Pollution, inondations, destruction de la biodiversité, gestion des déchets, gestion de l’eau, …les métropoles des deux continents sont en première ligne sur le front climatique. Comment articuler leur adaptation ? Quelles stratégies pour quelle efficacité ? etc. Un panel d’experts s’est penché sur ces questions au Forum Europe – Afrique 2022, avec la participation de deux villes des deux continents.
De Bruxelles au Cap en passant par Paris, Berlin, Milan, Madrid, Casablanca, Dakar, Douala, Kinshasa, Kigali ou Djibouti…, les villes européennes et africaines subissent de plein fouet les effets des changements climatiques selon leur niveau de développement et tentent, en fonction des moyens dont elles disposent, de s’adapter, afin d’améliorer les conditions de vie des populations et favoriser le développement économique. C’est ce qui ressort de la table ronde intitulée : « Urgence climatique : les métropoles européennes et africaines en première ligne », tenue dans le cadre du Forum Europe-Afrique organisé le 17 mars dernier à Marseille.
« Les villes des pays émergents vont être les premières touchées par le changement climatique. Elles le sont déjà. Elles ne sont pas responsables mais victimes », constate Patrick Dupoux, directeur Afrique du Boston Consulting Group.
La ville hôte de l’événement fait partie de la Métropole-Aix-Marseille-Provence qui compte près de 2 millions d’habitants est confrontée à une double problématique : à la réalité du réchauffement climatique, il faut ajouter celle de la pollution favorisée notamment par la mobilité urbaine. Pour y répondre, Jean-Luc Moudenc, président de Toulouse Métropole estime qu’« en réalité, il n’y a pas de recette miracle, mais il est plutôt nécessaire d’actionner un ensemble de leviers dans un plan cohérent », afin de relever efficacement les défis environnementaux auxquels la métropole fait face. Pour lui, l’habitat requiert tout de même une attention particulière. « Il faut accélérer la transition énergétique du logement. On rénovait environ 3500 logements par an, l’objectif c’est de le doubler », a-t-il déclaré.
A plus de 6000 km de Marseille, Douala -capitale économique camerounaise aux près de 4 millions d’habitants- fait également face à d’importants défis. « Douala est la porte d’entrée du Cameroun et plus largement de l’Afrique centrale dans une certaine mesure. Mais les problèmes environnementaux sont légion : la destruction de la mangrove, qui est une des conséquences du développement de la ville, la gestion des déchets … », a expliqué Roger Mbassa Ndine, président du Conseil de la communauté urbaine de Douala, soulignant qu’un plan directeur à l’horizon 2025 et renouvelable permet de piloter un certain nombre d’actions visant à favoriser l’adaptation de la ville aux dérèglements climatiques.
Au moment où presse l’urgence d’une transition des sociétés européennes et africaines vers un mode de vie vert, Maximilien Pellegrini, directeur général délégué du groupe Suez a toutefois remarqué une nuance importante. « Le développement durable ne doit pas être une contrainte de plus mais un nouveau modèle de développement des villes […] qui se décline en opportunité pour les villes africaines », a-t-il déclaré, soulignant qu’il faudrait tirer parti des expériences de l’Europe en matière de changements climatiques afin d’anticiper sur le continent africain qui reste le plus faible pollueur et toujours en quête de son industrialisation.
Financer l’adaptation des villes, un enjeu majeur
Face à tous ces enjeux, les experts estiment critique la problématique du financement de l’adaptation des villes. Et ce, alors que plusieurs engagements ont été pris à la COP26 à Glasgow et que la COP27 aura lieu en novembre prochain au Caire. L’Egypte dont la ministre de l’Environnement Yasmine Fouad représentée par Soha Taher, cheffe du département central de la coopération internationale au ministère, participait à ce panel- fait également face au défi financier pour assurer son adaptation et ce, en dépit des milliers de millions de dollars déjà mobilisés auprès de bailleurs de fonds internationaux pour ses projets en cours.
Par la rédaction