La Banque mondiale réduit de 0,9 point ses perspectives de croissance

Alors que la Banque mondiale a réduit ce lundi à 3,2% contre 4,1% ses prévisions de la croissance mondiale en 2022, l’institution internationale basée à Washington propose un financement de 170 milliards de dollars (157,5 milliards d’euros) sur 15 mois, dont 50 milliards à déployer dans les trois prochains mois afin d’aider les pays en développement, confrontés notamment à un risque de défaut de paiement. Les dettes publiques ont explosé depuis la pandémie, et la guerre en Ukraine, qui entraîne une forte inflation notamment sur les produits de base, comme les céréales, devraient entraîner un nouveau creusement des déficits.

La guerre en Ukraine continue de plomber l’économie mondiale. La Banque mondiale a réduit ce lundi de près d’un point de pourcentage sa prévision de croissance mondiale pour cette année, à 3,2% contre 4,1%, en raison de l’impact attendu de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, a annoncé lundi son président, David Malpass.

Le dirigeant a précisé que la réduction de la prévision de croissance de la Banque mondiale s’expliquait en majeure partie par la perspective d’une contraction de 4,1% de l’activité économique dans la région Europe et Asie centrale, qui inclut l’Ukraine, la Russie et les pays voisins. La Chine, en dépit de résultats économiques meilleurs que prévus au premier trimestre, devra faire face à un fort ralentissement au deuxième trimestre, estiment de nombreux experts, notamment à cause des confinements liés à la résurgence de la pandémie. De quoi plomber également la croissance mondiale.

50 milliards d’aides financières d’ici 3 mois

Les prévisions ont aussi été abaissées pour certains pays avancés et de nombreux pays en développement en raison de l’envolée des prix de l’énergie et des produits alimentaires provoquées par les perturbations liées à la guerre, a poursuivi David Malpass. C’est le cas notamment de la France. Dans leur dernière note de conjoncture dévoilée ce mardi 12 mars, les économistes de la Banque de France ont révisé à la baisse leurs prévisions de croissance du PIB pour le premier trimestre, passant de 0,5% à 0,25% (-0,25 point). De leur côté, les économistes d’Allianz ont également dégradé leurs projections de croissance mais cette fois-ci pour 2022 de 1 point, passant de 4% à 3% dans leur scénario central. En cas d’aggravation de la guerre, l’économie tricolore pourrait tomber en récession à -2,3%.

Au niveau européen, la guerre en Ukraine pourrait amputer « un point à un point et demi » de croissance à l’Europe, en fonction de la durée du conflit, tandis que l’inflation pourrait encore augmenter « de deux points à deux points et demi », a estimé la cheffe économiste de l’OCDE, Laurence Boone, la semaine dernière.

Face à ces nombreux défis, la Banque mondiale a décidé de répondre au surcroît de tension économique lié à la guerre en proposant un nouvel objectif de financement de 170 milliards de dollars (157,5 milliards d’euros) sur 15 mois, dont 50 milliards à déployer dans les trois prochains mois.

« Au cours des prochaines semaines, je prévois de discuter avec notre conseil d’administration d’une nouvelle enveloppe d’environ 170 milliards de dollars s’étalant sur 15 mois pour couvrir la période d’avril 2022 à juin 2023 », a précisé ce lundi le responsable de la Banque mondiale.

Il a ajouté que l’objectif était de « s’engager sur quelque 50 milliards de dollars de ce montant au cours des trois prochains mois ». Cette enveloppe est conséquente, a-t-il noté, rappelant, à titre de comparaison, que le Conseil d’administration avait approuvé en 2020 le déblocage de 157 milliards de dollars pour affronter la crise provoquée par la pandémie.

Le FMI propose aussi un mécanisme d’aide

De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé qu’il lancera le 1er mai un fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité (RST). Une aide, d’au « moins 45 milliards de dollars », qui vise à relever les défis « structurels à long terme » que doivent affronter ces Etats, alors que la question de la soutenabilité de la dette menace à court terme ces pays vulnérables.

La question se pose en effet sur la soutenabilité de la dette de ces pays. Pour l’ONU, Il est urgent d’agir contre la dette des pays défavorisés, affaiblis par la guerre en Ukraine et son cortège de hausse des prix des denrées alimentaires, des carburants et des engrais.

Selon la Cnuced, les pays en développement devraient avoir besoin de 310 milliards de dollars pour assurer le service de la dette publique extérieure en 2022, l’équivalent de 9,2% de l’encours de la dette publique extérieure à la fin de 2020. Les pays qui semblent vulnérables à un choc brutal en raison de la combinaison d’importantes pressions de refinancement et d’un ratio service de la dette/exportations élevé sont le Pakistan, la Mongolie, le Sri Lanka, l’Égypte et l’Angola. L’Égypte a demandé l’aide du FMI fin mars.

Les pays pauvres ne vont pas être en mesure d’y faire face sans aide, alerte Mme Grynspan, la responsable du Cnuced, qui réclame des mécanismes pour résoudre leurs problèmes de liquidités et de dette. « Nous avons besoin d’un meilleur mécanisme de restructuration de la dette et d’allègement de la dette », plaide l’ancienne vice-présidente du Costa Rica.

Un risque sur les dettes publiques

« Nous nous attendons à ce que la crise de la dette continue de s’aggraver en 2022 », a appuyé ce lundi le dirigeant de la Banque mondial, soulignant que ces pays étaient soumis à de « graves tensions financières ». Au total, 60% des pays à faible revenu sont déjà en situation de surendettement ou à haut risque de surendettement.

La semaine dernière, David Malpass avait une nouvelle fois appelé à améliorer le cadre commun du G20 permettant la restructuration de la dette. Il avait alors suggéré « l’établissement d’un calendrier permettant au comité des créanciers de suspendre les paiements du service de la dette et les intérêts de pénalité en élargissant l’éligibilité ».

Il avait aussi recommandé d’impliquer les créanciers privés au début du processus de restructuration. Au début de la pandémie de Covid-19, les pays riches du G20 avaient offert aux pays pauvres un moratoire sur le paiement du service de leur dette jusqu’à la fin de l’année 2020 avant de le prolonger jusqu’à la fin 2021.

Parallèlement à cette initiative de suspension du service de la dette (DSSI), ils avaient créé, en novembre 2020, un « cadre commun » destiné à restructurer, voire annuler la dette des pays qui en feraient la demande. Mais pour l’heure, les créanciers privés, en particulier chinois, freinent sa mise en œuvre. Un G20 se tiendra mercredi où cette question devrait être abordée.

Avec Reuters

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