Niger : la France répliquera « de manière immédiate et intraitable » en cas d’attaque, prévient l’Elysée

La France a annoncé suspendre ses aides à la suite du coup d’Etat militaire qui a renversé mercredi le président élu Mohamed Bazoum, au pouvoir depuis 2021. Ce dimanche, Emmanuel Macron hausse le ton alors qu’une manifestation a eu lieu devant l’ambassade de France dont la plaque a été vandalisée et remplacée par des drapeaux russes et nigérien.

La pression s’accroît sur les putschistes au Niger qui détiennent le président élu Mohamed Bazoum: après l’UE, la France a décidé samedi de suspendre ses aides et l’Union africaine (UA) leur a fixé un ultimatum de 15 jours pour rétablir l’ordre constitutionnel.

Mercredi soir, des militaires putchistes ont annoncé à la télévision nationale avoir renversé le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum, au pouvoir depuis 2021.

Dans cette allocution, le colonel-major Amadou Abdramane a annoncé la suspension des institutions et la fermeture des frontières du pays, justifiant le coup d’État par « la dégradation continue de la situation sécuritaire » au Niger.

Suite à ces événements, les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), réunis dimanche à Abuja, ont donné un ultimatum d’une semaine aux putschistes au Niger pour restaurer l’ordre constitutionnel, affirmant ne pas exclure un « recours à la force ».

Aussi, les pays d’Afrique de l’Ouest ont ordonné un blocus écomomique du Niger, décidant la suspension « immédiate » de « toutes les transactions commerciales et financières » avec ce pays, et fixé un ultimatum d’une semaine à la junte pour restaurer l’ordre constitutionnel, affirmant ne pas exclure un « recours à la force ».

Dimanche, la France a également réagi par la voix d’Emmanuel Macron qui « ne tolèrera aucune attaque contre la France et ses intérêts » au Niger et Paris répliquera « de manière immédiate et intraitable », a fait savoir dimanche l’Elysée alors que des milliers de personnes ont manifesté devant l’ambassade de France à Niamey en soutien aux militaires putschistes.

« Quiconque s’attaquerait aux ressortissants, à l’armée, aux diplomates et aux emprises françaises verrait la France répliquer de manière immédiate et intraitable. Le Président de la République ne tolérera aucune attaque contre la France et ses intérêts », a indiqué l’Elysée.

500 à 600 ressortissants français se trouvent actuellement au Niger, selon le Quai d’Orsay. Parmi les entreprises hexagonales présentes, Orano (ex-Areva), spécialisée dans le cycle du combustible nucléaire qui y exploitait depuis 50 ans deux mines d’uranium dans le nord du Niger, la Somaïr (Société des mines de l’Aïr) et la Compagnie des mines d’Akokan (Cominak): cette dernière a fermé en 2021, mais fait l’objet d’un vaste projet de réaménagement.

1.500 soldats français sont également présents dans le pays.

« La France soutient par ailleurs toutes les initiatives régionales » visant à « la restauration de l’ordre constitutionnel » et au retour du président élu Mohamed Bazoum, a ajouté la présidence française.

Le ministère français des Affaires étrangères a, lui aussi, condamné « toute violence contre les emprises diplomatiques dont la sécurité relève de la responsabilité de l’Etat hôte ».

Des milliers de personnes ont manifesté devant l’ambassade de France à Niamey avant d’être dispersées par des grenades lacrymogènes.

Certains manifestants ont voulu entrer dans le bâtiment, d’autres ont arraché la plaque affichant « Ambassade de France au Niger », avant de la piétiner sur le goudron et de la remplacer par des drapeaux russes et nigérien.

Le président séquestré depuis cinq jours

La manifestation avait débuté par une marche en direction de l’Assemblée nationale, la foule brandissant des drapeaux russes et nigériens. Le mouvement civil M62, qui avait déjà protesté contre l’opération Barkhane de l’armée française au Sahel et au Sahara, a lancé l’appel à manifester.

Le président déchu Mohamed Bazoum, élu en 2021, entame sa cinquième journée séquestré dans sa résidence privée au palais présidentiel par sa garde rapprochée, dont le chef, le général Abdourahamane Tiani, préside la junte du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP).

Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger, miné par les attaques de groupes liés à l’Etat islamique et à Al-Qaïda, est le troisième pays de la région à subir un coup d’Etat depuis 2020.

(Avec AFP)

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