Hausse des taux de la BCE: la Banque de France préconise de ralentir le rythme

Pour François Villeroy de Galhau, il est temps pour la Banque centrale européenne d’entamer la « seconde mi-temps » de sa politique monétaire démarrée en juillet. À savoir de procéder à partir de janvier à des hausses de taux directeurs plus « flexibles ». Il plaide donc pour un relèvement des taux de 0,50 point de pourcentage lors de la prochaine et dernière réunion de l’année, prévue le 15 décembre. Freiner sans toutefois stopper, une stratégie dans la droite ligne des responsables de la BCE.

La question n’est pas de savoir si la BCE va relever une nouvelle fois ses taux, mais de combien. Entamée depuis juillet afin de lutter contre une inflation qui atteint des records – 10,6% en octobre en zone euro – la hausse des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE) devrait se poursuivre encore. Mais pas de la même manière que celle observée jusqu’ici. Le patron de la Banque de France estime en effet qu’à la réunion de la BCE « du 15 décembre, nous devrions terminer la première mi-temps, de normalisation » de la politique monétaire après plusieurs années de taux exceptionnellement bas, proches de zéro voire négatifs depuis 2016.

« Nous discuterons autour de Christine Lagarde (ndlr : la présidente de la BCE) et je pense que la bonne mesure serait de relever les taux d’intérêt pour arriver autour de 2%, un taux plus normal au regard des niveaux passés », a-t-il déclaré lors d’une émission de la chaîne d’information en continu LCI ce dimanche 4 décembre.

Actuellement, le taux principal s’élève à 1,5%. François Villeroy de Galhau se positionne donc en faveur d’un relèvement des taux de 0,50 point de pourcentage à l’issue de la prochaine réunion de décembre.

Pour le gouverneur de la Banque de France, la réunion de décembre sera « un point d’inflexion, pas un point d’arrêt ». Il imagine ensuite une « deuxième mi-temps où les hausses de taux vont continuer mais à un rythme moins rapide et plus flexible – disons des passes plus courtes », a-t-il expliqué pour filer la métaphore footballistique, tandis que l’équipe de France disputait dans le même temps un match contre la Pologne pour accéder au quart de finale de la Coupe du Monde.

Il est d’ores et déjà prévu que la BCE augmente de nouveau ses taux lors de la réunion de décembre. Mais, d’après les observateurs, selon une ampleur probablement moindre que les augmentations de 0,75% en septembre et octobre. Et ce car il n’y a pour le moment pas de ralentissement de l’inflation. Pour Christine Lagarde, le pic n’est pas encore passé. Dans l’immédiat « mes meilleurs économistes (au sein de la BCE) » voient encore le risque d’une inflation « en hausse » indiquait-elle la semaine dernièreDans ce contexte les taux d’intérêt « sont et resteront le principal outil de lutte contre l’inflation ».

L’objectif d’une hausse des taux est simple : pousser les banques commerciales à proposer des taux d’intérêt plus élevés pour les crédits accordés à leurs clients – pour l’achat d’une maison, d’une voiture, ou encore d’une télévision, par exemple – et ainsi freiner la consommation et lutter ainsi contre l’inflation. Le résultat commence à faire effet : la croissance des crédits accordés en Europe par les banques au secteur privé a légèrement décéléré en octobre, pour la première fois depuis mars. Celle des crédits accordés aux ménages, en comprenant les prêts pour la consommation et le logement, a ralenti à 4,2%, poursuivant un ralentissement observé depuis mai. Ce qui pouvait suggérer que l’inflation avait atteint un pic. Pour Christine Lagarde, il faudra attendre « la disparition progressive des goulots d’étranglement côté offre ».

François Villeroy de Galhau a par ailleurs évoqué la réduction du bilan de la BCE, c’est-à-dire la réduction des achats d’actifs sur les marchés financiers par l’institution. Ces « injections de liquidités dans l’économie » ont été fortement « augmentées en 2021 » puis « stabilisées en 2022 ». « Nous discuterons le 15 décembre de les réduire (…), mais il faut le faire prudemment et progressivement », selon le patron de la Banque de France.

Avec AFP

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