La Guinée au centre de la stratégie africaine de Moscou

L’axe Conakry-Moscou se renforce et se pérennise. La visite ce mardi 23 mars de Mikhaïl Leonidovitch Bogdanov, vice-ministre Russe des affaires étrangères en charge de l’Afrique et du Moyen-Orient et envoyé spécial du président Vladimir Poutine en Guinée et son tête-à-tête avec le président guinéen Alpha Condé prouve si nécessaire le changement de cap du régime de Conakry.

Cette visite a surtout permis de lever encore un peu plus un autre coin de voile sur le renouveau du partenariat politico-stratégique entre Conakry et Moscou, les deux vieux alliés de toujours aux dépens de l’Occident. Il a surtout été question lors de cet entretien entre Alpha Condé et le diplomate Russe, des préparatifs du sommet Russie-Afrique qui se tiendra en 2022 sur le continent contrairement au premier sommet qui s’est tenu en octobre 2019 à Sotchi en Russie, du vaccin russe Spoutnik V dont il est venu avec 10.000 doses pour soutenir la Guinée dans son effort de lutte contre la Covid-19, de la coopération multilatérale à l’ONU, et des relations commerciales, économiques et militaires.

Lâché de toutes parts par les occidentaux à cause de son projet de troisième mandat et des nombreuses atteintes aux droits de l’Homme enregistrées en Guinée, Alpha Condé a en effet tourné le dos aux occidentaux pour se rapprocher de la Russie et de la Chine afin de s’assurer de la garantie politique, économique et diplomatique des deux grandes puissances sur la scène internationale. L’on se rappelle encore de cette rencontre légendaire entre le président guinéen et son homologue russe Poutine en marge du premier sommet Russie-Afrique de Sotchi où Alpha Condé tacle devant les caméras du monde entier, le néocolonialisme et l’impérialisme occidental égratignant au passage la France et invitant son homologue russe à un entretien à huis clos. Depuis, c’est de façon décomplexée qu’Alpha Condé vante l’axe Conakry-Moscou-Pékin, jouant de façon subtile sur la rivalité entre grandes puissances qui se battent pour marquer leurs zones d’influences géostratégiques. Alpha Condé ne s’en cache plus. « Poutine est un ami personnel » qui l’a soutenu dans son projet de troisième mandat et qui a été le premier chef d’État à lui adresser une lettre de félicitations, surtout de reconnaissance. Il l’a fait savoir à Mikhaïl Leonidovitch Bogdanov.

Au-delà de l’importance géostratégique que représente la Guinée pour Moscou, et des liens historiques qui lient les deux anciens alliés du bloc de l’est, la présence en Guinée de Rusal, numéro Un mondial de l’aluminium est un élément qui pèse lourdement dans la balance. Car pour garder le Cap de son leadership mondial sur l’aluminium, Rusal a besoin au même titre que les entreprises chinoises de la bauxite guinéenne qu’elle exploite depuis des décennies.

Sans pour autant renoncer à l’aide et à la coopération occidentale « indispensable » à la survie de son économie, l’occident qui elle-même n’entend pas abandonner ses intérêts dans « les rivières du sud » à Moscou et Pékin, malgré leurs montées en puissance dans l’économie guinéenne, Alpha Condé joue  le « chef d’orchestre » par état de fait et par opportunisme politique. À ce jeu, c’est la Chine et la Russie qui sont entrain de gagner irrémédiablement là où la Guinée aurait pu tirer son épingle du jeu.

Mamadou Alliou Diallo

Challenges Radio

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