A l’initiative de l’Agence Côte d’Ivoire PME, en partenariat avec l’Université Québec Trois Rivières (UQTR), l’Ecole Nationale de Statistiques et d’Economie Appliquée (ENSEA), l’Agence de Développement des PME du Cameroun, l’Agence de Développement des PME du Sénégal, des praticiens du développement et des chercheurs se sont retrouvés pour réfléchir sur le thème de l’Asymétrie d’information et Financement des entreprises : utilité des systèmes de scoring pour les agences africaines de développement des PME”. L’objectif de cette rencontre était d’échanger sur un système optimal de scoring qui puisse permettre de réduire les asymétries d’information dans le cadre du financement des Startups, TPE, PME, ETI, Champions nationaux par les institutions financières.
Pour opérationnaliser la transformation structurelle de notre économie conformément au pilier 2 du Programme « Côte d’Ivoire Solidaire » et au pilier 1 du PND 2021-2025 sur la transformation structurelle de notre économie, la politique publique de développement du secteur privé, notamment des PME, doit s’appuyer sur les regards croisés de professionnels pour partager les expériences, les acquis et les défis d’accompagnement des PME. C’est dans cette dynamique que l’Agence Côte d’Ivoire PME a initié une série de mini-symposium de haut niveau sur les thématiques de financement et d’accompagnement des PME depuis le 24 février 2022, avec pour slogan : le secteur privé sur le podium.
En effet, une étude réalisée en 2014 par la BCEAO auprès des établissements de crédit de l’UEMOA sur les causes profondes des difficultés d’accès au financement des PME, indique que la mauvaise qualité de l’information fournie par les PME serait à l’origine de la réticence des Banques à financer les PME pour 97,3% des cas et que le taux de défaut des petites et moyennes entreprises reste élevé, soit un taux de 69,1%. Ces statistiques révèlent les causes des réticences des banques à financer les PME et indiquent par ailleurs le rôle central de la maitrise des questions d’asymétrie d’informations sur les financements des PME.
Plantant le décor, l’animateur principal du Symposium, Serge NOMO, Professeur agrégé de Finance et Directeur du Département Finance et Economie de l’Université Québec Trois Rivières (UQTR) au Canada, a précisé les différents types de risques, notamment les risques d’anti-sélection, les risques de crédit et insisté sur la nécessité de les minimiser au maximum en invitant chaque participant à contribuer selon son expérience sur le système de scoring optimal.
Au cours des échanges, Hugues Kouadio, Directeur de l’Ecole Nationale Supérieure de Statistiques et d’Economie Appliquée, ENSEA indique que « Le challenge du financement des PME peut être relevé par un système de scoring qui est l’action d’évaluer les risques de défaillance d’un bénéficiaire de crédit sur la base d’éléments spécifiques notamment sur l’entrepreneur et l’entreprise. Mais la question de la disponibilité des informations est fondamentale pour réaliser un meilleur scoring ».
En Afrique centrale notamment au Cameroun, de nombreuses initiatives tant publiques que privées existent pour effectuer le scoring et fournir les informations fiables aux prêteurs. Cela dans l’objectif de donner toute l’assurance nécessaire aux banquiers en vue d’accompagner financièrement les entreprises. Ainsi, Jean Marie Louis BADGA, Directeur Général de l’Agence des PME du Cameroun, révèle que « L’Agence de Promotion des PME est à l’œuvre pour mettre un outil de notation dénommé Nota PME. C’est une application numérique permettant d’effectuer la notation d’une entreprise et de faire du crédit scoring. Le processus de notation est enclenché aussitôt que le demandeur renseigne les éléments le constituant et génère automatiquement une note à la fin qui sera constituée en fonction du droit des utilisateurs ».
Pour Salimou BAMBA, Directeur Général de l’Agence CI PME, initiateur de ce symposium, « La question de la qualité d’information est la clé de confiance entre les financiers et les emprunteurs. L’Agence CI PME, dans l’exécution du Fonds de Soutien aux PME contre COVID-19 (FSPME) mis en place par l’Etat de Côte d’Ivoire et dont elle assure le Secrétariat Exécutif avec la BNI, a relevé que des entreprises avaient des défis pour réunir les informations nécessaires sur l’attestation de mise à jour relative à la sécurité sociale, sur l’attestation de régularité fiscale, sur le compte d’exploitation financier et sur les états financiers. Les banques n’ont pas toujours accès à tous ces documents et même quand ils sont mis à leur disposition, leur qualité laisse à désirer ».
Pour rappel, l’Agence CI PME dispose depuis quelques mois d’un outil de scoring des PME qui permet de dresser un portrait rapide de la PME et de l’accompagner de façon efficace vers le financement.
Dr Soyibou NDAO de l’Agence de Développement du Sénégal (ADEPME) a partagé la riche expérience de son institution en matière de scoring et de labélisation. L’ADEPME a mis en place une plateforme de E-rating qui permet à travers un modèle discriminant de faire l’évaluation de la PME, de l’accompagner au financement et d’assurer un service après-vente (AfterCare). Ce modèle est suffisamment éprouvé et permet d’accompagner les PME au financement.
Au regard de tout ce qui précède, Michel Kouassi, Banquier d’Affaires et Directeur Principal des Opérations Commerciales à la Meridian and Motus Bank à Toronto (Canada) a donné ses recettes pour établir un climat de confiance entre les entreprises et les prêteurs dans le cadre de la réduction de l’asymétrie d’information pour les Agences de Développement des PME et des financiers.
« Une entreprise ne peut pas avoir deux bilans, sinon cela créerait la méfiance chez le banquier et quand c’est le cas, la demande de crédit ne peut aboutir. Il faut mettre en place un système permettant d’avoir des entités de réputation sur lesquelles les institutions financières peuvent compter pour prendre des décisions. Il faut également promouvoir les suretés à travers l’enregistrement de certaines décisions juridiques. C’est important pour les pouvoirs publics de travailler avec le secteur privé à établir un écosystème qui est beaucoup plus solide et dont la réputation permet au banquier d’être en confiance lorsqu’il doit faire un financement.
Avec Sercom