Le gouvernement allemand a indiqué que le président russe Vladimir Poutine avait assuré mercredi au chancelier Olaf Scholz que l’Europe pouvait continuer à payer le gaz russe en euros et non en roubles comme ordonné récemment par Moscou. Ces déclarations interviennent alors que la Commission européenne préparait de nouvelles sanctions contre la Russie dont l’ampleur dépendrait de la position de Moscou sur le paiement du gaz russe en roubles.
Ce jeudi, alors que la Banque centrale et le gouvernement russes, ainsi que l’entreprise Gazprom, doivent présenter un nouveau système de paiement en roubles et non plus en euros, comme l’avait exigé la semaine dernière Vladimir Poutine en riposte aux sanctions européennes, le président russe a indiqué au Chancelier allemand Olaf Scholz que le gaz pouvait encore être payé en euros, selon Berlin. Et ce pour le mois d’avril. Selon le porte-parole du gouvernement allemand Steffen Hebestreit Vladimir Poutine a assuré que les paiements de l’Europe le mois prochain « continueraient à être en euros et transférés comme d’habitude sur la Gazprom Bank, qui n’est pas frappée de sanctions », et qu’elle se chargerait de la conversion en roubles.
Passage progressif aux paiements en roubles
Le paiement en roubles ne doit pas désavantager les clients européens, a-t-il dit. Le passage à une facturation en roubles se fera progressivement, a précisé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
« Cette décision ne doit pas mener à une détérioration des conditions des contrats des entreprises européennes qui importent du gaz russe », a fait valoir Vladimir, selon un communiqué du Kremlin résumant l’échange téléphonique avec Olaf Scholz, dont le pays est un grand consommateur d’hydrocarbures russes. Le gaz russe représentait en avant la guerre en Ukraine 55% des importations allemandes.
« On ne parle pas de livrer demain et d’être payé dans la soirée. Non, c’est un processus plus étendu dans le temps, sur le plan technique », a souligné Dmitri Peskov, tout en insistant sur le fait que l’ordre de Vladimir Poutine devait être « appliqué ». Le porte-parole du Kremlin a laissé entendre que d’autres exportations pourraient être concernées par les paiements en roubles.
Bruxelles prépare des sanctions au cas où
Ces déclarations interviennent alors que la Commission européenne prépare, selon Reuters, de nouvelles sanctions contre la Russie dont l’ampleur dépendrait de la position de Moscou sur le paiement du gaz russe en roubles. Le nouvel ensemble de sanctions européennes pourrait être prêt dès la semaine prochaine.
Face à la menace de se faire couper le gaz, l’Allemagne et l’Autriche ont activé un dispositif d’alerte en trois étapes pour gérer au plus près leur approvisionnement. En Allemagne, les réserves de gaz sont remplies à 25%. En Autriche, le niveau des stocks se situe à 13% de la capacité. Berlin, qui se fournissait avant la guerre à plus de 55% auprès de la Russie, a déjà réduit cette part à 40% et multiplie les démarches pour trouver d’autres fournisseurs. Mais l’Allemagne n’envisage pas de pouvoir se passer de gaz russe avant mi-2024 et est fermement opposée à l’embargo immédiat sur les hydrocarbures demandé par le président ukrainien Volodymyr Zelensky et plusieurs pays comme la Pologne.
A défaut d’embargo, Varsovie a demandé mercredi à l’Union européenne d’introduire une taxe sur les importations de gaz, de pétrole et de charbon russes, qui pénaliserait les clients de Moscou.
Renoncer aux livraisons de gaz ou de pétrole en provenance de Russie « du jour au lendemain » reviendrait à « plonger notre pays et toute l’Europe dans la récession », avait averti Olaf Scholz. « Des centaines de milliers d’emplois seraient menacés. Des secteurs industriels entiers seraient en difficulté », avait-il mis en garde.
Pour préparer l’hiver prochain, une loi votée vendredi par le parlement allemand oblige les fournisseurs de gaz à remplir leurs réservoirs progressivement jusqu’à 90% d’ici à décembre.
Source TE