La nouvelle, ce mercredi, fait la une de la presse économique mondiale intéressée par le continent. Après cinq mois de négociations, le géant sud-africain de l’assurance Sanlam et le mastodonte allemand Allianz ont décidé de rassembler leurs activités africaines sous une coentreprise formant une entité panafricaine lourde de 2 milliards de dollars et large de 29 pays. De quoi faire bouger les lignes du secteur sur le continent.
Son dénomination n’a pas encore été dévoilée et le dirigeant sera nommé « en temps voulu », mais la nouvelle entité qui rassemblera le business africain de Sanlam et Allianz annonce déjà les couleurs d’un leadership continental. Les géants sud-africain et allemand de l’assurance ont en effet annoncé ce mercredi 4 mai une joint-venture de leurs activités africaines hors Afrique du Sud. L’entité panafricaine affiche une valeur combinée d’environ 2 milliards de dollars et couvre 29 pays. « La coentreprise nous permettra de franchir une étape importante vers la réalisation de cette ambition [d’être un groupe de services financiers panafricain de premier plan », a déclaré Paul Hanratty, PDG du groupe Sanlam. « Cela, a-t-il ajouté, renforcera également notre position de leader sur plusieurs marchés clés qui sont au cœur de notre stratégie en Afrique ».
Fondée en 1917, Sanlam a longtemps s’est longtemps contenté de l’Afrique anglophone. Et même lorsqu’elle a pensé à gagner en puissance internationale, la compagnie sud-africaine s’est d’abord tournée vers l’Occident. En 2018, un tournant décisif est engagé avec le rachat du marocain Saham (dont la dénomination devrait effectivement changer cette année) qui lui a immédiatement multiplié les entrées en Afrique de l’Ouest et Centrale. En 2021, le firme a brassé son plus gros chiffre d’affaires depuis le rachat de Saham : 200 milliards de rands, soit plus de 12,6 milliards de dollars.
Commentant la nouvelle joint-venture, Christopher Townsend, membre du conseil d’administration d’Allianz SE prône « un nouveau modèle de partenariat » avec un assureur qui « partage les valeurs » du groupe allemand. Il s’agit purement et simplement « d’accélérer sa croissance dans cette région importante », a indiqué ce dirigeant qui fait partie de ceux qui ont approuvé la nomination de la Burkinabè Delphine Traoré à la tête d’Allianz Africa dès novembre dernier.
Vers une reconfiguration certaine ?
Ainsi conclu cinq mois après le début des pourparlers en décembre dernier, le deal Sanlam-Allianz reconfigure un secteur africain de l’assurance. Ce marché à l’échelle continentale pèse près de 68 milliards de dollars en termes de primes dont la part du lion (72%) revient uniquement à l’Afrique du Sud qui jouit de la forte pénétration des assurances au niveau national. La nation arc-en-ciel étant exclue de l’accord, la joint-venture Sanlam-Allianz se positionne donc sur la part restante (28%) d’environ 19 milliards de dollars, sur laquelle le Maroc trône jusqu’ici. A noter que le royaume chérifien fait partie des marchés où les deux compagnies sont déjà présentes.
Même si les marchés ne sont pas particulièrement émus à l’annonce ce mercredi de cette joint-venture (Sanlam cotée à la Johannesburg Stock Exchange (JSE) et Allianz à la Bourse de FrancFort), il va de soi que la mise en place de la nouvelle entité et son top management sera très suivie.