Macron prépare les esprits à « la fin de l’abondance » et « de l’insouciance »

En cette rentrée politique, alors que l’inflation est dans tous les esprits, de lourdes décisions attendent l’exécutif sur le budget ou encore la politique énergétique après un été marqué par une succession de drames climatiques, de la sécheresse aux incendies jusqu’aux orages meurtriers en Corse. Lors d’un discours face au gouvernement réuni en Conseil des ministres à l’Elysée, le chef de l’Etat a appelé à « l’unité » face à « la grande bascule ».

Après trois semaines au Fort de Brégançon, Emmanuel Macron a rassemblé son gouvernement mercredi à l’Élysée. Ces retrouvailles ont été précédées mardi soir d’un dîner de travail avec la Première ministre Élisabeth Borne pour aborder les grandes priorités de la rentrée. Pour l’exécutif, cette rentrée politique se déroule dans un climat rempli d’incertitudes liées à la guerre en Ukraine, au dérèglement climatique et à l’inflation, en attendant les hostilités parlementaires qui ne reprendront qu’en octobre.

En préambule ce mercredi de ce conseil des ministres de rentrée à l’Elysée, lors d’une allocution devant les ministres exceptionnellement retransmise, Emmanuel Macron a appelé le gouvernement à « l’unité » face à « la grande bascule » marquée par « la fin de l’abondance », « des évidences » et « de l’insouciance ».

« Le moment que nous vivons peut sembler être structuré par une série de crises graves (…) et il se pourrait que d’aucuns voient notre destin comme étant perpétuellement de gérer les crises ou des urgences. Je crois pour ma part que ce que nous sommes en train de vivre est plutôt de l’ordre d’une grande bascule ou d’un grand bouleversement », a déclaré Emmanuel Macron devant les ministres.

Ne pas céder à la tentation de la « démagogie »

Alors que, face à cette situation, « nos compatriotes peuvent réagir avec beaucoup d’anxiété », il a appelé les membres du gouvernement à « dire les choses », à  « nommer avec beaucoup de clarté et sans catastrophisme ». « J’attends du gouvernement le respect de la parole donnée et des engagements que nous avons pris à l’égard de la nation », a-t-il ajouté. « Ce que je souhaite que nous puissions faire dans les prochaines semaines et les prochains mois, c’est de réaffirmer une unité très forte du gouvernement, des forces de la majorité » autour « d’un cap qui nous permettra de consolider notre souveraineté, notre indépendance française et européenne.»

Face à « la montée des régimes illibéraux » et « le renforcement des régimes autoritaires », le président a appelé également les ministres au « sérieux », à « la crédibilité » et à ne pas céder à la tentation de la « démagogie ». « Il est facile de promettre tout et n’importe quoi, parfois de dire tout et n’importe quoi. Ne cédons pas à ces tentations, c’est celle de la démagogie. Elles fleurissent dans toutes les démocraties aujourd’hui, dans un monde complexe qui fait peur. Ça peut toujours sembler séduisant de dire ce que les gens veulent entendre (…) mais il faut d’abord raisonner en se demandant si c’est efficace et utile », a-t-il ajouté, sans citer d’exemples concrets.

Alors que de lourdes décisions attendent l’exécutif sur le budget, la politique énergétique et que l’inflation est dans tous les esprits, pour préparer l’opinion, lors d’un discours de commémoration depuis Bormes-les-Mimosas (Var), Emmanuel Macron avait déjà donné le ton d’une rentrée potentiellement compliquée dans l’Hexagone. Après avoir dénoncé « l’attaque brutale » russe en Ukraine, il avait déjà appelé les Français à « regarder en face le temps qui vient, résister aux incertitudes » et « accepter de payer le prix de notre liberté et de nos valeurs. »

Transition énergétique et sobriété

La période estivale a au demeurant été marquée par une succession de drames climatiques, de la sécheresse aux incendies jusqu’aux orages meurtriers en Corse.

« Cet été a tout cumulé (…) On a tous touché du doigt ce que le mot « dérèglement climatique » signifie et provoque dans notre quotidien », a résumé le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. L’heure est donc à « la mobilisation générale » avec un mot d’ordre, « la sobriété énergétique », selon l’entourage du président. La « souveraineté », la « bataille pour le climat » et « l’égalité des chances » forment les priorités de cette rentrée que l’exécutif aborde « avec sérénité, dès lors qu’il y a un cap clair, de la cohérence et de la constance dans l’action menée », selon la même source.

La transition énergétique figurera en bonne place dans le discours du gouvernement, qui présentera à l’automne un projet de loi d’accélération des énergies renouvelables. Un séminaire gouvernemental notamment consacré à l’écologie se tiendra la semaine prochaine, et la Première ministre doit également y consacrer un discours lors de l’université de rentrée du Medef.

(Avec AFP)

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