Dans son discours du dimanche 6 novembre, le roi Mohammed VI est revenu sur deux sujets d’une grande importance pour le royaume : le développement socioéconomique des provinces du sud et l’intégration ouest-africaine à travers le gazoduc Nigeria-Maroc, un projet bénéficiant de l’appui royal. Revue de détail.
Depuis 1975 et le 6 novembre de chaque année, le royaume du Maroc commémore l’anniversaire de la Marche verte, un évènement majeur dans l’histoire de l’intégrité territoriale du royaume chérifien. C’est dans ce cadre que le roi Mohammed VI a prononcé un discours dans lequel il a présenté l’état d’avancement du Programme de développement des provinces du sud, lancé en novembre 2015. Le souverain chérifien a ainsi choisi de répondre aux parties qui contestent la souveraineté du Maroc sur son Sahara en mettant en avant les moyens engagés, mais également les multiples projets déjà réalisés dans les provinces du sud.
Le dossier du Sahara arrive à une étape cruciale
Pour défendre l’intégrité territoriale de son pays, Mohammed VI a sa propre approche : joindre à l’action politique et diplomatique, la promotion du développement socio-économique et humain de la région. C’est dans ce cadre que s’inscrit le Programme de développement des provinces du Sud, dont la vocation est de stimuler la création d’emplois, assurer un climat propice à l’investissement, pourvoir les infrastructures et les équipements nécessaires.
Sept ans après le lancement de ce programme d’envergure qui a nécessité une enveloppe budgétaire de plus de 77 milliards de dirhams (plus de 7 milliards d’euros), le souverain chérifien a exprimé son satisfecit quant aux résultats atteints. Les projets ne manquent pas pour illustrer le développement de cette région, notamment celui des stations d’énergies solaire et éolienne et le projet de la voie express Tiznit-Dakhla, déjà en phase d’achèvement. S’agissant du méga-projet stratégique du port Dakhla Atlantique, le roi du Maroc a annoncé que « les travaux de construction démarreront prochainement ».
Le souverain chérifien est également revenu sur les avancées réalisées dans le domaine agricole, en rappelant que « plus de 6 000 hectares aménagés à Dakhla et à Boujdour ont été mis à la disposition de jeunes agriculteurs de la région ». Les projets prévus dans les secteurs du phosphate, de l’eau et de l’assainissement affichent quant à eux des taux de réalisation bien avancés. Sur le plan culturel, « la promotion de la langue et de la culture hassanies, inscrites au cœur de l’identité nationale unifiée, ont été soutenues », a indiqué par ailleurs le roi dans son discours.
Mohammed VI a néanmoins exhorté le secteur privé à « maintenir l’engagement qu’il a pris à rehausser le niveau de l’investissement productif dans ces provinces et à mettre plus particulièrement l’accent sur les projets à vocation sociale ».
Alors que le processus de consolidation de la marocanité du Sahara est entré dans une phase cruciale, ce discours royal vient rappeler, encore une fois, que cette question constitue le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international, comme le soulignait Mohammed VI dans son discours du 20 août.
Pour rappel, l’année 2022 a été riche en événements politiques et diplomatiques. En effet, le dossier du Sahara a connu plusieurs développements, dont le ralliement espagnol à la position marocaine. Et à ce jour, 40 % des pays africains ont ouvert des représentations consulaires dans les deux principales villes du Sahara. Cette région compte aujourd’hui 30 consulats généraux, en plus de ceux annoncés et non encore concrétisés, représentant ainsi un appui franc à la marocanité des provinces sahariennes.
Gazoduc Nigeria-Maroc, un pont entre l’Afrique et l’Europe
Mohammed VI a également évoqué longuement le gazoduc Nigeria-Maroc, un projet d’intégration économique de l’Afrique de l’Ouest et de ses 440 millions d’habitants. Et de rappeler les étapes franchies, depuis l’accord signé en décembre 2016, dans la réalisation de ce grand chantier. « Le Mémorandum d’entente signé récemment à Rabat avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et, à Nouakchott avec la Mauritanie et le Sénégal marque un jalon essentiel dans le processus de réalisation du projet », a-t-il affirmé, en soulignant que 15 pays de la CEDEAO sont concernés par cette infrastructure qui, à terme, leur sera une garantie majeure en matière de sécurité énergétique.
Plus qu’un projet bilatéral, le souverain chérifien y voit « un projet structurant promettant d’arrimer l’Afrique et l’Europe ». Ce gazoduc devrait également apporter des solutions à la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui approvisionnait le Maroc depuis l’Algérie. Alors que plusieurs pays, notamment européens, cherchent aujourd’hui à réduire leur dépendance au gaz russe, ce changement de paradigmes annonce le démarrage d’une nouvelle page de l’histoire : le rôle que l’Afrique de l’Ouest pourrait jouer comme pont liant le continent à l’Europe. Pour l’instant, aucun calendrier n’a été donné, mais le roi du Maroc souhaite que le projet aboutisse dans les meilleurs délais.
Par la rédaction