Retraites en France : ce qu’il faut savoir sur le projet du réforme du gouvernement

Le gouvernement s’apprête à dévoiler mardi sa réforme explosive des retraites contre laquelle les syndicats prévoient déjà de manifester, ulcérés par le probable report de l’âge de départ à 64 ans et malgré des mesures d’accompagnement sur l’emploi des seniors ou la pénibilité.

J-1 avant la présentation ce mardi par le gouvernement de sa réforme explosive des retraites, la sixième depuis une trentaine d’années pour répondre au vieillissement de la population et à la dégradation financière de ses caisses. Une réforme contre laquelle les syndicats prévoient déjà de manifester, ulcérés par le probable report de l’âge de départ à 64 ans contre 62 ans aujourd’hui, malgré des mesures d’accompagnement sur l’emploi des seniors ou la pénibilité. Avec cette mesure, l’exécutif espère ainsi réduire les dépenses de 18 à 19 milliards à l’horizon 2030, assez pour éponger un déficit à deux chiffres et financer quelques droits nouveaux comme une hausse des petites pensions.

Allongement de la durée de cotisation

Ce report de l’âge de départ serait associé à une accélération de l’allongement de la durée de cotisation, qui passerait à 43 ans avant l’horizon 2035 fixé par la réforme Touraine en 2014. Le gouvernement serait par ailleurs prêt à relever, lors du débat parlementaire, le minimum retraite à 1.200 euros pour l’ensemble des retraités et non seulement pour les nouveaux entrants. Sur l’emploi des seniors, un index serait mis en place, avec obligation de négocier un accord en cas d’absence de communication sur cet index. Sur la pénibilité, le ministre du Travail Olivier Dussopt assure avoir « répondu » aux syndicats réformistes, évoquant « un suivi médical renforcé » pour les « risques ergonomiques ».

A l’opposé du report de l’âge légal de départ en retraite, les syndicats préconisent de jouer sur l’emploi, les salaires et les cotisations pour combler les déficits à venir. La pierre d’achoppement reste la mesure d’âge. Plus de deux tiers des Français (68%) sont défavorables au report à 64 ans, selon un sondage Ifop-Fiducial.

« Il n’y aura pas de deal avec la CFDT » en cas de report de l’âge légal et « on fera tout pour que le gouvernement recule », avertit son leader Laurent Berger. Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran reconnaît des désaccords sur les « solutions ».

D’autres solutions existent pour les syndicats

Les syndicats font valoir que d’autres sources de financement existent, à commencer par l’emploi. Les projections officielles en attestent : selon que le taux de chômage sera de 4,5% (soit le plein emploi visé par l’exécutif) ou de 7% comme aujourd’hui, le déficit variera de 13,5 à 19,5 milliards à la fin de la décennie. Un meilleur taux d’emploi des seniors permettrait de « traiter une partie du problème », selon le numéro deux de l’Unsa, Dominique Corona. En ajoutant aux 56% des 55-64 ans actuellement en activité « 10% à 15% de seniors supplémentaires qui travaillent, c’est 10 milliards qui rentrent », affirme le leader de la CFTC Cyril Chabanier. Un objectif que la hausse de l’âge légal permettrait d’atteindre mécaniquement mais qui pourrait aussi passer par davantage de formations et une meilleure gestion des fins de carrière, quitte à imposer une « obligation de négocier » dans les entreprises comme le réclame la CFDT. La solution passe également selon eux par les salaires, comme le démontrent les excédents inattendus du système de retraite en 2021 et 2022 : le rebond de l’économie post-Covid, puis la flambée de l’inflation, ont tiré vers le haut les rémunérations, donc dopé les cotisations. Pour gonfler encore la manne, la CGT revendique « l’égalité professionnelle femmes-hommes », tout comme Solidaires qui assure que cela « rapporterait 14 milliards aux caisses de retraites ». A défaut, ou en complément, tous les syndicats défendent une hausse des cotisations patronales. Une hausse « de l’ordre d’un point » rapporterait ainsi 7,5 milliards, selon l’Unsa. La CFTC est même prête à « discuter de la répartition entre le salarié et l’employeur », la même somme pouvant être obtenue en prélevant trois euros de plus à chacun. Certaines organisations lorgnent enfin du côté des exonérations dont bénéficient les entreprises et qui ont fortement réduit les cotisations sur les bas salaires.

Ralliement de LR ?

A défaut de convaincre les syndicats, le gouvernement espère rallier les élus LR, divisés sur cette réforme pourtant proche de ce que vote chaque année le Sénat, à majorité de droite. Un vote LR pourrait éviter le recours au 49.3 pour faire adopter la réforme qui devrait passer par un projet de loi de financement rectificative de la Sécu. Dimanche dans le JDD, le patron de LR Éric Ciotti s’est dit prêt à « voter une réforme juste » et étalée dans le temps, avec un âge de départ relevé à 64 ans en 2032 et un minimum à 1.200 euros y compris pour les retraités actuels. Une position saluée par le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire et le ministre délégué aux Comptes publics, Gabriel Attal.

Le texte sera examiné en Conseil des ministres le 23 janvier mais les syndicats, qui se réunissent mardi soir, envisagent de mobiliser avant, alors qu’à gauche la Nupes tient meeting les 10 et 17 janvier et que LFI manifeste le 21. Le projet de loi doit passer en commission à l’Assemblée nationale à partir du 30 janvier, et dans l’hémicycle le 6 février.

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