«La Mauritanie, nouvelle frontière de l’investissement»

Entretien exclusif avec Aissata Lam, Directrice Générale de l’Agence mauritanienne de la promotion des investissements.


La directrice générale de l’Agence mauritanienne de la Promotion des Investissements (APIM), Aissata Lam, revient sur le plan stratégique et opérationnel lancé  récemment par l’institution qu’elle dirige. Entretien.


Le  Plan Stratégique et opérationnel de l’Agence de Promotion des Investissements en Mauritanie vient d’être restitué. Quels en sont les axes saillants ?

Il était question dans un premier temps de faire le point, un an après notre prise de fonction, sur les actions entreprises et les premières réalisations de l’APIM dans le cadre de son mandat. La mise en place d’une feuille de route était importante pour nous afin d’avoir une idée très claire de la direction que nous devions prendre. Le plan stratégique et opérationnel quinquennal de l’agence tourne autour de 5 axes ;

i. Faire de l’APIM une organisation agile, pérenne et dédiée à la satisfaction des usagers.

ii. Affermir la confiance entre le Gouvernement et le secteur privé.

iii. Développer une image de marque du pays afin que les investisseurs aient une bonne perception de la Mauritanie.

iv. Renforcer le Guichet Unique et le suivi effectif des investissements pour permettre de consolider les acquis et mesurer les résultats.

v. Constituer une banque de projets pour attirer les investissements structurants, notamment dans les secteurs productifs.

Le tout s’insère dans une optique globale de développement du secteur privé et d’amélioration du climat des affaires pour rendre le pays plus attractif à l’échelle internationale.

La création de l’APIM a-t-elle permis de fluidifier le processus de création des entreprises  ? Quid de la solution digitale dédiée ?

En effet, un chantier prioritaire était le Guichet Unique dont nous voulions améliorer les procédures pour plus d’efficacité et de transparence. Nous avons stabilisé les délais de création à 48 heures  en renforçant l’équipe grâce à une meilleure coordination avec les administrations centrales impliquées dans le circuit, notamment la Direction Générale des Impôts et le ministère de la Justice, à travers le tribunal de commerce.

Le projet de digitalisation et dématérialisation des processus a été entamé et nous espérons terminer d’ici le 3e trimestre. J’ai  hâte d’arriver à la mise en place effective du Guiche Unique 2.0 pour faciliter encore plus le processus pour les usagers, notamment de la diaspora qui est un de nos publics  cibles.

Depuis la mise en place de l’APIM, 5 217 entreprises ont été créées au Guichet Unique. Avec nos efforts conjoints de formalisation du secteur informel avec le Ministère des Affaires Économiques et de la Promotion des Secteurs Productifs, nous devrions avoir de meilleurs résultats, je l’espère, notamment pour les femmes qui sont souvent  les moins formalisées.

Quelle est l’orientation de l’APIM pour soutenir l’investissement national et promouvoir le contenu local ?

L’APIM se positionne pour être l’interlocuteur privilégié du secteur privé national ; nous avons un axe de notre plan stratégique dédié au renforcement du dialogue public privé. Nos premiers mois d’activité étaient dédiés à cela : écouter, comprendre, pour mieux accompagner. Le dynamisme et l’attention portée au secteur privé national est un des baromètres des investisseurs étrangers, donc même dans une optique d’attrait des IDEs, le soutien et l’accompagnement de l’investissement national est central. l’APIM œuvre pour l’amélioration de la qualité des services fournis afin de :

➢ mieux accompagner le secteur privé

➢ suivre les tendances au niveau du continent

➢ engager le leadership

➢ réduire les contraintes administratives

➢ hisser la compétitivité de l’économie à un niveau supérieur

Pour ce qui est de la promotion du contenu local, les actions de l’APIM s’articulent autour de deux axes :

➢ Le développement des entreprises locales : le but est de promouvoir la création et le développement d’un réseau d’approvisionnement local fournissant, sur une base compétitive, des biens et services de qualité.

➢ La formation et création d’emplois locaux : très importante pour nous ; c’est un élément que l’on suit de près notamment pour les entreprises agréées au Code des investissements. Nous travaillons de près également avec le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle afin de pouvoir offrir une base de compétences locales aux entreprises qui s’installent.

La prise de décision par les investisseurs étrangers de prospecter ou d’investir dans un pays passe avant tout par l’appréciation de son climat des affaires et son image. Quels sont les atouts de la Mauritanie par rapport aux pays voisins directs ?

Notre Pitch pays à l’agence tourne autour de «la Mauritanie, nouvelle frontière de l’investissement » ; à travers cela, nous voulons mettre en exergue 3 forces principalement, sans nécessairement vouloir se comparer aux pays voisins :

1) Notre positionnement géostratégique : à la porte de l’Europe, pont entre l’Afrique du Nord et l’Afrique Sub-saharienne, et locomotive pour le Sahel. Nous avons un vaste pays, 1.030 .700 km2, peu densément peuplé, avec d’importantes ressources naturelles, et une côte des plus poissonneuses au monde de plus de 750km. Notre pays se positionne comme une destination de choix pour les énergies renouvelables et les nouvelles à fort potentiel comme l’hydrogène vert.

2) Un potentiel important pour le développement des secteurs productifs qui restent encore largement sous exploités. Notre frontière naturelle, le fleuve Sénégal donne accès à une source importante pour développer ce secteur. Notre cheptel est important et je vous le disais plus haut nos côtés généreuses en poissons. Tout y est à faire.

3) Et finalement, un élément important, la Stabilité : politique et sécuritaire. Dans une contexte de crise globale et d’incertitude, c’est un facteur important dans toute décision d’investissement. Notre pays, nous rendons grâce à Dieu, jouit de cette stabilité nous permettant de poursuivre la quête de développement et diversification économique plus sereinement.

Quels sont les secteurs à promouvoir en matière d’attraction des IDE (ceux que les investisseurs étrangers choisissent habituellement) ?

Ce sont principalement :

–     la pêche et industrie de pêche

–     l’agriculture et l’agroalimentaire

–     les unités industrielles et manufacturières

–     les activités extractives

–     l’hôtellerie/tourisme

Nous avons vu un intérêt particulier ces derniers mois pour les nouvelles énergies, à savoir l’hydrogène.

Avez-vous déjà élaboré des dispositifs réglementaires et juridiques régissant les IDE dans les secteurs nouveaux tels que l’hydrogène vert et bleu, la chaîne de valeur de la transformation gazière, etc.

C’est une question d’actualité. Aujourd’hui, plusieurs pays africains (le Maroc, l’Afrique du Sud, le Niger…) explorent le potentiel de production d’hydrogène vert. La Mauritanie, de par ses grandes capacités solaires, éoliennes et ses vastes étendues de désert, est l’un des pays les plus préparés naturellement à jouer un rôle de premier plan dans la production et le développement d’énergie propre et d’hydrogène vert. Deux accords pour en produire ont été signés l’année dernière. Ces projets précurseurs visent à renforcer l’expertise dans le domaine, dans un premier temps, le cadre réglementaire et l’expertise sont travaillés en parallèle. Les textes du Gaz sont mis en place, même si une actualisation est engagée régulièrement. Des études sont en cours pour consolider les aspects stratégiques et le contenu local.

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