Payer en roubles gaz russe, l’Allemagne déclenche son plan d’urgence

La menace de rupture d’approvisionnement en gaz russe est désormais imminente, estime Berlin. Pour se sevrer du gaz russe, l’Allemagne a besoin de temps, beaucoup plus que pour le pétrole ou le charbon : environ deux ans. Et parce que les nouvelles exigences de Moscou d’un paiement des livraisons en roubles ont été refusées par le G7, le temps pourrait manquer et le ministre allemand de l’Économie Robert Habeck vient d’activer le niveau 1 de son plan d’urgence afin de prendre les premières précautions pour sécuriser l’approvisionnement en gaz de l’Allemagne.

Vendredi dernier, l’Allemagne avait signalé qu’elle se passerait du charbon russe d’ici à l’automne 2022, puis de son pétrole à la fin de cette même année, autrement dit assez rapidement, mais que, s’agissant du gaz, le processus de sevrage serait beaucoup plus lent: pas avant le milieu de l’année… 2024.

En effet, l’Allemagne reste lourdement dépendante des importations de gaz russe qui représentaient avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, 55% de ses importations de gaz et 13,2% de son mix énergétique.

2024, c’est loin… et la réaction de la Russie, face au refus du G7 d’un paiement des livraisons désormais exigé en roubles (et non en euros ou en dollars comme stipulé contractuellement), pourrait prendre de court l’Allemagne.

La menace d’un arrêt imminent des livraisons de gaz russe par Moscou est donc maintenant une éventualité prise très au sérieux par le gouvernement allemand qui a déclenché ce mercredi le premier niveau de son plan d’urgence pour garantir la sécurité de son approvisionnement en gaz naturel. Le ministre de l’Économie Robert Habeck vient de l’indiquer en ces termes  lors d’une conférence de presse ce matin:

« Une cellule de crise est maintenant mise en place au sein du ministère » afin de superviser la situation alors que le G7 a rejeté la demande russe de paiement en roubles, a-t-il expliqué.

Niveau 1 : se préparer « en cas d’escalade de la part de la Russie »

Ce plan d’urgence comprend trois niveaux d’alerte, et, à ce niveau 1, « la sécurité de l’approvisionnement » en gaz reste garantie en Allemagne, a souligné le ministre.

Pour l’instant, a précisé le ministre, les réserves sont remplies à 25% et même si un arrêt des livraisons aurait de « graves conséquences », l’Allemagne « pourra y faire face ».

« Le gaz et le pétrole arrivent actuellement conformément aux commandes » et « la mesure prise aujourd’hui relève de la prévention », a détaillé M. Habeck.

Le quotidien allemand Die Ziet rapporte que Robert Habeck a également déclaré:

« Il n’y a actuellement aucun goulet d’étranglement dans l’approvisionnement. (…) Néanmoins, nous devons multiplier les mesures de précaution afin d’être préparés en cas d’escalade de la part de la Russie. »

Pendant la phase d’alerte précoce, le ministère fédéral de l’Économie et de la Technologie, l’Agence fédérale des réseaux, les exploitants des lignes de transport et les États fédéraux sont en relation quotidiennement et partagent leurs informations, a déclaré Habeck selon Die Ziet.

« L’équipe de crise analyse et évalue la situation de l’approvisionnement afin que – si nécessaire – des mesures supplémentaires puissent être prises pour accroître la sécurité de l’approvisionnement. Le gouvernement fédéral fait tout ce qui est en son pouvoir pour continuer à garantir la sécurité de l’approvisionnement en Allemagne. »

Selon Habeck, l’Agence fédérale des réseaux ne décide qu’au troisième niveau d’alerte, le plus élevé, quelles branches de l’industrie et quelles zones doivent être approvisionnées en énergie en priorité. Commentant l’hypothèse de cette intervention sur le marché, de cette régulation de la distribution et de la priorisation des volumes affectés, le ministre a déclaré:

« Nous n’en sommes pas là et nous ne voulons pas y aller. »

Le paiement en roubles, « violation des contrats de livraison » (Habeck)

Pour rappel, hier mardi, le Kremlin, rejetant les critiques du G7 qui avait qualifié d’inacceptable la demande, a insisté sur son exigence d’un paiement en roubles du gaz russe livré à l’Europe.

« Personne ne va livrer de gaz gratuitement. C’est tout simplement impossible. Et on ne peut le payer qu’en roubles », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Et demain jeudi, le gouvernement russe, la Banque centrale russe et le géant gazier russe Gazprom doivent présenter à Vladimir Poutine un rapport sur la mise en place du système de paiement en roubles.

Aujourd’hui, la réponse du ministre de l’Économie allemand a été très claire, en droite ligne de celle du G7:

« Nous n’allons pas accepter de violation des contrats de livraison », a réitéré mercredi Robert Habeck.

Source TE

Challenges Radio

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