Située à une quarantaine de kilomètres au sud de la grande métropole et opérationnelle dès 2027, l’usine d’une capacité de 300 millions de m3 par an sera construite par le géant espagnol Acciona et les entreprises Afriquia Gaz et Green of Africa, deux filiales du groupe marocain Akwa. Cette future infrastructure devrait solutionner la pression que subit la première ville économique du pays, dont les besoins en eau potable ont atteint un niveau critique.
Alors qu’elle devait être opérationnelle en 2016, la future station de dessalement de la région du grand Casablanca n’entrera finalement dans sa phase de production qu’en 2027. Mégaprojet à l’échelle du continent, la future station de dessalement, dont le chantier sera lancé dans les prochaines semaines, est située à une quarantaine de kilomètres au sud de la plus grande métropole du pays pour une capacité de 300 millions de m3 par an et un investissement estimé à 800 millions d’euros.
Dès son entrée en service, la station devrait fournir de l’eau potable aux 3,34 millions d’habitants de la ville de Casablanca et élargir le réseau d’irrigation sur une superficie de 8.000 hectares.
Le consortium en charge de la construction de l’usine comprend le géant espagnol Acciona (7,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2019) et les entreprises Afriquia Gaz et Green of Africa, deux filiales du groupe familial marocain Akwa (Green Affica étant une joint-venture créée en 2015 entre O Capital Group et AkwaGroup), propreté de l’actuel chef de gouvernement Aziz Akhannouch et dont les activités vont du secteur des carburants et lubrifiants, du gaz en passant par l’immobilier et le commerce de grandes marques.
Anticiper sur une situation devenue critique…
Stress hydrique, barrages à des niveaux de stockage quasi bas, nappes phréatiques saturées, hausse des températures moyennes de 1,3 degré Celsius d’ici à 2050… Le Maroc, qui se dirige vers sa sixième année consécutive de sécheresse, met aujourd’hui les bouchées doubles pour mettre en exécution les grandes lignes de son Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation (PNAEPI) initié pour la période 2020-2027.
Côté ressources, l’eau souterraine reste stratégique. Elle représente environ 20% du potentiel en ressources en eau du pays. Sur les 130 nappes aquifères, 32 sont des nappes profondes et 98 superficielles. À l’état actuel des connaissances, le potentiel exploitable des ressources en eau souterraine est d’environ 3,9 milliards m3, avec un minimum de 22 millions m3/an enregistré au niveau du bassin Sakia El Hamra et Oued Eddahab (provinces du sud) et un maximum de 1,11 milliard de m3 par an au niveau du bassin du Sebou (centre du pays).
Quant à l’eau de surface, le Maroc dispose aujourd’hui d’un patrimoine de 152 grands barrages d’une capacité de stockage 319,9 milliards de m3 . Dans un souci d’équilibre interbassins, 16 ouvrages de transfert d’eau d’une longueur totale de près de 785 km ont été réalisés, précise le ministère de l’Équipement dans un récent rapport.
Pour la réutilisation des eaux usées épurées, pas moins de 41 projets ont été réalisés à l’échelle nationale pour différents usages (espaces verts, golfs et agriculture). Le volume d’eaux usées épurées mobilisé pour la réutilisation était de l’ordre de 32 millions m3 à fin 2023.
Le recours au dessalement d’eau de mer reste aujourd’hui la solution de premier plan pour faire face au stress hydrique que connait le pays. En plus des 42 stations de dessalement mobiles, le Maroc compte actuellement 12 usines de dessalement avec une capacité de près de 118.700 m3 par jour et 7 stations en cours de construction ou de lancement avec une capacité de 396 200 m3 par jour.
À Casablanca, des mesures drastiques pour limiter le gaspillage de l’eau
Casablanca (une des neuf provinces de la région Casablanca -Setta qui génère 65 % de la production industrielle nationale) la grande métropole du royaume, compte aujourd’hui une population de 3,34 millions d’habitants (contre 4,2 millions pour l’ensemble de la région) répartis sur une superficie de 180 km2. Lydec (Lyonnaise des eaux de Casablanca, filiale du groupe français Veolia), opérateur de services publics (gestion déléguée) sur le Grand Casablanca, a distribué en 2019 plus de 219 millions de m3 d’eau potable, alors que la consommation journalière dans le Grand Casablanca est estimée entre 500.000 et 730.000 m3. Face au stress hydrique et aux besoins importants en eau potable, la wilaya (circonscription déconcentrée qui existe en parallèle de la collectivité territoriale) a décrété une série de mesures restrictives pour limiter le gaspillage de l’eau.
Le 23 janvier, une circulaire des autorités de la ville dresse une liste des mesures pour faire bon usage de l’eau, notamment la rationalisation des débits d’eau dans les quartiers les plus consommateurs par la modulation de pression, l’interdiction des services de lavage de véhicules (y compris celles des stations-service) tous les lundis, mardi et mercredi et l’interdiction formelle d’utilisation de l’eau potable dans cette activité. Les restrictions visent également les hammams (bains publics populaires dans le pays) puisqu’ils seront fermés les trois premiers jours de la semaine.
En plus de ces restrictions, l’utilisation de l’eau potable pour le nettoyage de la chaussée et des espaces publics est désormais interdite. Idem pour l’arrosage des espaces verts et les piscines publiques et privées qui ne peuvent être remplies qu’une fois par an. Des mesures restrictives qui devraient rester en vigueur jusqu’à ce que la situation hydrique s’améliore.
Source Tribune afrique