir de chez eux.
Cependant de nombreux lieux publics sont clos et les habitants sont contraints au télétravail, en particulier dans le district de Chaoyang, le plus peuplé de la capitale et où sont installées de nombreuses multinationales.
En mars déjà, la métropole technologique de Shenzhen (sud) avait été brièvement mise sous cloche, tandis que le nord-est du pays, berceau industriel et grenier à blé, a été confiné près de deux mois.
Ces mesures mettent en péril l’objectif de croissance de 5,5% fixé par Pékin, dans une année politiquement sensible qui devrait voir Xi Jinping être reconduit.
(Avec AFP et Reuters)