Le commerce extérieur français dans la tourmente

Le déficit commercial de la France a de nouveau plongé de 600 millions d’euros au mois d’avril pour atteindre -12,4 milliards d’euros. En cumul, le solde de la balance des biens s’établit à -106,6 milliards d’euros sur un an. La hausse des prix de l’énergie a fait grimper en flèche la facture des importations.

Les voyants du commerce extérieur tricolore sont au rouge. Le déficit commercial des biens français a atteint un nouveau record en avril à 12,4 milliards d’euros, «sensiblement» dégradé par les importations d’énergie dont les prix ont flambé avec l’invasion en Ukraine, ont indiqué les Douanes mercredi. Après deux longues années de pandémie, une partie du tissu productif tricolore est toujours à la peine.

L’économie française souffre des problèmes d’approvisionnement liés à la guerre en Ukraine et aux périodes de confinement en Chine qui ont plombé l’activité. Au premier trimestre, le produit intérieur brut (PIB) s’est finalement contracté de 0,2%, a indiqué l’Institut national de la statistique (Insee) la semaine dernière, révisant à la baisse sa précédente estimation d’une croissance de 0% publiée fin avril.

À l’échelle de la planète, l’OCDE table désormais sur une croissance mondiale du produit intérieur brut de 3% en 2022, en fort recul par rapport à la précédente prévision de 4,5% de décembre dernier, et sur un doublement de sa prévision d’inflation au sein des pays membres de l’organisation, à 8,5%, ce qui serait un plus haut depuis 1988. «La guerre a un effet d’amplification des chocs précédents mais a aussi provoqué de nouveaux chocs. Le choc d’incertitude géopolitique a un effet négatif sur la demande», a déclaré Christophe Blot, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) lors d’un récent point presse.

106,6 milliards d’euros de déficit

En mars, le déficit avait déjà atteint 11,8 milliards d’euros selon les chiffres révisés des Douanes, soit le pire déficit jamais enregistré. Il atteint également un record absolu en cumul sur douze mois glissants, à 106,6 milliards d’euros.

La nette dégradation du solde français des échanges est liée à la progression «prononcée» des importations, jusqu’à 58,8 milliards d’euros, contre «des exportations qui augmentent ce mois-ci plus légèrement», à 46,4 milliards, détaillent les Douanes. Cet écart est porté «majoritairement par la croissance des prix des biens échangés», précisent-elles, affirmant que les prix à l’importation ont augmenté de 7% quand ceux à l’importation n’ont pris que 4%.

Flambée des prix de l’énergie

«La hausse des prix de l’énergie est une nouvelle fois la principale responsable de cette situation», ont-elles ajouté, soulignant que hors énergie, le solde extérieur des biens recule «plus modérément sur le mois», s’aggravant de seulement 100 millions d’euros par rapport à mars.

Les prix du pétrole ont flambé ces derniers mois dans le sillage de la reprise progressive de l’économie mondiale puis de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, propulsant le prix du baril vers les 120 dollars. En France, les prix de l’essence ont atteint la semaine dernière des niveaux record, au-dessus de la barre des 2 euros malgré la ristourne à la pompe mise en place par le gouvernement, a indiqué ministère de la Transition écologique.

La progression de la facture énergétique, à un rythme «toujours soutenu», semble cependant «ralentir», (+0,6  milliard d’euros ce mois-ci, contre +0,8 milliard d’euros en moyenne sur les six mois précédents), ont souligné les Douanes. Outre l’énergie, les échanges de biens de consommation et de biens intermédiaires affichent des «soldes respectifs quasi-stables ce mois-ci», «dans un contexte de hausse des prix alimentaires et industriels», ont ajouté les Douanes.

Du côté de la balance des paiements, qui inclut les échanges de services, le déficit des transactions courantes est ressorti à 3,4 milliards d’euros en avril, parfaitement stable par rapport au mois précédent selon les chiffres révisés, a détaillé la Banque de France mercredi.

(Avec AFP)

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